31. Postérieur, avec ou sans short ?

8 minutes de lecture

Joy

— Joy, faudra que tu m’expliques comment tu as fait pour que le beau gosse du trente-sept te regarde comme ça chaque fois que tu entres dans son champ de vision, rit Hélène, ma collègue, avant de soupirer lourdement. J’ai l’impression que mon mec ne me regarde plus, moi, surtout quand je vois comment lui te dévore des yeux.

Je jette un œil à Alken, installé sur un transat au bord de la piscine alors que nous rangeons les bouées et boudins laissés en désordre par les vacanciers. Je ne sais pas comment je fais, mais moi je suis littéralement sous le charme de ce mec. Il porte un petit short de bain fleuri mettant en valeur sa peau qui prend un peu plus de couleurs chaque jour. Déjà cinq jours qu’il est là et je ne peux m’empêcher de regretter que notre quotidien à Lille ne soit pas si simple. Ici, on fait ce qu’on veut, quand on veut, si on veut. Pas de peur d’être découverts, pas de stress d’être surpris, juste le plaisir d’être ensemble, la fierté de s’afficher main dans la main.

— Je ne fais rien de particulier, souris-je, j’ai de la chance, c’est tout.

— Je peux te poser une question ? poursuit-elle alors que j’acquiesce, me doutant déjà de son interrogation vu son malaise. Il est… Plus âgé que toi, non ?

— Quelle fine observatrice, ris-je. Effectivement, oui, il prendra quarante-et-un ans à la fin du mois.

— Ah oui, quand même. Il ne les fait pas, enfin, je ne trouve pas.

— Crois-moi, il est très en forme !

Je lui fais un clin d'œil, agrémenté d’un sourire jusqu’aux oreilles qui la fait pouffer. Oui, Alken est bien en forme, et quand bien même ce ne serait pas le cas, je crois ne pas connaître de meilleure sensation que celle de me lover contre lui.

— Et la différence d’âge, c’est pas trop compliqué au quotidien ? Enfin, je suis curieuse, excuse-moi, ça ne me regarde pas.

— Il a un fils un peu plus jeune que moi, je crois que c’est ça, le plus compliqué. Pour le reste, Carpe Diem. Je profite, lui aussi, et qui vivra verra. Honnêtement, je ne la ressens pas vraiment quand on est ensemble. Elle pointe le bout de son nez quand une fille curieuse pose la question, souris-je. Ou quand il parle des Beatles ou met du Jazz. Heureusement qu’il ne me parle pas des dinosaures, quoi.

— T’es bête ! se moque-t-elle en jetant un œil derrière moi. Je rêve ou il cherche des excuses pour que tu ailles le voir ?

Je me tourne vers la piscine et constate qu’Alken y est assis au bord, les pieds dans l’eau. Effectivement, il est encore en short et ne respecte pas les règles, pourtant inscrites en gros un peu partout.

— T’as qu’à y aller, toi. Tu vas me le frustrer.

Je dépose malgré tout dans ses bras les brassards que j’avais en main et me dirige vers mon beau danseur.

— Excusez-moi, Monsieur, mais les shorts de bain sont interdits dans l’eau.

— Ah bon, Mademoiselle ? Vous allez me l’enlever alors ? me demande-t-il, coquin.

— Non, je ne suis pas très fan de l’exhibitionnisme, Monsieur, ris-je en m’asseyant à ses côtés. Mais si vous n’avez pas de maillot de bain réglementaire, il va falloir rester en dehors de l’eau.

— Le maillot moule-bite que vous m’avez fait acheter à mon arrivée est sous le short, Mademoiselle. Si ça, c’est pas de l’exhibitionnisme…

— Je confirme, c’est pas l’idéal. Mais… Tu as de beaux atouts, il faut savoir les mettre en avant. Ça va ? Tu ne t’ennuies pas trop ?

— Franchement ? Comment s’ennuyer quand je peux passer mes journées à t’admirer ? Impossible, répond-il en déposant un bisou sur mon épaule.

— M’admirer moi ou mater toutes ces petites nanas en maillot de bain ?

— Quelles nanas ? demande-t-il en ayant vraiment l’air de découvrir que nous ne sommes pas seuls, ce qui me fait rire.

— C’est très flatteur, Monsieur O’Brien, ris-je en déposant un baiser sur sa joue. Allez, je file à mon dernier cours et ensuite on va se balader ?

— Tes désirs sont mes ordres, ma Chérie. Je vais en profiter pour faire quelques longueurs et m’entretenir un peu physiquement.

— Oui, tu as raison, c’est tout à fait nécessaire, Hélène ne bave pas suffisamment sur toi encore.

Je lève les yeux au ciel en souriant et attrape son menton entre mes doigts pour l’embrasser.

— Chasse gardée, j’espère que le message est clair, dis-je en me levant. Et virez-moi ce short, Monsieur, c’est interdit par le règlement.

Alken se lève en riant et l’enlève alors que je lui tourne le dos pour sortir de la piscine. Self-control, parce que j’ai très envie de profiter du spectacle. Je jette tout de même un œil au moment où il plonge dans l’eau. Un show à lui tout seul, et Hélène a l’air d’apprécier.

Alken n’est pas encore au mobil-home lorsque je le regagne après ma séance, et je file prendre une rapide douche. Dommage que mon danseur n’en profite pas avec moi, mais il rentre alors que je suis en train de m’habiller.

— Quel mauvais timing, soupiré-je en boutonnant ma robe entre mes seins. Dix minutes plus tôt et on prenait une douche à deux.

— Il fait chaud, tu devrais peut-être en reprendre une, non ? m’interroge-t-il en me prenant par les hanches.

— Non, ris-je en caressant sa nuque, trop d’eau, c’est mauvais pour la peau, tu sais ?

— Je trouve que ce n’est jamais trop mouillé, moi, rit-il en m’offrant le spectacle de son strip tease sans aucune gêne.

Je le suis jusqu’à la salle de bain et me rince l'œil alors qu’il entre sous la douche. J’en profite pour me brosser les dents et, une fois encore, constate à quel point cette normalité, ce quotidien banal en sa compagnie, m’est agréable et me fait envie. Je crois que je suis finalement prête à passer à l’étape supérieure avec Alken, même si j’ai conscience qu’à Lille ce ne sera pas pareil. J’en ai un peu discuté avec Théo et cette idée me trotte en tête depuis que je suis arrivée ici. Plus le temps passe et plus je me dis qu’il faut profiter de la vie, qu’au final, elle est trop agréable avec lui pour me priver de ça par trouille.

Je regagne la chambre en attendant qu’il ait terminé et récupère mon téléphone en l’entendant vibrer.

— Salut Papa, souris-je en voyant son visage s’afficher. Tu vas bien ? Oh, bonjour Maman.

— Bonjour ma fille ! Oh là là, mais tu es toute bronzée !

— Bonjour Joy. J’espère que tu mets de la crème solaire.

Voilà qui plante le décor et remet bien dans le contexte mon environnement familial, au cas où je l’aurais oublié. Je ne me départis pas de mon sourire et vais fermer la porte de la salle de bain avant de m’installer sur le lit.

— Je suis bronzée, pas cramée, donc oui, je mets de la crème, promis. Vous allez bien ? Que me vaut cet appel ?

— Faut-il une raison pour que j’aie envie de voir ma fille ?

— Non, pas que je sache, Papa. Alors ces vacances en Grèce ?

— C’est superbe, mais pas étonnant, c’est la Grèce. Et toi, le boulot ?

— C’est cool, je m’amuse bien et je bronze. Les gens sont sympas, l’ambiance est bonne.

— Tu aurais mieux fait de faire le stage que je t’ai trouvé à New York, plutôt que d’aller paresser dans ton camping.

— Crois-moi, je suis loin de paresser, je ne compte pas mes heures. Et un stage de classique ne m’intéressait pas, je te l’ai dit et redit.

— Tu sais que c’est dans le classique que l’on apprend toute la technique. Là, tu vas revenir à ton école et tu n’auras rien amélioré du tout ! C’est dommage quand même ! insiste ma mère.

Je me retiens de lever les yeux au ciel ou, pire, de raccrocher. Même à distance, ma mère m’enquiquine avec sa danse classique. Pas étonnant que je fasse un blocage. Je m’apprête à répondre en changeant totalement de sujet quand j’entends la porte de la salle de bain s’ouvrir. Je n’ai pas le temps de faire quoi que ce soit qu’Alken en sort et traverse la chambre en sifflotant. Je plaque mon téléphone sur le lit brusquement et lui balance un coussin avant de lui faire signe de se taire. Il fronce les sourcils, incrédule, avant d’ouvrir grand les yeux en voyant que je relève mon téléphone.

Je crois que le spectacle a été observé par mes parents, si j’en crois leur tête. Ma mère semble outrée alors que mon père est clairement amusé.

— Je vois que tu travailles dur, oui. Tu ne comptes vraiment pas tes heures, Joy, marmonne ma mère.

— J’ai une pause jusqu’à vingt-et-une heures, Maman, soupiré-je en jetant un œil à Alken qui n’ose plus bouger, à poil devant la fenêtre.

— En tous cas, ta pause a l’air d’être agréable, s’amuse mon père. Tu nous le présentes ou ce n’est qu’un amusement ?

Là, je fais beaucoup moins la maligne. Si je leur présente, c’est le scandale assuré. Si je ne le fais pas, je passe pour une fille frivole et j’en entendrai parler pendant les quarante prochaines années avec ma mère.

— C’est plus que de l’amusement, mais j’attends d’être sûre de moi avant de vous présenter autre chose que son popotin, souris-je. Vous en avez déjà largement assez vu, là.

— Tu couches alors que tu n’es pas sûre ? Je ne t’ai pas élevée comme ça, me lance ma mère, toujours outrée.

— Oh Maman, on est au vingt-et-unième siècle, ris-je. Je suis sûre d’une chose : je veux profiter de la vie et danser, tu vois ? Et cet homme est un amusement très sérieux. Je jouis de la vie, au sens propre comme au figuré !

J’aime la provoquer, et la tête qu’elle tire en entendant ma dernière phrase me fait éclater de rire. Je suis une vilaine fille, mais ma mère est une vieille coincée.

— Si vous le voulez bien, j’ai encore quelques heures de pause devant moi et on va aller se promener. Je te promets qu’on ne fait pas que baiser comme des lapins, Maman.

— Comment tu parles, ma fille ! N’importe quoi ! Bref, tu fais ce que tu veux de ta vie. Ne tombe pas enceinte, si tu veux avoir une carrière, surtout. Bonne soirée, Joy.

Je ne réponds pas et raccroche. Ma mère sait appuyer là où ça fait mal, et elle ne manque jamais de me rappeler que si elle n’était pas tombée enceinte de moi, elle aurait eu une belle et grande carrière.

— Il fallait le dire, si tu voulais que je te présente officiellement à mes parents, souris-je en me levant.

— Il fallait le dire si tu voulais que la première chose qu’ils voient de moi, c’était mes fesses ! Non mais, tu es folle, tu imagines s’ils avaient vu mon visage ?

— Eh bien, ma mère t’aurait trouvé canon, puisqu’elle te faisait du charme lorsque tu es venu à la maison. Ça va, ils n’ont vu que ce joli derrière, dis-je en lui pinçant les fesses.

— Je finis de m’habiller et on fait un tour alors ou tu veux juste que je continue à pavaner mon postérieur devant tous les gens que tu connais ? me demande-t-il en souriant.

— Sincèrement, j’hésite lourdement, murmuré-je en le repoussant sur le lit avant de m’installer à califourchon sur lui. Oui, j’hésite vraiment beaucoup.

— N’hésite plus, tu as ton mec nu sous toi et il a envie de te faire l’amour. Le choix est vite fait, non ?

Il me faudra finalement une autre douche, après cette nouvelle étreinte torride en compagnie de l’homme que j’aime. Et tant pis pour la balade, on verra ça plus tard.

Annotations

Vous aimez lire XiscaLB ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0