Il nous attendait sur un trône au milieu d'une vaste et grandiose salle d'Émeraude. Il voulait nous impressionner tant par sa souveraineté que par sa magnificence, mais toute cette mise en scène suintait de ridicule et d'artificiel. Comme s'il cherchait à nous corrompre par l'or et la jade. Ses mots confirmèrent mes pensées :

 " Capitaines, je vous accueille en mon royaume comme des princes. Rejoignez-moi et vous vous éléverez plus haut qu'aucun mortel n'y soit parvenu.

 - Tu n'as rien d'un monarque. Tu règnes seulement sur un bout de nuit et ton régime de terreur s'arrête ici, ce jour. répliqua Tully.

 - Pauvres fous. C'est l'éternité que je vous propose.

 - Tu nous a envoyés tes guerrières, nous les avons éliminées. Tu as ensuite ordonné à ton champion de nous tuer. Il gît à présent dans son propre sang.

 - Mais vous y avez laissé quelques plumes, Capitaine MacKenzie.

 - Une cicatrice de plus. Rien qui puisse m'abattre.

 - Rejoignez-moi et ces meurtrissures sur votre peau ne seront plus qu'un lointain souvenir. La Harpie sera heureuse de vous accorder sa bénédiction. Au fond de vous-même, vous désirez que les hommes vous craignent à la façon de véritables dieux.

 - Va chier ! " clama Tully avec le plus grand naturel, ce qui nous fit sourire, Hogarth et moi.

Le Prince Rouge se redressa sur son siège, piqué au vif. Il retira son masque d'or. Au-dessus des marques de la perfidie démoniaque, son œil brillait d'une lueur aussi froide que mauvaise. Lentement, il dit :

 " Alors soit, misérables pourceaux, vous avez fait votre choix. "

Il saisit une longue lame courbe qui tenait à la fois du khépesh et de la faucille. Les reflets qui couraient sur le bronze de l'arme étaient les sourires de la mort.

 " Toi aussi, tu as fait ton choix. " répondis-je en dégainant mon daisho.