Shana passe le long du chemin, puis entre dans le vestibule et pose le panier avec le linge.

(Mon comportement avec Tom n’a pas été raisonnable.)

Elle retire lentement ses chaussures avant de marcher vers la cuisine le visage encore rouge.

(J’éprouve toujours une terrible gêne au sujet de l’organe sexuel des garçons.)

Alors que Shana est perdue dans ses pensées, elle percute légèrement Kenji qui sort de sa chambre. Il l’observe avec calme.

(Shana rougie. Elle a sûrement eu une mauvaise expérience.)

« Quelque chose ne va pas, Shana ? »

« C’est assez bizarre… J’ai discuté avec un garçon qui s’appelle Tom. »

« Je pense savoir d’où vient le problème. Tu as besoin d’en discuter ? »

« Il a commencé à me parler de son manque de confiance et également de son pé… »

« Je peux être une oreille attentive. J’irai aussi parler à Tom, si tu veux. »

« Merci, Kenji ! Je me sens mal de ne pas l’avoir écouté jusqu’au bout. »

« Si tu as besoin de moi, je suis disponible, d’accord. »

« Merci… mais ça va, je crois que je peux gérer. »

(À l’école, on avait des cours là-dessus. Le professeur entrait toujours dans les détails. Je pense que ça m’a un peu traumatisée.)

(Shana ferait une bonne épouse pour Michel.)

« Pas de soucis, et ne te tracasse pas trop, d’accord. »

Kenji se dirige vers les toilettes et Shana vers la cuisine. Les sens de Mizuki reprennent le relais.

*** *** ***

Elle regarde le mannequin face à elle, puis ferme les yeux.

(Non ! Là, j’aurais dû mettre moins de force… Et ici, frapper un peu plus bas.)

Les sens de Mizuki laissent place à ceux de Shana.

*** *** ***

Elle fouille les placards de la cuisine pour rassembler des ingrédients.

(Mizuki serait-elle choquée si je lui disais que Tom reniflait sa culotte ?)

Shana se détend rapidement alors qu’elle commence à cuisiner.

(Mizuki est douée en chant et improvisation de parole. J’ai envie d’essayer aussi.)

Elle se met à chantonner d’une voix timide.

♪Petit œuf, dans la poêle tu cuis lentement et tu crépites tranquillement, pendant que j’écoute ta musique, tout en faisant ma vie, qui, comme toi, est pleine de rebondissements.♪

Même sans sentiment, j’arrive à comprendre les leurs. C’est sûrement l’anomalie dont Naya parlait.

(Je devrais peut-être aborder le sujet ? Mais j’ai promis à Tom de ne rien dire.)

Je me répète peut-être, mais mon manque de contrôle sur mes déplacements vient du fait que j’étais autrefois un Chishiki. Cependant, cela pourrait être dû à ma mort qui date de plusieurs siècles avant ma résurrection. Ou alors, il existe encore un autre facteur que je n’ai pas pris en compte. Il faut que j’y réfléchisse plus en profondeur.

(La cuisson est parfaite ! Je n’ai plus qu’à ajouter la viande de cocin.)

Les sens de Kenji reprennent le relais.

*** *** ***

Il est assis sur le banc à côté de la porte d’entrée et observe Mizuki qui continue son entraînement avec intensité. Une chose me paraît tout de même évidente : je découvre encore ce village et ses habitants que je semble connaître, et j’apprécie cela de plus en plus.

(J’adore quand il regarde mes entraînements.)

« Veux-tu que je m’arrête, Papa ? »

« Continue, Mizuki, je veux juste t’observer. »

Mes perceptions passent sur les sens de Michel.