- "Halloween... Ou le jour de la fête des morts. Cette nuit tant attendu des plus jeunes et des plus agés, un prétexte pour sortir et s'abreuver de friandises et d'alcool en tout genre. Halloween est un fête séculaire, où religion et commerce se sont mêlés depuis la nuit des temps. Il y a les préparatifs, l'achat du costume, le maquillage, l'ambiance, la décoration, le choix de la musique, le choix du lieu... En ce temps, tout le monde aime jouer à se faire peur, à s'effrayer comme on dit. Pour s'amuser.

Ludivine avait décidé de se déguiser en sorcière, ajustant méticuleusement son chapeau pointu sur sa tête. Comme toute addicte de la mode, elle avait opté pour un ensemble tendance avec un décolleté la mettant bien en valeur, ainsi qu'une jupe courte lui permettant de se mouvoir avec élégance, finesse, et aisance. Elle se regarda plusieurs fois dans le mirroir, satisfaite de l'effet qu'elle allait donner, et se délectant par avance des insultes habituelles qu'elle allait recevoir: prostituée, aguicheuse, et autres joyeuseries dont elle se moquait éperdument mais qui la faisaient rire. Elle entendait déjà son meilleur pote lui énoncer: "Vu ta tenue, ne viens pas te plaindre si tu te fais agresser...", le fameux crédo que tout le monde évoquait pour justifier du sexisme ambiant de la société. Mais surtout, elle avait décidé de faire fi des recommandations sanitaires...

- "Flash Info. Il semblerait qu'un nouvel incident ait eu lieu dans un lab...". Il était l'heure de partir, Ludivine éteignit la télé.

La fête battait son plein, les costumes se dandinant au gré des musiques haletantes. Les corps se frottaient, les lèvres des uns et des autres s'effleuraient. Dans un coin sombre, certains s'adonnaient même à des plaisirs bestiaux, assouvissant des désirs cachés et inavouables en temps normal. Tous étaient adeptes de la nécro, chacun à leur manière. Et lorsqu'on mordilla dans le cou de Ludivine, elle gémissait de bonheur, le cou bien en évidence, la tête tombant vers l'arrière. Son corps se crispa, et une décharge lui raidit les muscles. Elle ne voulait pas que cela s'arrête mais au fil des minutes, le frémissement se transformait en picotement, et elle sentait ses forces qui l'abandonnaient. Elle avait de plus en plus de mal à respirer... Elle se redressa et passa sa main dans son cou. Un liquide s'écoulait doucement. Elle frotta légèrement ses doigts et s'aperçut qu'elle saignait.

"T'es dingue !" s'exclama la jeune femme. Elle repoussa son partenaire, et se précipita à une table plus loin pour trouver de quoi s'essuyer. "Mais quel salaud ! Et t'approche plus de moi !"

La fête continuait ensuite, toujours rythmée par des danses endiablés. Un petit groupe s'adonnait à des rituels sataniques, d'autres se croyaient nécromants. L'alcool coulait à flot. Et lorsque minuit arriva, les bonnes moeurs avaient déjà disparu. Les hommes n'étaient plus que des bêtes, en chasse de proies. D'aucun ne vit le danger qui se tramait sous leur nez.

Les uns après les autres, ils s'écroulèrent de fatigue, sous les rires des plus endurants. Ludivine se laissait aller de partenaire en partenaire. Elle remarquait qu'elle s'essouflait de plus en plus vite... Trop fatiguée, elle décida de rentrer chez elle.

- "Flash Info. Une fête d'Halloween a tourné mal hier. Sur les lieux nous retrouvons notre reporter."

- "C'est une véritable hécatombe. Tôt ce matin, la police a découvert les cadavres d'une quinzaine de jeunes qui avaient décidé de se réunir pour faire la fête, dans un décor macabre. Les jeunes portaient des lacérations au niveau du cou, des bras, et des jambes. Les autopsies ont débuté et les autorités n'écartent absolument aucune piste. Bien que les morts semblent naturelles, de nombreuses ecchymoses sur certains corps laissent penser qu'il s'agit d'une oeuvre intentionnelle. Par ailleurs, nous avons appris que les urgences ont été pris d'assaut. Il semblerait que de nombreux jeunes de la ville sont également décédés de manière mystérieuse. La police essaie d'établir le lien mais il se dit que les victimes avaient également participés à la fête. Les autorités demandent à la population de rester prudente..."

Son verra glissa des mains. Ludivine n'en revenait. Elle avait l'impression de reconnaître certains de ces partenaires du soir. De violents maux de tête la saisirent tandis que des flash s'imprimaient dans son cerveau. Elle entendait des cris.. Mais... A quel moment était-elle rentrée ? Elle se mit à hurler, puis elle s'écroula au sol..."

- "Non mais tu plaisantes, Ludovic ? C'est ça ton histoire pour halloween ?"

- "Euh.. Oui pourquoi ?"

- "Tu m'expliques pourquoi c'est bourré de clichés, pourquoi c'est du vu et revu, et pourquoi c'est encore une bonnasse qui est la victime ? Tu pouvais pas prendre un vieux désséché pour une fois ? Puis franchement, c'était quoi ça.. Une maladie, des morts vivants, des vampires.. Ouuuuh tu vas nous dire que c'était la meuf qui était la coupable ? Et pourquoi ce serait encore une meuf la coupable ? T'a quoi contre elle, espèce de sexiste ? T'es vraiment pas original."

Il se leva et s'en alla. Ce fût sa dernière histoire. Le corps d'Alejandro fût retrouvé trois jours après, avec une marque, semblable à des crocs dans le cou, dans son domicile du Bronx. Le salon dans lequel on l'avait retrouvé était sombre et témoignait de la simplicité et de la négligence de son propriétaire. Bien que son visage était tuméfié, la police conclut à une mort naturelle. Mais si vous voulez mon avis, vous ne devriez jamais vous moquer d'une Ludivine.. Surtout quand elle vous échappe.