À l'autre bout du couloir, dorment mes grands-parents.

Papy Merrill l'appelle leur petit nid d'amour, Mamie Estelle m'explique jamais une dispute n'a franchi le seuil de cette pièce. Qu'ils se sont parfois couchés en colère l'un contre l'autre, mais qu'au matin, la magie de la nuit avait opéré et qu'ils étaient heureux de se retrouver. Le bonheur tient souvent à l'abrasion des ondes négatives.

L'autre jour, je jouais dans ma chambre quand j'ai entendu un bruit sourd. Je me suis précipitée dans leur chambre. Mamie Estelle était tombée en faisant le ménage. Quand j'ai voulu alerter Papa, Mamie m'a attrapé le bras :

 " Ce n'est la peine de déranger ton papa pour si peu, ma puce. Tu sais, je suis vieille maintenant et je n'ai plus mes jambes de vingt ans. Il m'arrive parfois de tomber, mais je ne me fais pas mal.

 - Papa sera fâché.

 - Je lui en parlerai, ma puce. Viens boire un verre de lait avec moi et ensuite, nous demanderons à Papy Merrill de nous ramasser des légumes pour midi. Qu'est-ce que tu voudrais manger ? "

J'hésitais, mal à l'aise à l'idée de cacher quelque chose à Papa. Peut-être n'était-ce rien, peut-être était-ce grave, mais j'ai respecté le vœu de silence de ma grand-mère.

Et, pour la première fois, ni le lait chaud ni le cookie ne me firent oublier le poids du secret.