Depuis le début de son existence, Aaron ne se souvenait pas d'avoir été aussi heureux un jour. Son enfance dans un camp de travaux forcés, sa formation de soldat dans les gorges de Laoste, et enfin ses années passées au combat dans des royaumes étranges au confins du monde ne lui en avait jamais donné l'occasion. Depuis son retour, il n'avait fait que soigner ses horribles blessures et fait un sorte de se reposer un peu pour paraitre plus fort devant son chef.

Dès que la porte s'ouvrit, il s'inclina profondément.

- Alors tu es revenu, lança l'homme qui était assis sur un large trône d'argent.

Son air dédaigneux aurait pu faire fondre le sourire de n'importe quelle personne, mais Aaron pensait avoir mal entendu. Oui, c'était sûr, après tant d'années passées dans des souffrances inexplicables il avait attendu ce moment. Il avait tant de fois jurer porté allégeance a son chef coûte que coûte.

- Oui, je suis devant vous. J'ai fait tout ce que vous m'aviez dit : j'ai grandi loin de votre palais pour éviter de devenir trop prétentieux, j'ai fait une formation de soldat pour renforcer mes forces au combat et fait de nombreuses guerres pour m'ouvrir sur le monde et grandir mentalement.

- C'est vrai que tu as fait des efforts.

Cette fois, il tiqua. Comment il pouvait se permettre de dire ça ? Même si c'était le chef, le Grand Raon, il n'avait pas le droit de l'humilier à ce point. Et il savait ce qu'il cherchait a faire. Il voulait le faire craquer puis l'éxecuter pour trahison. Il fallait qu'il reste calme. Prenant une grande inspiration, il répliqua :

- J'aimerai maintenant avoir des explications, Grand Raon. Pourquoi tout ça ? Pourquoi ? Pourquoi m'avoir fait risquer ma vie pour rien ?

 Un silence pesant s'installa. Les deux hommes se dévisagèrent. Le Grand Raon, bien qu'il impose une attitude fière et sûr de lui, ses yeux trahissaient son incapacité à répondre. Le silence se prolongea, encore et encore. Attendant que l'un ou l'autre perde patience. Pour Aaron, c'était toute sa vie qui était passé entre ses mains comme des grains de sables, alors une minute de plus ne représentait plus rien pour lui. Il avait déjà perdu pour perdre encore. Lors de sa dernière bataille, un ennemi lui avait enfoncer une lame tranchante dans la joue, visant son oeil. Heureusement, il avait eu le temps d'esquiver mais il lui restait toujours une affreuse cicatrice au travers du visage.

La porte s'ouvrit brusquement et une femme petite et élancée entra, presque en courant. Habillée d'une longue robe rouge avec un long châle et de grands talons qui claquait sur le sol elle était l'exact opposée de Aaron. Que ce soit en choix, en destinées, en chance ou en sentiments.

- Oh, bonjour, mon frère. Désolé de vous déranger, dit-elle d'un ton faussement désolé.

- Bonjour, ma soeur, grogna Aaron.