255. Abnoba

2 minutes de lecture

Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis notre départ du village sans nom, celui où le brave Šulc nous avait mis sur la piste de la Harpie.

Nous subsistions de ce que la fin de l'automne nous offrait, mais l'aube, sur cette lande grise et désolée, nous offrait de moins en moins de gibier. L'estomac vide, Hogarth maugréait :

 " L'hiver vient et cette terre est aride. Nous ferions mieux de nous mettre en route vers Midi-Terre pour finir l'année.

 - Toi, tu as envie de rendre visite à ta Dame aux Citronniers. se moqua Tully.

 - Nous pourrions passer la morte-saison dans une contrée hospitalière et non dans cette fange. Et toi, Mack, tu en penses quoi ?

 - La nuit porte conseil et nous n'allons pas chevaucher dans cette obscurité. Trouvons un refuge pour la nuit. Et nous palabrerons sur la direction à suivre.

 - Ça me convient. opina Hogarth.

 - À moi aussi. " renchérit Tully.

Sur les rives d'un ruisseau bordé de bouleaux, nous trouvâmes une modeste cabane. En approchant, je remarquai une forme rouge peinte sur la porte de la masure.

 " C'est quoi, ce dessin ? " demanda Hogarth.

Les lignes d'un rouge de sang représentaient une femme coiffée de bois. Son visage était une spirale, elle portait une longue robe de motifs tribaux et, dans ses mains, un bouclier et une petite massue ou quelque chose qui ressemblait à la baguette d'un tambour.

 " Qui est cette femme ? Une divinité locale ?

 - Je crois, Tully, que c'est la déesse Abnoba.

 - La chasseresse ? Celle qui protège le Schwarz-Wald ?

 - Elle-même.

 - Mais pourquoi la peindre grossièrement ?

 - Peut-être pour prévenir les voyageurs comme nous que la nourriture se fait rare en ces contrées.

 - Hogarth, tu veux toujours filer au Sud ?

 - Mettons-nous à l'abri, mais il m'est avis que nous aurons bientôt un mystère à résoudre.

 - Un de plus. " soupira Tully.

Inoccupée depuis l'été au vu des couvertures pliées dans une armoire et du tas de bois sec entreposé dans un appentis, la cabane nous accueillerait pour une nuitée. Tully dénicha des conserves de légumes. Je décrochai l'une des cannes à pêche de son ratelier et la préparai.

 " Espérons que le lac sera plus généreux que nos chasses. "

Je m'accroupis parmi les roseaux et fis corps avec la nuit solitaire. Par la porte ouverte de notre refuge, la lueur d'un feu de cheminée naquit, s'éleva. Je tendais une oreille vers l'obscurité. Quelle folie avait cours ici ? Quels démons louvoyaient sous la surface des évènements ?

Depuis un point perdu dans les ténèbres, un hibou ulula.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Shephard69100 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0