244. L'homme sur la plage
Quand j'aperçus Finney, assis sur une chaise de camping, les pieds dans l'eau, depuis le sommet du chemin qui descendait vers la mer, je me rappelais qu'il n'avait jamais, durant sa carrière londonienne, cessé de nous vanter le Sud de cette France si chère à ses yeux.
Il nous racontait avec passion la douceur du climat méditerranéen, les belles plages adossées à la montagne, l'arrière-pays sauvage où il était facile de disparaître. Les jolies filles et le vin dont il aimait s'enivrer. Et nous avions bu ses paroles jusqu'à l'écœurement.
Lorsqu'il décida de nous balancer à Scotland Yard en échange de sa liberté, nous sûmes où nous le retrouverions à coup sûr. J'écopai de cinq ans et d'autant d'années pour fomenter notre vengeance.
Sur le sable qui luisait des couleurs du soleil couchant, je prononçai :
" Hey, Finney !
- Nom de Dieu, Kincaid ! Il fallait que ce soit toi. Tu me laisserais le temps d'une dernière lampée ? demanda-t-il en levant sa liqueur rubis.
- Pour sûr. "
La plage était vide, en dehors de nous deux. Il vida son verre, moi mon chargeur.
Quand je repartis, sa tête s'inclinait fortement sur son épaule, les vagues se mouillaient de rouge.

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