161. Zephaniah
Couraient les bandes d'étain au-dessus de la baie, soufflaient les vents froids annonciateurs de l'hiver. Se teintaient de nuances fumées, ocres la nature hier encore si flamboyante. Par-delà l'horizon, bourdonnaient les rumeurs de la guerre.
En ce dimanche matin, comme à son habitude, Zephaniah se rendait à la messe. Une fois de plus, elle était plongée dans la lecture d'un roman. Cette fois-ci, épistolaire. Trois jours, elle avait reçu une lettre du Capitaine Buckhurst, l'un des aides de camp de son père, le Général. Peut-être avait-il indiscrètement lu la correspondance qu'elle entretenait avec son père.
Mais, plutôt que de répondre à la cour de ce jeune officier entreprenant, une idée émergea de son esprit aussi farouche qu'imaginatif.
Quelle solitude terrible devaient éprouver les hommes sur la ligne de front. Combien ne recevaient aucune nouvelle de leur famille ? N'était-ce pas là une façon de soutenir l'effort de guerre en apportant un peu de légèreté, de douceur à tous ces soldats ? Et par la même occasion de s'affranchir du carcan social strict de la Nouvelle-Angleterre ?
Perdue dans ses réflexions, elle rata l'entrée de l'église.
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