6. La pipe de Papy
La plupart du temps, les souvenirs se perdaient dans les brumes de l'oubli.
Quelques-uns, rattachés à un moment précis, gardaient une acuité précise. Parmi ceux-ci, le préféré de Frankie restait ces soirs où Papy fumait la pipe face aux veillées d'éternité de juin.
Elle se remémorait, le cœur chargé de nostalgie, de ces soirées de peu de mots, de l'odeur à la fois douce et âcre du tabac. Revenait ensuite cette nuit où elle avait demandé à son grand-père si elle pouvait fumer.
Il avait ri, jeté un coup d'œil par-dessus son épaule puis lui avait lancé un regard complice. Elle avait trouvé le goût horrible et Papy avait ri de plus belle.
Quand il s'était éteint, au milieu de tous les objets qu'elle avait emportés, elle avait placé la pipe sur le dessus des affaires.
Parfois, seule sur sa terrasse, ou l'hiver au coin d'un feu, elle retrouvait son Papy dans les volutes bleues du tabac de Virginie.
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