133. Mille et un diamants
Ce matin-là, les premières brumes envahissaient le coteau. Je descendis quand même jusqu'au rivage dans l'espoir d'une trouée dans la grisaille.
Une imperceptible brise courait en friselis ombreux sur le lac et dans le silence d'argent, je percevais les échos de cet après-midi révolu. Le dernier que nous avions passé tous ensemble en point d'orgue de cet été gravé dans ma mémoire.
Le lendemain, Enzo et Francesca repartaient à Milan, Giampiero s'apprêtait à rejoindre son régiment à Côme deux jours plus tard. Magdalena soupirait son envie de fuir à Rome avec son amoureux. Davide et moi restions dans la région qui nous avait vus naître ; lui à la ferme de son père, moi dans l'épicerie familiale.
L'été avait-il brillé plus fort parce qu'il était le dernier où nous n'avions pas à nous soucier du lendemain ? Sans le pecevoir vraiment, nous étions tous pris dans un courant différent et la vie allait se charger de nous séparer.
Mille diamants scintillaient à la surface de l'eau ce jour-là et l'un d'eux s'était lové dans ma poitrine. Lucia finalisait les préparatifs de son voyage à travers l'Europe.
Hier, j'ai reçu une carte postale qu'elle m'a écrite depuis Prague. Elle me disait qu'elle comptait y rester une semaine. Serais-je assez fou ?
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