104. Un village sous la neige

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La bourrasque nous surprit alors que nous traversions une vallée entourée de mystérieuses montagnes perdues dans le brouillard. Si les humeurs du ciel avaient viré au blizzard, nous n'aurions jamais aperçu le village à travers le rideau ondoyant de la tourmente.

Hogarth pointa du doigt une forme vague à travers les flocons qui dansaient devant nos yeux.

 " Là-bas, un bâtiment. Une église, on dirait bien.

 - Qui dit église, dit village. Nous ferions bien de nous abriter avant que cet hiver ne nous tue. " ajouta Tully.

Un chemin encombré de congères nous mena jusqu'à cet abri espéré, mais chaque pas nous révélait la vétusté de l'endroit. Ou de son abandon. pensai-je. Hogarth avait vu juste, un édifice religieux se dressait sur notre route et le sentier qui nous y conduisait était celui du cimetière, à en juger par les pierres tombales que nous dépassions. En bien trop grand nombre pour un village perdu comme celui-ci, constatai-je sombrement. Le lieu de culte, lui, ne possédait plus de toit et son clocher laissait passer les ombres grises de la couverture nuageuse. Voilà qui ne présageait rien de bon ; au moins aurions-nous, si la place était déserte, un endroit à l'abri du vent pour nous reposer. Et non affronter la nuit dans l'inconfort d'un pli rocheux ou d'un bosquet humide.

Mais quelle ne fut pas notre surprise quand nous découvrîmes, dans un creux en contrebas de l'église, une bourgade. Vacillante mais immanquable au milieu des aveuglantes rafales, je distinguais une lanterne.

 " Là, une taverne. Peut-être même une auberge. gueulai-je pour couvrir la plainte continue du vent.

 - Bien vu, Mack. Je préfère un taudis à une nuit dans le froid. lança Tully, à mi-chemin entre le ronchonnement et le sarcasme.

 - En espérant qu'il y ait quelqu'un pour s'occuper de nos chevaux. " appuya Hogarth.

Nous descendîmes la butte à moitié en glissant, à moitié en courant. Nous débouchâmes dans une artère presque large. Aux pièces de ferronnerie qui se balançaient devant la majorité des maisons en bois, je compris que nous venions de vraisemblablement arriver dans la rue artisanale. Nous avançâmes jusqu'à la lanterne que j'avais repérée. À la chope inclinée sculptée dans une pièce de bronze, nous sûmes que nous avions trouvé notre refuge pour la longue et glaciale veillée. À boire, à manger, peut-être même un lit pour un peu de repos.

Quand j'entrai en compagnie d'Hogarth, tandis que Tully emmenait nos chevaux à l'écurie attenante, un silence de plomb nous tomba dessus. Tous les visages se tournèrent d'un même mouvement vers nous, les conversations moururent sur les lèvres des hommes qui se réchauffaient là. Tous des vieillards, personne dans nos âges, notai-je. Au regard sombre que lançait mon compagnon, je sus que lui aussi avait remarqué cet étrange détail. Quelque horreur avait lieu ici. Était-ce le hasard ou une funeste destinée qui nous avait mis sur cette route, nous les Trois Capitaines ?

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