222. Le vestibule
Des pièces de la maison, le vestibule est celle que j'aime le moins.
Papy Merrill a laissé le temps travailler sur le blanc des murs. C'est comme se retrouver à l'intérieur de la cabine d'un bateau, ou dans une capsule hors du temps. Mamie Estelle a trouvé le vieux canapé dans une brocante et je laisse souvent mes jouets là pour qu'ils attendent mon retour de l'école.
Sur le guéridon, sous la vieille lampe, il y a un portrait de l'oncle de Papa, Michael. Il pose dans son uniforme d'apparât, juste avant qu'il ne s'envole pour l'Angleterre en vue du Débarquement en juin 44. Chaque jour, Mamie Estelle vient épousseter le cadre et sourit à son fils qui n'est jamais revenu de Normandie.
La guerre, Papa l'a faite aussi. Au Vietnam. J'aimerais lui poser plein de questions sur ce qu'il a vécu là-bas, mais Maman me dit que ce n'est peut-être pas très sage de réveiller ces vieux souvenirs. Je ne comprends pas trop ce que ça signifie, mais je n'ai pas besoin de tout comprendre pour aimer et rire avec mon Papa.
Sur les murs, il y a des portraits que je ne connais pas. Est-ce que ce sont des gens de notre famille ou les représentations d'inconnus que Mamie Estelle a chiné ?
C'est étrange comme une pièce figée dans l'Histoire soulève comme pensées. Mais ne nous arrêtons pas là et avançons plus loin.

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