73. Les bêtises des militaires

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Ysée


Nous sommes tous attablés comme nous le pouvons dans la salle à manger qui n’est clairement pas faite pour autant de monde. C’est un peu du bricolage, mais chacun a trouvé une place et on a même aidé mon frère à remonter pour se joindre à nous. Les Silvaniens ont cette tradition de convivialité inscrite en eux et ils sont les experts pour s’adapter aux conditions ou à leurs invités. Je me suis arrangée pour me retrouver à côté de Mathias et je ne me gêne pas du tout pour le chauffer dès que je peux. J’avoue que j’adore le voir réagir et devenir tout rouge à côté de moi quand je pose ma main sur sa cuisse et la caresse ou quand je me penche pour récupérer une bouteille à côté de lui, m’amusant à frotter ma poitrine contre son corps. Ce que j’apprécie beaucoup, c’est qu’il essaie lui aussi de réagir et ses mains se posent sur moi discrètement dès qu’il le peut. Il est aussi joueur que moi et franchement, c’est terriblement excitant.

— Le poulet est délicieux ! dis-je en français. Qui doit-on féliciter ? Dita ou bien le cuistot français qui est vraiment trop mimi avec son tablier à carreaux ?

— Tu te moques ? me demande Jérémy, un peu gêné.

— Non, du tout, mais je trouve que, pour un blessé, tu as l’air en forme. C’est l’air de la campagne ou bien c’est parce que, comme tout bon français, ça te donne la pêche d’être romantique ? Vous ne ferez pas trop de bruit, ce soir, hein ?

J’adore le faire rougir comme ça. Contrairement à ceux qui me connaissent bien, il n’est pas encore habitué à mon franc parler. La Silvanienne, dont le français est limité, n’a pas tout suivi et je me fais un plaisir de lui traduire ma pensée, ce qui la fait rougir à son tour. On dirait une émission traduite avec un léger différé et les vagues d’émotions passent de l’un à l’autre dès que la compréhension se fait.

— Tu vois, vous êtes déjà raccord pour rougir à l’unisson, c’est un beau départ, ça.

— Tu les mets mal à l’aise, les pauvres, rit Mathias. Tu sais que certaines personnes aiment être discrètes au sujet de leur vie privée ?

— J’espère que tu n’es pas trop du genre discret, toi. J’aime quand les mecs ne sont pas silencieux au lit, dis-je alors qu’il manque de s’étouffer avec son poulet.

— Crois-moi, intervient Sébastien en ricanant, Snow ne connaît pas le silence, et ses partenaires non plus ! Une vraie galère en mission !

— Boucle-la, Seb, marmonne Mathias en le fusillant du regard.

Je suis toute fière de l’effet produit mais ne peut en profiter plus longtemps car le téléphone de Mathias se met à sonner. Tout le monde se tait alors qu’il décroche.

— Snow… Oh, Julia, putain, tu me sauves la vie, là, la conversation risquait de mal tourner… Quoi ? Heu, oui, attends une minute, soupire-t-il en se levant. Je reviens, ne m’attendez pas.

Nous le regardons tous s’éloigner et sortir. A travers la fenêtre, je l’aperçois aller et venir et son air soucieux comme la barre qui se dessine sur son front, ne me disent rien qui vaille. Il a même l’air de s’emporter tandis que nous continuons notre repas en silence. L’atmosphère a perdu en légèreté et quand la porte s’ouvre à nouveau et qu’il réapparaît, nous nous tournons tous vers lui.

— Il y a un souci avec les hélicos ? demande Daryl, sûrement inquiet à l’idée de rester enfermé ici encore plus longtemps.

— Il y a surtout un problème avec la Gitane, ouais, bougonne-t-il sans se réinstaller à table, piétinant dans l’espace réduit de la salle. L’armée va attaquer demain. Première offensive en début de matinée et… il faut qu’on se tienne prêts.

— Prêts à quoi ? l’interroge Daryl alors qu’un froid glacial semble s’être installé dans la pièce.

— A jouer les putains de clowns pour distraire les troupes, parce que, forcément, récupérer des soldats portés disparus alors qu’elle n’était même pas d’accord, ça n’aurait pas été assez, non, faut qu’elle nous envoie au charbon comme de bons petits toutous ! Fait chier, on n’a pas signé pour ça, sérieux. Elle veut qu’on fasse diversion, vous vous rendez compte de la folie que c’est ?

— Distraire les troupes ? Et tu penses à quoi ?

— J’en sais rien, Seb. Un petit feu d’artifice ? Un spectacle à ciel ouvert ? On a des comiques autour de cette table. A ton avis ? grommelle le blond, agacé.

— Et vous allez le faire ? l’interpellé-je, inquiète de ce que cette diversion implique.

— Pas le choix. Ordre de la Présidente. Disons que si Seb et moi on peut refuser, vous, soupire Snow en lançant un regard aux soldats silvaniens, ce n’est pas le cas. Donc, on y va aussi.

— Fait chier, je pensais qu’on ne se battrait plus pour ce putain de pays ! s’emporte Seb. Mais tu as raison, on est une équipe, on ne va pas abandonner les camarades.

— J’en suis aussi, dit Jérémy. Je suis sûr que je peux aider même si je ne fais pas tout…

— T’es sûr de toi ? lui demande Snow avant de soupirer lorsqu’il acquiesce. Bien… L’armée va attaquer en simultané plusieurs campements. De notre côté, il faut qu’on s’occupe de celui qui est le plus proche d’ici, histoire d’affoler tout le monde et de désorganiser les troupes. Possible que ça ne serve à rien, mais… qui ne tente rien n’a rien. Départ à sept heures, soyez prêts.

Il ne prend même pas la peine de se rassoir et je le vois faire un bref salut à tout le monde avant de monter le petit escalier qui va à l’étage et où Dita lui a préparé sa chambre. Clairement, le repas est terminé et tous ceux qui sont hébergés dans d’autres maisons du village s’excusent et partent rapidement, me laissant seule avec Dita et Jérémy. Séb a accompagné mon frère au sous-sol et je commence à faire la vaisselle.

— Laisse, je vais faire ça avec Dita, m’interrompt Jérémy en récupérant mon torchon. Je crois qu’il a besoin de toi, là. Tu devrais aller le retrouver… Et si tu veux, je prends ta place dans la chambre de Dita et toi la mienne dans la sienne…

Je le regarde un instant pour être sûre d’avoir bien compris ce qu’il me dit, mais il se contente de me sourire, sans jugement aucun. Et quand je vois la jolie blonde se coller dans son dos, je me dis que la proposition qu’il me fait est autant bénéfique pour lui que pour moi.

— D’accord, mais ne soyez pas trop bruyants, hein ?

— Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, sourit Jérémy en me faisant signe de déguerpir.

Je souris et m’engage à mon tour dans le petit escalier qui va à l’étage. Je récupère mon sac dans la chambre de Dita puis vais dans celle qu’occupe Mathias où j’entre sans frapper. Il est assis sur le lit, dos à moi, le regard plongé sur le soleil qui se couche à l’horizon. Son profil se dessine avec les ombres que dessine l’astre dans la pièce et je ne peux m’empêcher de le trouver magnifique. Il a l’air à la fois si puissant, si fort, si costaud et si fragile. Je m’approche et m’installe sur le lit pour venir me coller dans son dos. Je passe mes mains autour de son torse et l’embrasse dans le cou, ce qui le fait sursauter et tourner violemment la tête vers moi. J’éclate de rire.

— Jérémy ne te salue pas comme ça quand il te rejoint ? me moqué-je en reprenant mes petits baisers dans son cou et mes caresses sous le haut de son treillis que je déboutonne petit à petit.

— Non, tu devrais lui donner des cours, par contre, c’est plutôt agréable. Qu’est-ce que tu fais là, jolie Ysée ? Le repas est terminé ?

— Tu nous as coupé l’appétit, Mathias. Et tu nous as tous inquiétés… C’est un peu une mission suicide, non ?

— Je ne voulais pas vous inquiéter, soupire-t-il en nouant ses doigts aux miens. Je… Non, ce n’est pas une mission suicide, c’est juste que rien n’est préparé, que tout se fait à la va-vite et que Marina ne me semble pas avoir les idées claires, sur ce coup-là. Ça peut marcher, mais je ne vois pas ce que ça pourrait apporter de plus à leur mission, et ça m’emmerde de risquer la vie des gars de cette façon.

— Tu ne vas pas risquer la tienne, dis-moi ? Je ne pense pas que ça soit utile que je me joigne à vous et je crois qu’il vaut mieux que je reste près de Daryl, mais je n’ai pas envie qu’il t’arrive quelque chose.

— Madame la Ministre, seriez-vous en train de vous inquiéter pour moi ? sourit-il en m’attirant sur ses genoux.

— Je te connais, Monsieur le soldat. Je sais que pour sauver tes hommes, tu es prêt à toutes les folies. Et moi, j’ai en tête d’autres folies que j’aimerais découvrir avec toi. Et pas que ce soir… Mais pour ça, il faut que tu restes raisonnable demain.

Je me colle contre lui et niche mon visage dans son cou, profitant de la rugosité de sa barbe sur ma peau. Je dépose de petits baisers dans sur sa peau et passe mes mains sur son torse, appréciant sa magnifique musculature.

— J’ai toujours aimé les folies, tu sais ? chuchote-t-il en m’enlaçant étroitement. Je ferai attention, mais je crois que tu as bien cerné le personnage, Miss Pas Coincée.

— Ça tombe bien parce que moi, les folies, ça m’excite, lui susurré-je à l’oreille en terminant de lui enlever son haut.

Je n’arrive plus à contrôler mon excitation et prends son visage entre mes mains pour l’embrasser avec une passion et un désir que je ne suis plus habituée à connaître. Comme lorsque nous avons cédé à notre envie en pleine nature, j’ai le sentiment que nous ne maîtrisons plus rien et que nous avons ce besoin quasi animal de nous découvrir et nous unir. Ses mains s’empressent de me dévêtir et je lui laisse prendre l’initiative, mon cœur battant trop fort pour parvenir à me concentrer. Je suis comme une poupée entre ses bras puissants et je m’affiche, impudique, à son regard. Je suis ravie de constater qu’il a le souffle court et qu’il est tout fébrile quand il défait son pantalon pendant que je me caresse tout naturellement. Le plaisir se diffuse depuis mes doigts qui se posent sur mon clitoris jusqu’à l’ensemble de mon corps et, sans pouvoir résister, je me mets à onduler et à gémir doucement alors que son sexe apparait sous mes yeux. Coquine, je le provoque en me léchant les lèvres et il se jette sur moi.

Ses mains trouvent immédiatement mes seins et sa bouche s’empare de la mienne. Je le sens tout dur contre mon intimité et je le saisis entre mes mains pour le caresser, provoquant des premiers grognements de plaisir qui me liquéfient encore plus que je ne l’étais déjà.

— Mathias, j’ai envie de te sentir en moi. Maintenant, soupiré-je alors que son membre tressaute entre mes doigts et que je sens le bout de son gland s'humidifier.

— Tu me demandes la permission maintenant ? C’est nouveau, ça, sourit-il avec arrogance en attrapant sa veste pour sortir une capote d’une de ses poches.

— Je te trouvais un peu trop silencieux à mon goût, le réprimandé-je gentiment. J’aime quand un homme me dit ce qu’il veut et qu’il le fait. Viens, j’ai envie de toi.

J’écarte les jambes et me caresse à nouveau sans le quitter des yeux. J’admire tous ses muscles saillants et surtout son sexe dressé, prêt à venir me faire jouir. Déconcentré, il peine un peu à enfiler le préservatif mais cela ne fait que renforcer l’envie que j’ai de lui.

— Ce que je veux ? Nom de… Je te veux toi, je veux me perdre en toi et t’entendre gémir mon nom et me supplier de te faire jouir, Ysée, souffle Mathias en me surplombant, attrapant mes poignets pour maintenir mes mains au-dessus de ma tête. Et toi, qu’est-ce que tu veux, là, tout de suite ?

— Prends-moi, Mathias. Pénètre-moi. Fais-moi jouir. Ne t’arrête pas tant que nous n’avons pas connu l’orgasme.

— A vos ordres, Madame la Ministre, chuchote-t-il à mon oreille avant de m’envahir d’une poussée franche.

Je ne parviens plus à répondre tellement la sensation est forte. Il est massif et me remplit totalement, mais il parvient à le faire avec une telle douceur que je ne peux retenir un cri de jouissance. Je n’aime pas son petit air satisfait que je discerne alors qu’il a stoppé ses mouvements, le temps que je reprenne un peu mes esprits, et je lui fais savoir en l’attrapant par la nuque pour l’embrasser comme si nos vies en dépendaient.

— Je te jure que tu as intérêt à revenir, parce que c’est trop bon, tout ça, soupiré-je en me mettant à onduler afin de sentir toute sa longueur coulisser en moi.

Je resserre au maximum mon étreinte afin de profiter de chaque sensation et je ne suis pas déçue de la réaction que je provoque chez lui. Il se met à râler doucement et à accélérer le rythme de manière de plus en plus frénétique. Le fait d’être immobilisée sous lui, à sa merci, ne m’empêche cependant pas d’être active. Je l’enserre entre mes jambes et nos bouches ne se quittent plus. Mathias est un amant formidable et son endurance est incroyable, mais je sens qu’il est au bout de ses capacités de résistance. Quand je lui mordille la lèvre plus franchement, Mathias explose dans mon antre qui l’accueille avec un plaisir inégalé jusque là. L’orgasme qui me terrasse à mon tour est terrible et j’ai l’impression de perdre connaissance alors que tout mon corps se tend sous lui.

Quand je reprends un peu mon souffle, Mathias est toujours au fond de moi. Il me caresse doucement les cheveux et me surplombe encore, mais son regard est maintenant rempli d’une tendresse qui fait fondre mon cœur. J’adore et je déteste cette sensation de m’attacher et que mes barrières sont en train de tomber. C’est merveilleux, mais je suis en même temps effrayée de cette fragilité qui est en train de s’installer en moi.

— Si tu veux connaître encore ce petit bonheur, tu as intérêt à survivre et à revenir me faire l’amour, Mathias Snow. Sinon, je vais te retrouver et t’émasculer avant de te torturer jusqu’à ce que tu meures entre mes mains.

— Eh bien, voilà une bonne raison de revenir, rit-il en déposant un léger baiser sur mes lèvres. Tu attendras ton soldat sagement, alors ?

— Moi, être sage ? rigolé-je avant de l’embrasser à nouveau. Jamais de la vie, Soldat !

— Fais gaffe, j’adore donner des fessées et ton joli postérieur me tente un peu trop pour que je me retienne !

— Il faut qu’on soit un peu raisonnables et qu’on dorme, maintenant. Tu dois être en forme demain. Mais quand tu reviendras, qui sait ? Si toi tu es gentil, il se pourrait qu’on explore plein de nouvelles choses, tous les deux.

— Attends, tu proposes d’être sage là ? Toi ? Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait à Ysée ? Tu t’inquiètes vraiment pour moi ? me demande-t-il en se redressant. Il ne faut pas, je sais ce que je fais.

— Chut, Mathias. Dors et prends des forces. Il faut que tu sois en forme demain.

Il me sourit et se lève pour se débarrasser du préservatif. Quand il revient et me serre dans ses bras, je me love contre lui et me dis que j’ai de la chance de connaître un tel bonheur dans les bras de cet homme. Jamais je n’aurais cru autant me rapprocher de lui. J’espère seulement que le destin ne va pas jouer son trouble-fête et mettre fin de manière prématurée à cette histoire qui ne fait que commencer.

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