35. La passagère
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Comme à chaque fois où je prenais le train de nuit à travers les Grandes Plaines, le sommeil me fuyait.
Dans les heures sans rivages où la locomotive battait la campagne à une vitesse impossible à déterminer, mon voyage prit une tournure surprenante ; moi qui me pensais sur les rails d’une existence monotone.
Au hasard d’une coursive que j’avais déjà remonté un moment plus tôt, je découvris une jeune femme. Derrière l’impassibilité de son visage, je devinais d’indicibles morcelures. Fuyait-elle vers un avenir à reconstruire ou retournait-elle vers un passé abrasif ?
De l’insomnie, je me pris à espérer que nous puissions partager davantage que nos solitudes respectives.
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