252. L'œil d'outre-monde

Une minute de lecture

J'en étais à la moitié des nouvelles du soir, de mon verre de whisky et de mon cigare quand le téléphone sonna. La ligne bourdonnait, grésillait comme lors des violentes tempêtes :

 " Allô ?

 - Phil... ps !

 - Howard, c'est vous ?

 - ... moi, oui !

 - Parlez plus fort, mon vieux. Je ne vous entends pas à cause de l'orage.

 - Il n'y... pas d'... rage. ... sont eux. Je... l'avais dit. Ils sont... chaos ! "

La communication se coupa. J'appuyai plusieurs fois sur la fourche, mais rien n'y fit. J'essayais en vain de rappeler Howard. L'opératrice AT&T que je joignis m'avertit qu'aucun appel ne passait plus, depuis quelques minutes, au nord de Portland. Je raccrochai.

En contournant Boston et en traversant la Kennebec river à Bath, il me faudrait quatre heures pour rejoindre la côte déchirée d'Owls Head. Un peu moins avec un peu de chance.

Liz se tenait dans l'embrasure de la porte de la cuisine, froissant son tablier. Elle dit :

 " Que se passe-t-il, Charles ?

 - C'était Howard. Je crois qu'il a besoin d'aide.

 - Tu comptes y retourner ?

 - Dès ce soir. Il le faut.

 - Cette idée ne me ravit pas, Charles. Je te demanderai d'être prudent.

 - Je prendrai le revolver si ça peut te rassurer. Tu veux bien me préparer du café pour le trajet ? "

Dans notre chambre à coucher, je mis quelques affaires de rechange, mon .38 et, après une vague hésitation, ma vieille Bible.

Jamais auparavant, la route ne m'avait paru aussi longue et la nuit aussi impénétrable. Quelque part au nord d'Edgecomb, je pilai tout à coup sur la route déserte, renversant mon gobelet d'arabica. Par-dessus la frondaison des sapins, un œil gigantesque m'observait.

Ce vieux fou d'Howard avait donc raison et je m'étais montré trop stupide ou borné pour remarquer les signes qu'il avait vus. Mon arme et ma Bible ne nous seraient d'aucun secours. Et je me demandais ce qui viendrait à bout de Ceux qui masquaient les étoiles.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Shephard69100 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0