chapitre 43 : ce n'était pas une cantine scolaire, c'était une vitrine.

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Les autres porteuses se dirigèrent d’un pas assuré vers le réfectoire, s’assirent chacune à leur table et attendirent sagement que l’on vienne les servir. La salle était immense, orgueilleuse, remplie de petites tables rondes que les nappes fondaient en perles sur un collier. La lumière dansait dans les flammes des chandeliers, disposés de-ci, de-là dans l’espoir insolant de feindre l’intimité où ne régnait qu’un paraitre évident. Ce n’était pas une cantine scolaire, c’était une vitrine. Comme tout ici. Et Rubie était l’objet de l’exposition.

Du coin de l’œil elle chercha une place où s’installer. Rectification, elle cherchait Nala, et priait intérieurement pour qu’elle lui ai gardé un siège. Mais Nala n’était pas là, et toutes les tables se fermaient à son approche.

Personne ne semblait vouloir manger avec elle, et elle ignorait pourquoi elle avait fait si mauvaise impression. Hier, Luciana, Mely et Alondra lui avait parues agréables. Aujourd’hui, elles lui jetaient des regards mauvais. Peu importe : les moqueries, le rejet, elle l’avait vécu. Enfin, elle retrouvait un peu d’Avem à la Capitale. Si elle ne pouvait pas manger ici, les cuisinières, elles, n’oseraient pas la refuser.

- Excusez-moi, dit-elle en poussant la porte des cuisines, je m’appelle Elya Falcon. Aucune place ne semble m’avoir été dédiée dans le réfectoire, j’espérais donc pouvoir manger ici.

- Bien sûr mon enfant, s’exclama une grosse dame aux cheveux crépus, vient donc te mettre par-là, on va t’apporter ton repas.

Avec tout le soin du monde, elle l’installa sur une petite table au fond de la pièce et lui servit une assiette bien chaude de potage, ainsi qu’un gros morceau de pain et une viande parfaitement cuite.

Malgré le sourire des femmes qui l’entouraient, Rubie comprit vite qu’ici non plus elle n’était pas à sa place. Quand elles lui parlaient, leurs voix étaient bien fortes et résonnaient dans l’espace. A l’inverse, quand elles parlaient entre elles, elles chuchotaient telles de pauvres petites souris devant leur prédateur. Falcon, un nom de rapace. Ni pauvre, ni riche, Rubie n’était qu’un pion resté dans la boite. A travers les murmures, la jeune fille parvint tout de même à saisir les bribes d’une conversation.

Par exemple, elle découvrit que le mari de Maria, l’une des femmes de chambre, la tromperait depuis trois mois avec Julie, la fille du nouveau jardinier. Ou encore que Judith, la plus ancienne des bibliothécaires, attendait son troisième enfant. Et d’un troisième père différent ! Il avait un certain piment dans les ragots que se racontaient ces femmes, un suspens quotidien qui rythmais la fadeur de leurs existences. Il rappelait à Rubie les téléréalités qui passait sur les télévisions d’Avem et dont les filles de son lycée se délectaient avec appétit. Une téléréalité… qu’elle était désormais en train de vivre.

Bien que ce ne soit pas son genre de programme préféré, elle aurait aimé en apprendre plus, mais une nouvelle cloche retentit dans toute la petite salle. Les cuisinières se levèrent aussitôt et s’en retournèrent à leurs fourneaux, qu’elles venaient tout juste de quitter.

Cette fois-ci, les plats qu’elles préparaient avaient moins de saveur et étaient essentiellement constitués des restes des repas précédents. Rubie se demandait à qui ils pouvaient bien être destiné quand elle vit apparaitre, derrière le passe-plat, une horde de jeunes filles affamées. Elle n’eut aucun mal à reconnaitre les protectrices, vêtues exactement comme Salomé l’était ce matin, mais son amie ne se trouvait pas parmi elles. Où était-elle encore passée ?

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