Max le chien

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   Quand on passe du côté obscur de la force - n’est-ce pas Vador ? - cela finit toujours mal.

    Alors que j’avais fait une pause dans mes recherches, quelqu’un me trouva. A vrai dire, il devait y avoir un message subliminal dans les photos très sombres que je postais à cette période. J’avais toujours eu un attrait pour l’obscurité. Je l’ai toujours. Ce genre de publications fit venir à moi un drôle d’animal.

    Max, l’homme chien, était un italien trentenaire qui parlait un français assez approximatif. Français que j’arrivais parfaitement à comprendre tout de même. Il avait conclu de mes tweets que je devais être un maître parfait pour lui. Comme j’avais pas mal navigué en eaux troubles sur Tumblr, je connaissais un peu de vocabulaire du monde BDSM, et je compris assez vite ce qu’il attendait de moi.

    Le type avait eu peu d’expériences en réel dans ce domaine, mais il avait de gros fantasmes de soumission. Il recherchait un maître gentil qui ne passerait pas son temps à tenter de le brutaliser. La pure violence, même virtuelle, n’était pas sa pâtée.

    Comme j’étais tout de même très novice dans le milieu, il m’aida pour connaître le rituel. Plus que dans toute autre pratique sexuelle, le BDSM me sembla très codifié. 

    Chaque jour, il me contactait dès mon lever, comme un vrai animal qui te réveille pour que tu le sortes. Je devais lui enfiler sa laisse virtuelle via l’envoi d’une photo adéquate. Je poursuivais avec une queue de chien amovible fixée dans son anus qui bougeait lorsqu’il se dandinait.  Ainsi paré, il était prêt à aller faire un tour ou à manger ses croquettes. 

    Mais, le soir venu, ce qu’il préférait, c’était s’occuper de mes chaussures et de mes chaussettes, sales comme il se doit. Je lui envoyais des images de pieds nus ou avec des chaussettes dégoutantes qui faisaient son bonheur. 

    Jusqu’ici tout allait bien. Mais, après, cela devenait carrément glauque. Il attendait de moi que je lui pisse sur le visage et dans la bouche. Je trouvais sans peine les photos évocatrices demandées. Ce genre de fantasme étant très répandu chez les soumis, même en dehors du BDSM.

    Cela s’aggravait ensuite, car il souhaitait procéder à une toilette complète de mes fesses avec sa langue. Fesses qui se devaient d’être sales bien entendu. Je m’acquittais de ma tâche au mieux cherchant sur les sites obscurs les images convenant à la situation. Je trouvai une sorte de lunette de WC qui faisait l’affaire.

     Cependant, nous n’en étions qu’au hors d’oeuvre. Alors, qu’il était déjà passablement excité par tout le rituel déjà accompli, il m’adressait généralement une photo de lui les fesses à l’air. Je savais qu’il était temps de passer au plat de résistance. Après lui avoir ligoté le sexe très serré, je devais l’ensemencer bien profond.

    Mais, ce qui le menait à la jouissance dans la réalité, c’était le moment où je devais lui enfoncer un bras dans le fondement. Il voulait être pénétré au plus profond de son être. Je lui adressais alors des images adéquates dénichées dans les allées sombres de Tumblr. 

    Pour finir, comme j’étais un bon maître, je lui envoyais une image de deux hommes enlacés. Il rêvait de s’endormir à mes côtés apaisé et heureux. 

    Au début, je trouvais cela plutôt enivrant de disposer d’une telle puissance, d’un tel pouvoir sur quelqu'un. Mais, c'était en fait une expérience dans les bas fonds, les tréfonds de l'âme humaine. Où quelqu’un veut être utilisé, avili, nié. Et où quelqu'un d'autre lui donne ce qu'il désire et s'en satisfait à son tour. Le jeu de rôle est à son sommet. Le maître et le soumis.

    Mais, nous n’étions pas là dans du glamour genre « 50 nuances de Grey » . Nous étions dans la pisse, les odeurs fortes et les trucs sales. C’était très surprenant et perturbant. Le plus dérangeant était la volonté de Max de nier son attribut masculin, de le torturer, de l'empêcher de jouir.

    Même si cet homme était touchant dans son genre et que je n’avais pas à juger ses préférences, je me sentais tellement mal après chaque conversation que je décidai d’arrêter. Ce n’était franchement pas mon truc.

    Max le chien me harcela un temps. Je fus obligée de le bloquer sur tous les réseaux pour qu'il abandonne la partie.

    En parallèle, j’entamai une xième version de mon roman sur ma relation avec Peter qui finirait comme les autres en classement vertical. Je coinçais surtout sur la fin. J’aurais voulu un vrai happy end mais, étant donnée l’histoire, ce n’était pas possible. Je songeai plutôt à une fin pleine d’espoir. Du genre, Julia plaquait tout et faisait un voyage en Inde pour se trouver. Ou alors, elle participait à un trekking au Népal et, assise sur le sommet d’une montagne, elle voyait le soleil se lever et décidait de reprendre totalement sa vie en main. Mais, rien ne me satisfaisait. Rien n’était à la hauteur de cette histoire d’amour virtuelle. 

        

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