Chapitre 98 : Le secret

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Je voulais une vie meilleure, pour ma fille et moi. Pour transformer ma vie extérieure, physique, matérielle, je devais commencer par changer ma vie intérieure, ma personnalité. J’avais déjà entrepris cet énorme challenge depuis un moment, mais j’avais conscience qu’il me restait encore du pain sur la planche. Pour ce faire, je ne devais pas lésiner sur les moyens. Je ne me contentais donc pas de dévorer des livres à la chaîne, pour m’en imprégner. Je mettais aussi leurs théories en application.

J’étais une adepte de la pensée positive depuis longtemps, mais je devais aller plus loin. En plus de travailler sur chacune de mes croyances limitantes, qui représentaient le dialogue interne qui m’accompagnait constamment, je commençais à faire très attention à mes paroles. Je ne m’autorisais plus la moindre critique, ni la moindre lamentation, que ce soit envers moi ou le monde qui m’entourait. Si une situation me déplaisait et incitait ma langue à fourcher, je me reprenais aussitôt. Par exemple, quand je reçus une amende pour excès de vitesse, plutôt que de me plaindre de donner de l’argent à l’état, mon discours pivota :

— Eh bien, merci Seigneur de me rappeler qu’il faut que je lève le pied sur la route. Je suis reconnaissante d’avoir été protégée d’un accident. Et en plus, je suis pleine de gratitude, car j’ai les moyens d’acquitter ma dette, ce qui m’épargne tout inquiétude à ce sujet.

Je n’étais pas devenue candide ou neuneu (encore que, je vous laisse le bénéfice du doute !). Je me concentrais seulement sur les aspects positifs d’une expérience, même si elle était désagréable. Au début, cela me demandait des efforts. Rapidement, cela devint un automatisme. Je faisais pareil pour les gens. Plutôt que de les dénigrer, je regardais toujours leurs qualités en premier. Je les encourageais, les complimentais, les valorisais. Je le faisais aussi bien pour mes amis que pour mes clients, et en tout premier lieu pour ma fille, évidemment.

Pour conserver cette énergie élevée, ce dynamisme, cette envie d’avancer, il me fallait de l’espoir. Je continuai donc à me tenir éloignée de l’actualité. Je l’avais toujours fait, mais là, je fus plus radicale. Qu’il s’agisse de télévision, de presse quotidienne, de radio ou d’internet, je refusai catégoriquement le moindre contact avec ces informations anxiogènes. Certes, j’étais désormais toujours à l’ouest mais, au moins, je n’étais plus stressée ou déprimée. En agissant ainsi, je suivais ce que nous préconisait Gandhi :

Sois le changement que tu veux voir en ce monde.

J’étais impuissante à sauver les gens à l’autre bout de la planète. En revanche, en travaillant à m’améliorer en profondeur, j’allais peut-être participer à l’évolution de la société, afin de rendre notre monde meilleur. Mais pour ce faire, je devais me protéger. Je ne serais jamais d’aucune aide à quiconque si je n’étais pas capable de veiller sur moi-même. C’était encore la fameuse théorie de l’hôtesse de l’air avec son masque à oxygène. Je désirais la paix, pour moi comme pour les autres, mais je ne pourrais l’obtenir qu’en prenant soin de moi. Ensuite, viendrait le moment où je pourrais apporter ma contribution, à mon petit niveau.

Ma principale source d’inspiration provenait de Dieu et de ses "envoyés". J’ai déjà évoqué mon attachement aux figures emblématiques qu’étaient Sœur Emmanuelle, Mère Teresa, ou mon héros de toujours, l’Abbé Pierre. Mais je suivais également les enseignements de Gandhi, Malcom X, Martin Luther King, Ruth Bader Ginsburg ou Gloria Steinem. J’avais la foi mais aucune religion, alors je pouvais tout aussi bien être influencée par des croyants monothéistes, des bouddhistes, des athées ou des laïcs, comme Simone Veil, par exemple, mon modèle féminin absolu. Ces personnalités étaient mes stars, et je me nourrissais de leurs écrits, de leurs biographies ou autobiographies.

La pierre angulaire de ma guérison, c’était ma croyance en une force supérieure. Rien ne se ferait jamais sans l’aide de l’Univers. Ainsi, je suivais un précepte valable dans toutes les religions, mais aussi en spiritualité :

Demande et tu recevras.

Ma prière était constante, à l’oral ou à l’écrit. Je demandais sans cesse à être dirigée dans la bonne direction. Qu’il s’agisse de Dieu, d’anges gardiens, d’entités invisibles, de mon frère, de mon père ou, plus récemment, de Guillaume, je pensais toujours à eux dans mes invocations. Je sollicitais leur aide au quotidien. Accompagnée de la présence rayonnante de tous ces êtres, visibles ou invisibles, morts ou vivants, connus ou inconnus, je ne me sentais jamais seule, même si je l’étais souvent. Voire, de plus en plus.

Pour changer véritablement, je n’ai pas hésité à prendre mes distances avec les personnes négatives de mon entourage. Je n’avais jamais eu beaucoup d’interactions, mais au fil des années, des rencontres se faisaient et des relations se nouaient, inévitablement. Cependant, quand je sentais que certaines me pompaient trop d’énergie, j’y mettais un terme. Je préférais rayer de ma liste d’amis les personnes qui me tiraient vers le bas et ne garder que celles qui me reboostaient. Il faut bien reconnaître qu’elles n’étaient pas nombreuses, mais cela ne me dérangeait pas.

Je ne craignais pas la solitude, différente de l’isolement. Je travaillais au quotidien avec des gens et je saturais souvent de devoir constamment être en représentation. J’avais souvent besoin de pauses. Parfois, j’en avais tellement marre de faire la conversation pendant des heures à mes clients que certains jours, je m’offrais des cures de silence. Ne plus dire un mot, ne plus entendre un son, s’apparentait pour moi à un luxe suprême. Même la musique pouvait être de trop. Je mettais le téléphone en mode avion et je planais. Je désirais du calme, rien d’autre. J’avais une vie intérieure si riche que je ne m’ennuyais jamais. Je méditais. Je connaissais cette pratique depuis un certain temps mais je ne l'utilisais vraiment que depuis récemment. J’avais toujours été une contemplative. Je ne me lassais pas d’observer un paysage. Je n’aimais rien tant qu’assister à un coucher de soleil. Alors, rester tranquille assise en lotus, une heure durant, ne me faisait pas peur.

Ma fille était petite et lorsqu’elle était avec moi, c’est-à-dire, la majorité du temps, je déployais une énergie considérable pour bien m’en occuper. Or, pour être la meilleure maman possible, j’avais besoin de me ressourcer. Alors, durant la moitié des vacances scolaires, lorsqu’elle était chez papa, je m’inscrivais régulièrement à des stages. De méditation, évidemment, mais aussi de yoga, de relaxation, de sophrologie, d’alimentation vivante et de crusine (1). J’adhérais au concept du « mens sana in corpore sano » (2). Le corps et l’esprit était lié. Je ne buvais pas, ne fumais pas, ne me droguais pas et, désormais, j’essayais de développer une nouvelle façon de vivre pour obtenir encore plus d’énergie.

Je testais le jeûne à plusieurs reprises. Le jeûne alimentaire, bien sûr, mais aussi celui de la parole, lors de retraites silencieuses d’une semaine. Je n’hésitais jamais à traverser la France pour expérimenter une nouvelle méthode thérapeutique. J’en profitais pour arpenter les calanques ou admirer la beauté des Cévennes. J’adorais marcher seule pendant des heures au cœur de la nature. Citadine, le contact avec cette dernière m’était essentiel. J’y rechargeais mes batteries. Je repartais de plus belle, rassénérée.

Les week-ends où j’étais maman solo étaient aussi l’occasion d’une vraie coupure. Je prenais mon sac à dos et roulais vers la côte Bretonne, mon lieu de prédilection. Je prenais un bon bol d’air iodé, en m’oxygénant les poumons, au cours de longues randonnées sur le GR 34. Je ne voulais pas déménager en Bretagne, pourtant mon rêve absolu, pour ne pas éloigner ma fille de son père. Alors, j’y allais aussi souvent que possible. Je réservais un hôtel pour deux nuits, avec vue sur la mer. J’embarquai mes livres avec moi, solitaire, mais pas désespérée.

J’avais parfois l’air d’une asociale, voire d’une ermite. En me voyant constamment seule, les gens pensaient que je déprimais. Cela me faisait bien rire, car c’était tout le contraire. Je me préparais pour la suite, enthousiaste. Je m’efforçais seulement de mettre toutes les chances de mon côté en cultivant un nouvel état d’esprit. Et pour mener à bien mon projet, je devais me préserver des prédictions pessimistes et m’épargner les pronostics alarmistes des oiseaux de mauvais augure. De peur d’être contaminée par les pensées toxiques d’autrui, je ne partageais ni mes rêves, ni mes objectifs. Je m’accrochais à un autre précepte :

Pour vivre heureux, vivons cachés.

(1) Crusine : contraction de crudité et de cuisine. Activité où l’on prépare des repas à base de fruits et légumes, sans cuir les aliments.

(2) Un esprit sain dans un corps sain.

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