189. À la croisée des laisses
Seth promenait Rodney pendant sa pause de midi.
Deirdre ne prenait jamais le taxi quand Brownie l'accompagnait au travail.
Il descendit comme à son habitude au parc en bas de chez lui.
Elle décida, une fois n'était pas coutume, de couper par les allées arborescentes.
Pendant sa promenade quotidienne, Seth s'imaginait photographe naturaliste.
Deirdre, pressée par le temps, textotait, gérait son planning.
La tête dans les nuages, sa marche fut interrompue par un coup sec.
Elle répondait à son patron lorsqu'une secousse la figea dans sa progression.
Rodney dansait autour d'une petite chienne blanche, élégante demoiselle.
Brownie, d'ordinaire farouche, se laissait séduire par un roquet affable.
Seth se précipita pour démêler les laisses entravées, se confondit en excuses.
Deirdre commença à s'agacer, mais elle sourit devant l'innocence du jeune homme.
Eux aussi entrèrent dans la danse pour dénouer les liens.
Devant cet éclat merveilleux, Seth osa :
" Est-ce que je peux me faire pardonner en vous offrant un café ? "
Sous l'averse de feuilles automnales, deux cœurs se mirent à battre à l'unisson.

Annotations
Versions