129. Sous l'œil de Pégase
Ce soir-là, Emily n'eut pas à insister pour nous emmener dans le jardin et nous montrer ce qu'elle avait appris des étoiles.
Comme à son habitude, elle s'enfonça pieds nus dans les herbes hautes, au grand dam de Beatrice. Ma petite amazone, pensai-je.
Fière, elle nous montra la Grande Ourse, comment trouver sa fille, le Dragon qui serpentait entre les deux plantigrades aux longues queues. Puis le Bouvier, le Cygne. Au sud-ouest, le Scorpion plongeait dans l'océan.
Son tour fini, elle se tourna vers moi et lança :
" Et toi, Papa, tu connais d'autres constellations ?
- Quelques-unes.
- Quoi, par exemple ?
- Regarde par ici, à l'Est. Tu vois le grand carré ?
- Euh... oui !
- C'est Pégase. Tu vois l'étoile qui forme le coin gauche ?
- Oui.
- C'est l'œil de Pégase. Mais c'est aussi une étoile qui est commune à la constellation d'Andromède. Ensuite tu suis les deux astres les plus brillants dans le coin et tu remontes de deux étoiles. Si tu as un peu de chance, tu peux apercevoir une minuscule tache floue. Mais tu la vois mieux en regardant légèrement de côté.
- Hmmm... Je crois que je distingue quelque chose. On dirait de la fumée de cigarette. répondit-elle en plissant des yeux dans l'obscurité.
- Et bien, c'est la galaxie d'Andromède. L'objet le plus lointain que tu puisses sans instrument.
- Sans instrument ?
- Sans jumelles ni même un télescope. Mais c'est aussi la galaxie la plus proche de nous.
- Waaaah ! "
Elle resta un bon moment les yeux plantés dans le ciel. Quant à moi, j'étais incapable de dire ce qui me ravissait le plus, son petit cri impressionné ou sa longue contemplation appliquée. Peut-être cette lueur naissante dans ses yeux d'une soif de connaissances.
Annotations
Versions