117. La saison des brumes
À l'aube, seules quelques brumes étiolées subsistaient de la tempête nocturne. Le souvenir de la visite de la Harpie restait, lui, plus prégnant. Hogarth souffla :
" J'ai fait de bien étranges rêves cette nuit.
- Toi aussi ? Et toi, Mack, tu n'as rien à dire à ce sujet ?
- Si, j'ai eu une vision pendant mon tour de garde.
- Qui était-ce ?
- Elle prétendait s'appeler la Harpie. Elle a menacé notre avenir et de s'en prendre à tous ceux que nous aimons.
- Leur farce habituelle. Alors qu'est-ce qui te mine tant, Mack ? sourit Tully.
- Cela finira-t-il un jour ? "
L'Ours se contenta de hausser les épaules en guise de réponse, Hogarth grattait le sol gelé du bout de sa botte. Je savais ma question sans réponses. Je lançai :
" Je vais voir si le chemin jusque dans la vallée est dégagé. "
Et je sortis de la grotte. Je marchai jusqu'au promontoire, mon esprit rejouant les mots de mes compagnons. Une fois de plus, nous avions combattu et vaincu des démons. Et ceux que nous n'avions pas pu atteindre s'étaient enfuis en proférant de sombres intimidations, leur sempiternelle rengaine haineuse. Il me brûlait de savoir si cette expédition dans les montagnes de Ponitrie apporterait une pierre à l'édifice à la mission qui nous incombait en notre qualité de Capitaines de la Garde Royale. Avions-nous ne serait-ce qu'un peu soulagé le monde ?
Ce matin-là, je ressentis toute l'épaisseur des brumes logées dans ma poitrine, comme un interminable hiver.
Quand je revins à la caverne, un feu couvait. Hogarth préparait du thé après qu'il eut trouvé quelques branches raisonnablement sèches dans un tas de bois non loin de notre abri.
Dans la guerre, chaque réconfort était bon à prendre et la tasse chaude tendue par un frère valait tout l'or du monde.
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