27. Câlins et confidences sur la terrasse

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Joy

Je rejoins Alken sur sa terrasse en faisant le nœud du bas de mon maillot et le trouve endormi sur son transat, son livre sur la poitrine. Je récupère le bouquin et le dépose au sol avant de m’asseoir sur le rebord de la seconde chaise longue pour me tartiner de crème solaire. Les vacances approchent à grand pas, il ne reste plus qu’une semaine de cours, et il fait très chaud depuis quelques jours. Un réel air de vacances en avance, même si nous n’avons pas encore abordé le mois et demi à venir et ce que nous allons faire.

— On dirait bien que je vous ai épuisé, Monsieur O’Brien, murmuré-je à l’oreille de mon danseur en me penchant sur lui. J’ai besoin de toi…

— Mmm ? grommelle-t-il en ouvrant timidement un œil. C’est l’heure de rentrer ?

— De rentrer où, mon Cœur ? souris-je en promenant mes doigts sur son ventre.

— Oh, désolé, je rêvais qu’on était sur la plage, sourit-il en m’attirant vers lui pour m’embrasser.

Mes lèvres répondent aux siennes et je presse ma poitrine nue contre son torse.

— Est-ce que tu veux bien me mettre de la crème ? En souvenir de Cuba…

— Ah Cuba… Il faudra qu’on y retourne, soupire-t-il en prenant le tube de crème solaire.

Je m’installe dos à lui, entre ses jambes et il passe ses grandes mains que j’aime tant sur ma peau nue, s’attardant plus que de raisons sur mes seins qu’il masse et caresse lentement.

— Un jour, qui sait ! Pour le moment, j’ai déjà du mal à boucler mes mois sans piocher dans les sous gagnés au concours, alors c’est pas pour demain, ris-je.

— Pourquoi tu ne viens pas vivre à la maison ? Tu ferais des économies de loyer au moins, Joy, me dit à nouveau Alken qui insiste de plus en plus régulièrement sur ce point.

— Je te l’ai déjà dit, je ne veux pas vivre à ton crochet, Alken, soupiré-je.

— Oui, je sais, et tu ne veux pas abandonner Théo aussi. Mais quand même, concrètement, tous les deux, vous passez beaucoup de temps ici. Presque plus qu’avec Léon, continue-t-il en mettant de la crème sur mes cuisses, ses mains remontant dangereusement entre mes jambes vers une zone qui me fait frissonner.

— Peut-être, mais ça n’empêche que ce serait bien compliqué. Comment je remplis mes feuilles de renseignements au début de l’année ? Imagine que quelqu’un se rende compte que c’est la même adresse que toi ? Pas dans la merde, la fille…

— Oui, tu as raison, je le sais, il faut juste qu’on patiente encore un peu. Vivement la fin de l’année prochaine qu’on puisse vivre notre amour, sans plus risquer quoi que ce soit.

Effectivement, vivement la fin de l’année prochaine. Mais nous en sommes loin, pour le moment, et je crois qu’une partie de moi veut garder un peu d’indépendance. Même si j’adore être avec Alken et que nous passons effectivement énormément de temps ensemble, avoir mon chez-moi me rassure.

— J’ai trouvé du boulot pour l’été, au fait, soupiré-je, consciente qu’il ne va pas apprécier les choses. Dans le sud…

— Hein ? Tu vas partir dans le sud ? me demande-t-il, surpris. Tu vas faire quoi là-bas ? Moi, j’imaginais qu’on allait se prendre un peu de temps tous les deux… Enfin, je ne sais pas… Je pensais qu’on en parlerait…

— J’ai besoin d’argent, Alken… Je suis désolée, mais je n’ai pas le choix que de bosser pendant mes vacances. Et, là, c’est pour donner des cours de danse dans un camping, pas pour servir des verres dans un bar. Ça va me permettre de rester dans une bonne forme physique… Tout en étant un peu en vacances quand même plutôt qu’enfermée au Nouveau Départ

— Tu crois que ce sera pire ou mieux qu’au bar pour ce qui est des mecs beaux et jeunes qui vont te draguer ? me demande-t-il, soucieux avant de marquer une pause. Tu n’as pas eu assez d’argent avec le concours pour éviter tout ça ?

— Je les garde de côté, même si je tape un peu dedans tous les mois vu que je bosse moins au bar. Tu pourras… Venir me voir dans le sud, si tu veux. Je bosserai pas tous les soirs, et puis on pourrait profiter de mon temps libre pour être tous les deux.

— Oui, je viendrai, c’est sûr. Mais ça ne va pas me suffire de te voir une ou deux soirées. Comment je vais survivre ? J’avais imaginé passer ces deux mois sans te quitter une seconde, sourit-il tristement alors que ses mains continuent à me caresser tendrement.

Je me cale contre lui malgré la chaleur de cet après-midi de juin et pose mes lèvres sur son torse à plusieurs reprises.

— Eh bien… Tu pourrais passer toutes les vacances dans le sud, alors. Enfin, si tu veux. Y a pire comme coin.

— Tu vas dans quel coin ? J’ai la reprise du spectacle prochainement. Cela va quand même pas mal m’occuper, je pense. Au moins les weekends. Je ne sais pas si je vais pouvoir me libérer aussi facilement que ça.

— D’accord, soupiré-je, déçue. Je vais du côté de Biarritz...

— Ah oui, c’est carrément à l’autre bout de la France, ça. Tu n’as pas trouvé plus près ? me demande-t-il en caressant doucement mon dos nu.

— Eh bien, c’est le seul camping qui m’a répondu, ris-je. Enfin, camping, c’est un sacré truc quand même. Ils cherchent d’ailleurs un deuxième danseur, mais Théo ne veut pas s’éloigner de Paris au cas où il y aurait d’autres auditions…

— Il devrait y aller, je trouve. S’il a une audition, il pourra toujours s’absenter, non ? Et moi, ça me rassurerait de le savoir là-bas avec toi. Tu crois qu’on pourrait le convaincre de te rejoindre ?

— Ça te rassurerait ? dis-je en me redressant pour plonger mes yeux dans les siens. Pourquoi, au juste ?

— Pour plusieurs raisons, ma jolie petite danseuse. Déjà parce qu’il est costaud et qu’il pourrait te protéger des vilains plaisantins qui en voudraient à tes fesses, me dit-il en les pinçant gentiment. Ensuite, il pourrait se faire passer pour ton petit ami et comme ça, personne ne te draguerait, parce qu’avec un joli minois comme le tien, tu es irrésistible, ma Chérie.

Il me pince les joues en souriant avant de poursuivre.

— Et enfin, parce que comme ça, tu ne serais pas trop seule là bas, parce que c’est toujours bien d’être avec un ami. Te voilà convaincue ? me demande-t-il en déposant maintenant plein de petits bisous dans mon cou.

— Arrête de me déconcentrer alors que tu sais que je vais monter au créneau, ris-je en le repoussant gentiment avant de l’embrasser rapidement. Je suis aussi et surtout une grande fille, Alken, et une femme amoureuse. Je sais repousser un mec qui me fait des avances comme une grande, je bosse dans un bar. Et je vais m’en faire là-bas, des amis. J’aime bien l’ambiance dans les campings, entre les saisonniers. J’ai déjà fait ce genre de choses, c’est vachement sympa. Alors si l’objectif de convaincre Théo, c’est pour être sûr que je sois sage, c’est pas un bon argument. Je n’ai pas besoin de lui pour ça, mon Cœur.

— N’empêche qu’il est plus costaud que toi, marmonne-t-il sans cesser de me caresser et de me picorer les épaules, les bras, de ses lèvres chaudes. Il faut lui dire aussi que ce serait une belle expérience à valoriser dans ses auditions, mais oui, on ne va pas le forcer s’il ne veut pas. Et comme tu dis, tu es assez maligne pour te défendre, sauf contre les comptables sans nom.

— Ça c’est parce que je n’avais aucune raison, et aucune envie de me défendre, mon bon Monsieur. Tu m’avais tapé dans l'œil, donc forcément… Bon sang, j’ai du mal à me faire à l’idée que Théo passe ses examens la semaine prochaine et qu’il ne sera plus à l’ESD en septembre, soupiré-je en nichant mon nez dans son cou.

— S’il trouve quelque chose pas trop loin, il pourra revenir pour les workshops, tu sais, ces ateliers sur un thème un peu spécialisé, animés par un grand nom de la danse. Il m’a dit qu’il avait auditionné pour un spectacle à Bruxelles et, de ce que j’en sais, il a de grandes chances de l’avoir. Si c’est ça, vous pourrez continuer à vivre en colocation ici. Ce serait bien, non ?

— Oh bon sang, ça m’angoisse tout ça, marmonné-je en me redressant. C’est fou comme l’avenir, c’est flippant. Je suis pas prête pour tout ça. Je veux pas que Théo prenne son envol, et je veux pas stresser dans un an pour trouver du boulot, devoir partir à droite à gauche pour des auditions…

Je ferme les yeux et souffle un coup alors que je sens la main d’Alken caresser mon dos.

— Pardon, ris-je nerveusement. J’ai un coup de flip, là, c’est pas très mature. Tu dois me prendre pour une gamine, des fois, c’est fou.

— Non, jamais, ma Chérie. C’est normal que tu stresses. Tu sais que même à mon âge avancé, je stresse encore ? Bon, j’ai le boulot à l’ESD et ça me permet d’avoir une certaine stabilité, mais je suis toujours à la recherche de spectacles et de shows. C’est ça la vie de danseur, me dit-il doucement en massant mes épaules et mes omoplates toutes tendues.

— Tu sais… Peut-être que ce serait une bonne idée, finalement, dis-je en me tournant vers Alken pour m’embrouiller bêtement dans mes propos. Enfin, c’est pas un “oui” définitif, il faut que j’y réfléchisse encore un peu. Mais si Théo est barré à droite à gauche, autant… Je sais pas… Enfin, si Kenzo est ok, évidemment.

— Tu veux venir vivre ici, c’est ça que tu es en train de me dire ? m’interroge mon beau danseur qui n’a pas tout compris à mon charabia.

— Oui, ris-je. Enfin, peut-être, je sais pas. Bref ! On en reparlera ! Tu veux boire quelque chose ? J’ai soif, moi.

— A part tes paroles, tu veux dire ? Je veux bien un petit jus de raisin, ma Puce.

Il a dû sentir ma gêne et n’insiste pas, ce qui fait officiellement de lui le meilleur amant du monde. Je l’embrasse à nouveau en l’enlaçant et frissonne malgré la chaleur en sentant ses paumes caresser le bas de mon dos.

— Je t’aime, Alken. Même si t’es un petit vieux, souris-je, provocatrice. Mon petit vieux à moi.

— Tu sais que le petit vieux va te donner la fessée, si tu continues à être aussi médisante !

— Peut-être que je n’attends que ça, Monsieur O’Brien, murmuré-je à son oreille avant de me lever. Si mon petit vieux a encore de l’énergie, maintenant qu’il a fait sa sieste, évidemment.

Je lui souris et rentre dans l’appartement en ondulant exagérément des hanches. Y a pas à dire, de l’énergie, il en a à revendre, le petit vieux. Et j’adore bénéficier de cette force inépuisable. Un vrai délice. Il peut bien attendre, ce jus de raisin, il n’y a rien de mieux qu’une nouvelle étreinte passionnée sous la douche pour mieux supporter la chaleur.

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