Prologue : Opération protection

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Mathias

Je lisse ma cravate et m’appuie contre le mur en jetant un œil en direction de l’entrée. Florent me fait un signe de tête me confirmant que tout se passe bien, ce qui me permet d’aviser Erwan à l’autre bout de la salle. Lui observe la foule depuis le recoin de la scène où un DJ passe une musique bien trop bruyante à mon goût.

Je déteste ce genre de prestations. J’ai l’impression de ne servir à rien. Comment gérer une menace, un danger, dans cette foule d’étudiants bourrés en train de danser ? Comment protéger la petite princesse à son Papa, vieux bourge qui balise dès qu’elle fait la fête ?

J’ai monté ma boîte de sécurité il y a plus de deux ans, après avoir quitté l’armée qui n’avait plus la même saveur. J’ai toujours adoré mon job, même si j’en ai vu, des catastrophes, des scènes peu agréables. Je vivais pour l’armée, j’aimais venir en aide aux gens, partir en mission, prendre des risques. Oh, je ne suis pas fou ni suicidaire, je tiens à la vie. Mais j’adore l’adrénaline que m’apportaient les OPEX (Opérations Extérieures). Et ça me manque. Parce que là, clairement, aucun pic de stress, aucune peur, rien d’autre qu’un ennui profond. Mais je reste pro. Toujours. La dernière fois que je ne l’ai pas été… Ça a plutôt mal fini.

Je secoue la tête pour me sortir de ces images et décide de faire le tour de la salle comble, où l’odeur d’alcool se mélange à celle de la sueur, où la chaleur moite en deviendrait presque étouffante. La musique résonne dans ma cage thoracique et mes yeux voguent un peu partout, tentant de ne pas se concentrer sur tous ces culs en mouvements. Trop jeunes, beaucoup trop jeunes, mais clairement bandants. Si je n’étais pas au boulot, peut-être que je me laisserais tenter, surtout que certaines me lancent des œillades très équivoques. Ça fait son effet, le costume. Pourquoi les nanas fantasment-elles sur tous ces trucs ? Le treillis m’a toujours permis de tirer mon coup, et ce costume noir, cette chemise blanche… On dirait des aphrodisiaques. C’est plutôt drôle, en fait, quand on sait qu’au final on finit à poil et à l’horizontale. Et à ce moment-là, les blessures de guerre deviennent soit un sujet de questionnements, soit une source supplémentaire d’excitation. Dans mon cas, il est déjà arrivé que ce soit source de fou-rire pour la dame, et débande immédiate pour mon fidèle compagnon. Ouais, merci la cicatrice sur le cul.

Je me retrouve rapidement avec une nana dans les bras. Une jolie blonde, vingt-quatre, vingt-cinq ans, je dirais, qui “trébuche” étrangement à l’instant où je passe derrière elle. Je les connais, ces manœuvres, je ne suis pas stupide. Mais vu la taille de ses bonnets, je prends le temps de m’arrêter réellement et lui lance un sourire en coin. Oui, moi aussi je sais manœuvrer, si j’en ai envie.

— Ça va, Mademoiselle ? Rien de cassé ? crié-je pour couvrir la musique.

J’en connais une qui me gratifierait d’un bon coup de poing dans l’épaule pour le “mademoiselle”, tiens, et un sourire bien plus naturel étire mes lèvres.

— Oh, désolée, heureusement que vous étiez là ! Mon sauveur ! minaude la petite blonde en s'accrochant à mes bras musclés qu'elle se permet de caresser en se mordillant la lèvre.

Je n’ai même pas besoin de partir à la chasse, c’en est blasant… Je veux bien avoir franchement une belle gueule, merci Maman, être plutôt baraqué, merci l’armée, et en imposer, les nanas sont toutes les mêmes. Elles se pavanent, toutes. L’avantage, c’est que quand j’ai envie, je trouve chaussure à mon pied rapidement. L’inconvénient… C’est que le chasseur ne se satisfait jamais, lui. C’est triste d’être trop beau. Et, ce n’est pas moi qui le dis !

— C’est mon boulot. Ton… copain n’est pas dans les parages ? Je crois que c’est lui qui aurait dû te rattraper.

Récolter des infos. J’ai beau aimer tirer mon coup, je n’interviens pas sur un terrain déjà miné. “Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse”, me disait ma mère quand j’étais gosse. Je suis bien élevé, quand même.

— Je suis venue avec une copine et ce n'est pas avec elle que je veux rentrer, si tu vois ce que je veux dire.

Elle dépose ses lèvres sur ma joue avant de se dégager de mes bras et de s'éloigner en moulinant des fesses qu'elle a bien bombées. Et forcément, je ne suis qu’un homme… J’en profite longuement avant d’aviser l’heure sur mon téléphone. Est-ce que j’ai ma cible pour la nuit ? Possible. Elle est mignonne et n’a pas froid aux yeux, c’est parfait.

Je profite d’avoir sorti mon téléphone pour consulter mes derniers mails pros, non sans zieuter sur la princesse à surveiller de temps à autres, et un sourire fleurit sur mes lèvres en voyant une nouvelle notification arriver. Cela dit, je déchante un peu rapidement.

Salut, Lieutenant Sexy. J’ai besoin que tu ramènes ton popotin dans mon coin pour quelques semaines. Une sombre affaire de menaces et tu sais bien que je n’ai confiance qu’en toi. Promis, le pays paie bien ! Appelle-moi vite, je suis sûre que tu vas adorer revenir ! Tu me manques ♥

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