Renaissance

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« La meilleure façon de réaliser ses rêves est de se réveiller. »

Paul Valery


    Ce ne fut qu’au printemps qu’avec l’envie d’écrire revint l’envie d’exister.

    Autrefois, j’étais une jolie brune. Je fus même plutôt belle et sexy pendant une brève période. Mais, cela faisait bien longtemps que j’avais nié mon corps et ses besoins. Laissant ce dernier à l’abandon, comme en ruines. Il en va ainsi de ceux que le regard d’un être aimant n’embellit plus. 

    Je ne cherchais pas non plus à réaliser les quelques examens de routine ou à me soigner. C’était comme si je n’attendais plus que la mort voire, l’appelais de mes voeux.

    Néanmoins, en avril, je décidai de me re-approprier ce corps si longtemps oublié. Je débutai un régime alimentaire, recommençai à faire un peu de sport et m’offris quelques vêtements. Je repris peu à peu le goût de vivre IRL.

    J’ouvris un nouveau compte Twitter où j’apparaissais en gris (enfin en noir&blanc). A savoir, pas réellement « en clair »  mais, tout de même en un peu moins sombre. Je m’affichais en tant que fille et en tant que « non encartée sexuellement ». Comprenait qui voulait. 

    En parallèle, pour ajouter les actes aux mots, je m’inscrivis sur un site de rencontres destiné aux lesbiennes. Il fallait que j’aille jusqu’au bout de mon attirance pour les femmes. Même si cela m’avait tout l’air de constituer un nouveau parcours de la combattante. Surtout, j’avais peur de devoir tout abandonner en rase campagne. Voire pire, paniquer au moment critique dans la chambre d’une fille.

    J’avais déjà eu des relations lesbiennes dans ma prime adolescence. Mais, à l’époque, j’avais mis ça sur le compte de la nécessaire recherche de la ma sexualité. Après, en grandissant, j’étais devenue une fille sage qui se consacrait exclusivement à ses études. Même si, je rêvais, moi aussi, au prince charmant (qui pour moi devait être forcément un peu gay sur les bords). Par la suite, alors que je commençai à travailler, je croisai un homme gentil et sensible. Je choisis alors, la voie la plus simple, celle qui était la plus acceptable socialement. Je devins son épouse quelques années plus tard, alors qu’il n’y avait déjà plus rien entre nous. Pour lui, je n’étais déjà plus qu’une petite soeur un peu turbulente qui n’aimait pas le sexe. Je me confortais moi-même dans cette idée d’a-sexualité. Je ne le quittai pas, pas plus qu’il ne me quitta.  J’étais une enfant du divorce et l’échec n’était pas dans mon vocabulaire. Nous vivions dans un environnement confortable comme des colocataires. Côte à côte, sans jamais nous enlacer. Mais, je sentais bien qu’il me manquait quelque chose. Bien qu’à l’époque, je ne savais pas vraiment ce que c’était.

    Et un jour, Internet entra dans ma vie. J’y rencontrai des femmes. J’aimais leur parler dans l’anonymat de la toile. Mais, ne sachant pas vraiment comment, je me masquais. Je jouais les petits jeunes désespérés, vaguement artiste. Un profil qui me correspondait mais qui, posé sur un avatar masculin, était plutôt très attirant. Cela en appelait à l’empathie, au côté maternel de certaines. Cette qualité, qui n’était pas forcément féminine mais, qui était répandue chez beaucoup de femmes. J’eus un contact avec une fille de 28 ans qui me fit vibrer. Bien plus tard, j’écrivis le texte « La fille du net » en souvenir d’elle. Tout y est dit. 

 « La fille du net  

    J'avais 18 ans. Je venais d'avoir mon bac S. J'aimais le rock, les rousses et la geek attitude.

    Je la rencontrai au détour d'un commentaire posé sur l'un de ses posts.  Elle aimait mon humour, j'aimais son "klout" (enfin un truc de score qui lui ressemblait).

    Elle était compliquée, malade, coquine, seule et fut rousse.

    Elle avait un avatar de victime, j'avais la tête d'un beau gosse.

    Je voulais la sauver du côté sombre du net. Elle s'y complaisait.

    J'ai croisé bien des pseudos depuis mais, je me souviens encore du sien. Il sonnait comme la rayure d'un diamant sur du verre.

    J’ai lu tant de voix mais, je me rappelle encore la sienne et la douceur du rire de ses émoticones.

    Nos mots se sont croisés, les liens se sont tissés. La complicité virtuelle s'est créée.

    Mais, une plaisanterie de trop plus loin et elle me haïssait.

    Je n'ai rien compris et nul n'a cru mes mots d'excuse dans le vide froid de la toile.

    Au final, je n'étais sans doute pour elle qu'un névrosé trentenaire au bord du divorce.

    Elle n'était pour moi que l'héroïne ambigüe d'un "Tout sur ma mère" à la sauce WEB.

    Quand trop de mensonges et d'imagination tuent la confiance.

    L'amitié dans ce monde ci est aussi solide qu'un souffle de brise.

    Elle s’est évanouie à la vitesse d’un clic. "

 Plus tard, dans mon tour du monde virtuel, je croisai des jeunes filles en recherche d’identité ou de belles artistes bisexuelles.  Toutes me confortaient dans mon attirance. Il était grand temps d’approfondir ce côté de ma personnalité.

    

    


     

 

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