chapitre 20 : parée de liberté

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Pharell ne s’était pas trompé, la personnalité de cette petite avait de quoi faire des étincelles. De toutes les jeunes filles qui décoraient cette salle, elle était surement la moins artificielle. Tout en elle suintait la sincérité, pourtant elle savait jouer de la vérité et la manier de sorte à ne jamais se perdre dans le prévisible. Exactement ce qu’il recherchait.

- Je suis navré mademoiselle Elya, mais la curiosité m’assaille. Avez-vous déjà rencontré les garçons de notre charmante noblesse ?

Rubie sourit. Elle avait presque oublié l’aspect marital de sa situation.

- Non, déclara-t-elle, pas encore.

- C’est dommage, on dit qu’ils sont très beaux. Personnellement, j’adorerais être à votre place.

Son sourire s’élargit.

- Portez un corset aussi serré que le mien, et vous verrez que vous vous raviserez.

Pharell avait confectionné pour elle une robe indigo, asymétrique et éclatante, dont le pan arrière était brodé de pics et de trèfles. Un petit haut de forme, épinglé sur le côté de sa tête, constituait l’essentiel de sa coiffure. Le styliste avait tenu à y glisser un As de cœur.

Elle portait un rouge à lèvres bleu électrique, une couleur que nul n’aurait attendu sur une bouche, et c’était là tout l’intérêt. Original et séducteur, un bleu couleur Rubie. Ses yeux avaient été maquillés dans une teinte similaire, et les talons de ses escarpins arboraient eux aussi les signes de cartes à jouer.

Ainsi affublée, elle se sentait davantage déguisée qu'habillée. Pourtant, elle aimait ce changement que seule la Capitale pouvait lui offrir. Dépourvue de regards hautains et de barrière physique pour la border, cette ville n’autorisait aucune limite au possible. Ici, elle était tout le monde sans ne jamais être personne, une duplicité enivrante que reflétait sa tenue. Parée de liberté, elle resplendissait.

- Ma chérie, vous êtes magnifique ! s’exclama Pharell en admirant son travail.

Encore sûre de rien, elle jeta un bref coup d’œil aux autres demoiselles qui l’environnaient. Chacune d’entre-elles débordait d’artifices, pourtant aucune n’avait cette folie pétillante qui dansait lorsque Rubie faisait tourner sa robe. Elles étaient belles, mais elle était unique.

- Ce n’est pas faux, monsieur le styliste, vous avez fait du bon travail.

- Je vous en remercie, dit-il en arborant une nouvelle révérence.

Dans son tour d’horizon, la jeune fille avait néanmoins remarqué une chose surprenante. S’ils elles n’étaient pas toutes égales dans leur beauté, chacune de ces robes avaient pour point commun une subtile référence aux jeux de carte. Ce thème étant inhabituel dans la haute couture, ce choix ne pouvait être que justifié. Enigmatique.

- Est-ce que vous sauriez, par le plus grand des hasards, pourquoi nous sommes toutes vêtues de la sorte ? se risqua-t-elle à demander.

- Mais dites-moi mademoiselle Elya, seriez-vous une espionne ?

Pharell fit cligner son œil et Rubie se sentit prise à son propre piège.

- Je suis l’espionne de ma propre cause, répondit-elle. Après tout, c’est moi que le Conseil cherche à tester.

Elle n’avait pas tort.

- Dans ce cas, je peux peut-être vous dire quelque-chose.

Il s’approcha de son oreille, et sa voix devint clandestine.

- Peu importe la situation dans laquelle vous vous trouverez, souffla-t-il, et peu importe ce que diront les gens qui vous entourent, il n’est jamais bon de se fier aux apparences lorsque l’on prend le thé.

Lorsque le point final fut posé, il disparut, et l’ensemble de la salle fut plongée dans le noir.

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