Après avoir tué mon double numérique

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    Le bonheur est dans la quête elle-même, pas dans sa finalité. Et donc, l’héroïne, moi, Julia, loser des temps numériques, je restais seule face à moi même. Ignorante du futur, pas désespérée, mais pas jubilante non plus. Il ne me restait plus qu’une vie fade qu’une aventure incroyable avait secouée un temps. Avec, peut-être, un peu de fierté de me dire que je l’avais vécue. Que j’avais vibré de brefs instants de part mon audace. 

    Je ne savais rien de plus. Savais-je déjà tout ? Qu’y avait à savoir en réalité ? Que la majorité de ces hommes était d’une insondable banalité. Qu’ils aspiraient seulement à vivre des petites vies bourgeoises, tranquilles, invisibles et conformistes. Comme juste partager leur existence avec un petit ami aimant et se « légumer » avec lui sur le canapé en regardant des émissions de télé-réalité. 

    L’extraordinaire, je l’avais croisé sur la route. Il était ailleurs. A côté. Des jeunes adolescentes en quête d’identité sexuelle, des groupes organisés de femmes de tous pays fans de star du porno gay ou l’histoire si semblable à la mienne de Kitty la « catfisher ». Alors oui, je peux dire que j’avais rencontré des gens qui sortaient de l’ordinaire. Plein d’amour. Loin des râleurs et haters qui peuplent nos contrées numériques. Et que de ce fait, je n’avais pas plus compris qui j’étais mais, j’avais juste constaté que je n’étais pas seule au monde. Certes, un peu singulière, mais en tout cas, ni folle, ni perverse. C’était déjà un grand pas pour avancer dans la vie. 

    Et que dire du net ? Sinon qu’il m’avait permis de vivre cette aventure hors du commun. J’aurais pu connaître ces hommes dans la réalité. Mais, aurais-je pu avoir une telle connexion avec eux ? M’auraient-ils confiés les secrets de leur âme ? Certainement non. J’ai déjà dû écrire quelque part que le net m’avait rendue plus ouverte aux autres, plus en empathie. Cette fois, il m’avait permis de mieux me connaître. De faire un voyage au bout du monde à la recherche de moi-même.

    Au delà de ses exploitants gloutons et toujours plus avides de nos données personnelles, le réseau reste un magnifique outil au service de la connaissance et du rapprochement des peuples. Pour autant qu’on veuille bien s’en donner la peine en pratiquant des langues étrangères. Au final, au delà de quelques particularités culturelles, nous partageons bien plus que ce qui nous sépare. Et rien que ce simple constat me donnait foi en l’homme et le courage de continuer à vivre. 

    Cela aurait pu être la fin de l’histoire. Pleine de bons sentiments et de propos optimistes. Mais, le net est ainsi fait que l’on n’y meurt jamais réellement. Que l’on y ressuscite toujours quelque part. Ailleurs. Dans un autre coin reculé du réseau. Avec un autre avatar. Avec une autre identité pour pouvoir y trouver la réelle. Et cette fois, qui sait, la trouver vraiment.  

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