121. L’heure des comptes
Ce soir-là, nous campâmes dans les cœurs d'un épais bosquet et d'une forêt bruissante de mille bruits furtifs et apaisants. Rien de démoniaque, seulement la vie nocturne classique des habitants des fourrés.
Hogarth chassa deux lapins et une perdrix, je ramassai quelques champignons pendant que Tully préparait du thé sur le feu de camp qu'il avait allumé. Une nuit de plus à vivre de nourriture glanée et d'amitié franche.
Il était l'heure des comptes. Des tréfonds de sa besace, Hogarth sortit sa plume et son flacon d'encre noire. À la lueur dansante des flammes, nous allions graver dans notre peau le nombre de démons tués par chacun d'entre nous. Tully remonta sa manche, nous rîmes quand il essaya une fois de plus de tricher. Éclats ternis pour ma part par la sensation que nous comptions nos victoires et non les morts qui émaillaient notre parcours. Comme un voile de discrétion sur l'horreur.
FIN
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