Boucler les valises 

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Assise sur mon énorme valise, je tente tant bien que mal de la fermer. Mon énorme ventre de femme enceinte de huit mois ne m'aide pas vraiment.

Je sautille sur place, espérant que la fermeture éclair du bagage glisse aussi facilement qu'une patineuse sur une piste de glace, mais cela me semble beaucoup plus compliqué.

- Veux-tu que je t'aide ma chérie? Me demande ma mère.

Appuyée contre le mur de la porte de la chambre, elle me regarde, tasse de chocolat chaud dans les mains, m'évertuer à fermer cette satanée valise. Ses yeux bleus sont rivés tour à tour sur l'énorme valise puis sur mon gros ventre tendu.

Une ride se forme sur son front. Elle s'inquiète toujours pour moi depuis mon célibat précipité.

J'ai élu domicile depuis deux mois chez mes parents, dans Lille centre.

Avant, je vivais sur la côte d'Opale avec mon fiancé, le très courageux Oscar.

Mais ce dernier a préféré mettre toute sa témérité de côté lorsque je l'ai informé, il y a deux mois, de mon magnifique déni de grossesse.

J'ai eu le droit à : "ce n'est pas le mien" ou "tu me l'as caché" ou encore "tu l'as fait exprès".

Tout cela m'a montré la sollicitude qu'il avait envers moi ainsi que toute l'intelligence dont il peut faire preuve, lors de cet évènement imprévu.

Avocat branché et très compétent dans un cabinet en droit des affaires, je l'ai rencontré lorsque j'avais vingt cinq ans. Alors qu'il tentait d'attraper quelque chose sur l'étagère de l'épicerie bio que je gère, il avait fait tomber tous les paquets contenant le sucre muscovado. Les sachets, parfois éventrés, laissaient échapper leur contenant, ce qui rendait le sol glissant. Nous avions passé une bonne partie de la soirée à tout nettoyer. Il en avait profité pour me poser des questions et de fil en aiguille nous avions sympathisé. Nous nous étions revus plusieurs fois et c'est finalement lui qui avait fait le premier pas.

Ma mère me tend la tasse qu'elle tient dans les mains. Ses longs doigts aux ongles manucurés viennent caresser la peau de mon visage.

Elle est coquette ma mère. Elle n'arrête pas de me dire qu'à mon âge elle m'avait déjà, qu'elle n'avait pris que cinq kilos durant sa grossesse. Mais à en juger les photos de son album, elle me paraissait bien en chair à l'époque, elle aime en rajouter. Mes parents m'ont accueillie les bras ouverts lorsque je leur ai expliqué la situation. Enfin mon père oui , ma mère un peu moins.

De « quel charmant garçon » au début de notre relation, cela s'est transformé en « je le savais, il ne m'a jamais inspiré confiance ».

Mon père a aménagé ma chambre, pour l'arrivée du bébé. Je ne sais pas si c'est une fille ou un garçon, compte tenu que cet enfant a décidé de se cacher. Il a sûrement déjà honte de ce que son père nous a fait.

La plupart du temps, je suis à l'épicerie et je ne rentre que pour dormir, me laver et me nourrir.

- Tu penses que cela est raisonnable de partir dans ton état ?

Elle grimace en me scrutant de la tête aux pieds. Elle tourne toujours autour du pot et cela a le don de m'exaspérer.

- On en a déjà discuté maman.

Je me tourne vers mon miroir. Bon, il est vrai que je ne ressemble à rien, avec mon ventre de dix kilos, car oui je n'ai pris que dix kilos, enfin c'est ce que je fais croire à mon gynécologue à chaque rendez vous. Mais entre nous, je peux au moins en rajouter six.

Je me regarde affublée d'une robe pull en laine torsadée, de collants noirs en cachemire, de bottines à lacets et d'un gros chignon décoiffé, que j'ai tenté de dompter sur ma tête auburn. Je n'y peux rien, mes cheveux ont poussé à toute vitesse.

« Les hormones » me dit ma mère.

De grands cernes encadrent mes jolis yeux bleus. J'ai vraiment l'air au bout de ma vie. Mais je suis déterminée à passer quinze jours de vacances dans ce domaine dans les Vosges. Tout y est compris, les nuits à l'hôtel, les repas, les activités. J'ai regardé la brochure, il y a : piscine, sauna, hammam , séances bien-être, yoga , remise en forme, cours de diététique. Enfin, tout ce que je ne fais pas en temps normal. Car, croyez moi si je faisais toutes ces activités, je ne serais pas accoutrée de mes neuf à dix kilos (pas plus) en trop.

Il avait pensé à tout Oscar, et cela a dû lui coûter les yeux de la tête. Mais pas de chance pour lui, il a réservé à l'époque en entrant mon adresse mail. J'ai donc reçu les réservations et j'ai bien évidemment changé tous mes mots de passe : de « Salomé1992 », j'ai mis « tuesungroscon ». Il ne trouvera jamais.

Je vide d'un trait le chocolat chaud au lait végétal, car depuis ma grossesse, j'ai développé une sorte d'intolérance au lactose. Le liquide brûlant dans mon œsophage me fait tousser comme une dératée, les jambes croisées pour ne pas m'uriner dessus. Et oui! Les joies de la grossesse. Quinze pipis la nuit, éternuement et toux à proscrire, sinon tu es bonne à t'uriner dessus.

- Salomé chérie, les hormones te ramollissent le cerveau.

Elle lève les yeux au ciel et secoue la tête comme une princesse. Elle a le don de m'énerver par moment.

-Ton père t'attend près de la voiture, donne moi ta valise , je ne voudrais pas que tu accouches sur la moquette de ta chambre.

Signification : je risquerais de tacher la jolie moquette , c'est plus important que de voir sa fille en train d'expulser un obus de trois kilos, en dehors d'une clinique privée avec le dernier matériel au top qui existe.

Je mets ma doudoune, mon bonnet, ma grosse écharpe en cachemire et je descends les escaliers de ma superbe démarche de pingouin. Je pourrais même auditionner pour la marche de l'empereur numéro deux.

En ni une ni deux, mon père installe la valise dans le coffre, m'ouvre la portière telle une reine, s'assure que je suis bien installée et démarre. J'ai juste le temps d'agiter la main vers ma mère en guise d'au revoir. Il n'y a jamais eu d'embrassades ni de signes d'affection entre nous deux. Ce n'est pas une relation mère-fille très ordinaire. Lorsque j'étais petite, elle avait parfois des mots durs qu'une mère dit rarement à son enfant : « Ne te tiens pas comme ça tu seras bossue avant l'âge et personne ne voudra de toi », « ne te ronge pas les ongles, déjà que tes doigts ressemblent à d'étranges baguettes de bois », « tu devrais maquiller ton visage cela cacherait tes vilains cernes ». Bon, j'avoue, la dernière aurait pu passer crème si elle n'avait pas été dite à une enfant de dix ans.

Elle n'a pas tellement accepté ma rupture avec Oscar. Pour elle, j'aurais dû faire face, j'aurais dû le retenir. Il m'a quand même éjecté de l'appartement avec mes valises tout en m'insultant de « sale traînée ».

Je me suis retrouvée le jour d'Halloween à arpenter les rues à la recherche de la gare la plus proche, traînant une valise de quinze kilos et avec un ventre qui grossissait de minutes en minutes, l'échographie à la main et pleurant toutes les larmes de mon corps.

Avec mon père c'est différent. Il m'a accueillie les bras ouverts. Il me bichonne et est aux petits soins avec moi. Cela a toujours été comme ça. Et je sais que ça agace ma mère. Elle n'arrête pas de lui faire des réflexions. Il me pose une bouillotte sous la couette tous les soirs et le matin j'ai le droit à mon chocolat chaud dans ma tasse Mickey. Il l'a gardé tout ce temps. Elle vient de Disneyland Paris, je me souviens du jour où il est sorti du magasin avec la tasse, un bonnet avec des oreilles de Dingo planté sur sa tête.

Il conduit paisiblement, il attend toujours que ce soit moi qui commence la conversation. Il ne veut jamais me forcer à parler de quoique ce soit et m'a toujours soutenue dans mes décisions. Même lorsque j'ai voulu arrêter mes études de diététicienne pour créer mon propre commerce de produits bio et équitables. Il est d'ailleurs un client privilégié et a toujours des échantillons ou des bonbons glissés dans son sac de course. Mais ça, nous nous abstenons de le dire à maman. Premièrement, elle serait verte de jalousie et deuxièmement, elle a toujours eu une sainte horreur des friandises. Sucre et dents, cela ne fait pas bon ménage selon elle.

- Merci papa ! dis-je en me tournant vers lui.

- Pourquoi ma chérie ? Il sifflote sur le son de la musique qui passe sur l'auto-radio.

- De m'accompagner! C'est vraiment très gentil.

- C'est normal , je n'allais pas laisser ma fille aller à la gare seule. Puis j'aime bien passer du temps avec toi, je me sens moins seul.

Je le regarde, je n'ai jamais su dire si ils étaient heureux ensemble mes parents. Ils n'ont jamais eu une attitude de couple. Ma mère sortait souvent le soir et lui restait à la maison pour me garder. Je pense qu'ils ont eu ce commun accord de ne jamais se poser de question et de m'avoir ainsi à leur côté.

- C'est dommage j'aurais bien aimé partir en séjour avec toi dans ce domaine des fleurs blanches.

- C'est le domaine des Balsamines papa !

- Cela reste une fleur blanche !

Il me fait un clin d'œil et se concentre sur la route.

Le chemin jusqu'à la gare est assez long. Je me détend et allonge mes jambes. Accoudée sur le rebord du véhicule, je plonge mon regard dans les paysages qui défilent devant moi.

Bébé bouge sans arrêt et appui sur ma vessie. Mais je vais essayer de me retenir. Je me vois mal m'arrêter sur le bas côté de la route et pisser dans l'herbe, les jambes écartées et les fesses à l'air. Non, ce n'est pas pour moi.

- As-tu regardé les activités qu'ils proposent ? Il y a un cour de natation pour femmes enceintes, tu devrais y aller, ils disent que cela stimule l'hormone du bonheur qui est très importante pour le développement cérébral du bébé.

Il est incorrigible, il me fait rire.

- Tu t'es bien renseigné dis donc papa !

- Comme je te l'ai dis, j'aurais aimé partir avec toi, du coup j'ai regardé leur site internet.

Sacré papa. Il ne rate jamais une occasion de passer du temps avec moi. Il me fend le cœur, moi aussi j'aimerais bien qu'il reste avec moi. Mais comme j'y pense seulement maintenant, je me vois mal lui dire « et au fait j'ai la réservation d'Oscar, tu peux venir avec moi on va s'éclater! ». Et là, s'en suivrait une longue explication sur le fait que j'ai des billets, que je n'ai rien payé et que de base ils étaient destinés à Oscar et moi, mais pour le punir j'ai voulu en profiter et ne pas les lui donner.

D'ailleurs, il n'a pas pris sa valise, ne s'est pas préparé mentalement et surtout il n'a pas averti maman. Je n'ose imaginer sa réaction s´il lui apprenait qu'il partait en vacances sans elle. Elle serait capable de ne plus lui parler jusqu'à Noël prochain.

Nous arrivons à la gare. Il trouve une place juste devant et j'en suis soulagée. Mon envie préssante m'oblige à aller m'asseoir pendant que papa fera la queue au guichet.

Je ne trouve qu'une place à côté d'une vieille dame qui cocotte le parfum bon marché et une étrange odeur d'oignons frits. Mon estomac ne va pas apprécier. Je sens déjà cette sensation désagréable lorsque la nausée vous prend. Ma respiration s'accélère et je ne me sens vraiment pas bien.

Je ne supporte aucune odeur depuis deux mois. C'est drôle car j'ai su que j'étais enceinte à six mois de grossesse. Et les symptômes ont débuté lorsque j'en ai pris conscience. Mon ventre s'est arrondi et le package nausées, vomissements, pipis dans la culotte avec.

Il faut que je bouge, vite. Je regarde autour de moi dans l'espoir d'y trouver des toilettes. La dame âgée commence à s'agiter et farfouille dans son sac. Elle verse son contenu par terre et une multitude de choses sans queue ni tête roulent de mes pieds jusqu'au banc en face de nous. Un couple dont l'homme ressemble étrangement à Théo James, l'acteur de Divergente, est en pleine conversation. Ils discutent vivement, la femme qui l'accompagne, une blonde à la peau hâlée d'au moins un mètre quatre-vingt agite ses bras et lui répond d'un ton sec et méprisant. Ils arrêtent leur conversation et jettent un œil sur la vieille dame puis sur moi-même.

Une espèce de vieille peluche en forme d'oiseau trône au milieu de l'allée. La vieille dame se lève rapidement et la ramasse. Elle l'embrasse et la câline en s'exclamant :

- Mon kiki qu'est ce que tu fais là ? Tu vas te blesser, déjà qu'il ne te reste plus beaucoup de plumes.

Ne me dites pas que cette chose est un vrai animal ? Vu l'état de son plumage, l'odeur qui s'en dégage, je dirais qu'il est ...

- Mort ! S'écrie la femme blonde en face de moi. Elle se lève horrifiée, lâchant son compagnon et s'éloignant juchée sur ses hauts talons.

Moi j'en ai la tête qui tourne, je desserre mon écharpe et dans un bruit incontrôlable je lâche une énorme éructation. L'homme en face de moi me fixe avec des yeux ronds. Plaquant mes mains sur la bouche je me lève et me précipite aux toilettes .

J'ouvre la porte comme une furie, manquant de renverser la femme blonde qui était assise en face de moi dans le hall de gare.

- Mais ça ne va pas non ! Me hurle-t-elle dessus, vous pourriez faire attention, vous avez failli me claquer la porte sur le nez.

Je ne l'écoute pas, je plonge dans la première cabine que j'aperçois et vide le contenu de mon déjeuner dans la cuvette.

- Quelle dégueulasse! S'insurge-t-elle en fermant la porte bruyamment.

Mais elle va se calmer la Kate Moss! Ça ne sert à rien de répliquer, ce genre de femmes très belles et sûre d'elles, ont parfois des répliques bien cinglantes que je n'ai pas spécialement envie de connaître. Appuyée sur le mur des toilettes, je me remets doucement de mes émotions. Mes vacances commencent bien. Je peux noter un « degueuli » pour la journée dans mon journal de bord. Il est resté dans ma valise, je le sortirais plus tard.

- Ma chérie tout va bien?

J'entends la voix de mon père à travers la porte des toilettes, je l'ouvre et il semble surpris de me voir.

Je m'approche du miroir et je découvre une tête immonde : des joues dont la couleur vacille entre le gris et le rouge, des yeux rouges et des cheveux mélangés à de la sueur et en pagaille.

- Tu devrais te rafraîchir, ton train va bientôt partir.

Il me tend mon billet. Je passe de l'eau sur mon visage, je me recoiffe rapidement et je le suis jusque dans le hall.

La vieille dame est partie, ma valise est restée au même endroit. Je la prends et l'homme qui ressemble à Théo james me tend mon écharpe.

- Vous l'aviez faite tomber.

Je lui prends en le remerciant et je suis mon père dans le souterrain qui mène jusqu'au quai. Il fait un froid de canard et j'oscille d'une une jambe et l'autre afin de me réchauffer, les mains dans les poches. Nous regardons tous les deux dans la même direction, nous attendons silencieusement le train.

Lorsqu'il arrive, enfin, nous montons.

Le faux Théo James vient de s' installer à la seule place de disponible près d'une fenêtre. Il pianote sur son ordinateur portable, des écouteurs dans les oreilles. J'aimerais m'installer près de la fenêtre sur le siège d'en face mais il l'a déjà réquisitionné en y mettant son manteau, sa valise et la sacoche de son ordinateur.

Je me suis résignée et j'ai donc pris la place côté allée centrale.

Mon père prend toutes les précautions pour que je sois bien assise et installée. Il cale la valise près de moi pour ne pas que j'ai à la porter à bout de bras.

- Voilà ma chérie, je vais y aller, fais attention à toi et n'oublie pas de me donner de tes nouvelles.

Il m'embrasse sur le front en prenant mon visage dans ses mains chaudes. Je lui souris cachant mon appréhension et ma tristesse de le laisser.

- Ne t'inquiète pas papa! Tout va bien se passer.

- Prend soin de ce bébé, aussi, pas d'activités extrêmes.

Il pointe son doigt sur mon gros bidon, ébouriffe mes cheveux et descend du train. Il se poste devant la fenêtre et je lui fais signe. Le sourire aux lèvres, je lui fais au revoir jusqu'à ce que le train s'éloigne.

Je me réinstalle sur mon siège et croise le regard du faux Théo James . Il détourne aussitôt ses yeux bruns et reprend son activité en tapant rapidement sur le clavier de son ordinateur.

Je retire mon manteau qui me fait transpirer comme une dingue et je sors le livre que j'ai pris pour le trajet.

J'y glisse mon billet en guise de marque page et je tends mes jambes afin de profiter un maximum du moment qui s'offre à moi.

Perdue dans mon roman dont l'héroïne, une jeune et belle femme confrontée à un dilemme amoureux, je n'ai pas entendue Kate Moss se poster devant moi. Les mains sur les hanches, elle me toise d'un air exaspéré.

- Vous pourriez décaler vos jambes, j'aimerais m'asseoir près de mon fiancé !

Son ton condescendant et impoli me fait dresser les poils, mais je préfère toujours ne pas répondre. Je me redresse et glisse mes écouteurs dans mes oreilles.

Je n'attends pas un remerciement de sa part, ça serait beaucoup trop lui demander. Plusieurs fois, elle me donne des coups de pieds, enfonçant même les talons de ses chaussures hors de prix sur le bout de mes bottines, si bien que mes jambes se retrouvent collées sous mon siège et dans une posture inconfortable. Je compte les minutes qu'il me reste jusqu'à l'arrivée.

Bébé a décidé d'appuyer une fois de plus sur ma vessie et je suis contrainte d'aller dans le seul endroit que je ne veux pas connaître, les toilettes du train. Marchant en crabe, afin de ne pas bousculer les voyageurs, j'entre dans la minuscule cabine et essaye tant bien que mal de viser la cuvette. Il est bien évidemment hors de question que je pose mon fessier sur une cuvette à moitié salie par les déjections des autres passagers.

Cette cabine est vraiment exiguë et une fois mon affaire terminée, les mains soigneusement lavées, je retourne à ma place vidée de toute envie urinaire pour au moins quinze minutes.

En arrivant, je découvre mon livre baignant dans un liquide marron dont je suspecte qu'il s'agisse du café. Je le prends du bout des doigts et le liquide brun se répand sur la tablette qui me sépare du couple infernal.

- Non mais regardez ce que vous faites ! Vous en mettez partout!

Elle parle fort et mon degré de patience et de tolérance commence enfin à expirer.

- Je vous demande pardon ?

Les seuls mots que j'arrive à prononcer devant cette princesse sont ceux-ci. Avouez qu'en terme de répondant je suis archi nulle.

- Déjà vous m'avez explosé une porte en plein visage. Puis vous avez presque vomi sur mes pieds et depuis tout à l'heure vous prenez toute la place, il n'a pas idée d'être aussi énorme!

Son compagnon nous regarde l'une et l'autre, l'étonnement sur son visage d'apollon. Il doit être ce genre de types qui se rabaissent devant leurs dulcinées de peur qu'elles partent dans les bras d'un autre.

Mais là c'est trop, je sens le rouge me monter au visage. Ni l'une ni deux, je prends manteau, bonnet, écharpe et valise et je m'éloigne.

Bébé a décidé de donner un violent coup dans mon estomac ce qui me provoque une atroce remontée d'acide dans l'œsophage. Mais pas le temps de sortir un anti-acide, de toute façon je ne suis pas sûre d'en avoir pris dans ma valise.

Il reste cinq minutes de trajet, je ne vais pas gaspiller mon énergie avec une fille pareille. Appuyée sur la barre au centre du sas, je me rhabille chaudement, mon corps chahutant au rythme de la rame du train.

Lorsque ce dernier s'arrête enfin, je descends et tire ma grosse valise derrière moi.

Le temps est glacial , je sors le papier de la réservation, j'ai cinq minutes de marche jusqu'à la navette qui amène jusqu'au domaine. Respirer l'air frais des montagnes me fait un bien fou. Lorsque j'arrive au point navette, j'espère juste une chose c'est que Kate Moss ne soit pas du voyage.

Mais mon souhait est de courte durée car je la vois s'avancer, son regard perçant posé sur moi, ses hanches basculant d'un côté et de l'autre. Elle est agrippée à son fiancé, Théo james. Je leur tourne le dos. Pas la peine de m'embêter avec ce genre d'énergumènes.

Ce que je redoute, c'est qu'ils aient eux aussi une réservation dans ce domaine. Mais il est inutile de penser autre chose vu que c'est l'unique navette qui mène tout droit au domaine des balsamines.

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