Chapitre IV

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— Enfin tu te décides à te lever. J'ai failli croire que t'étais morte dans ton sommeil.

Madyline posa un regard sur sa colocataire qui était adossée au battant de la porte de sa chambre un rictus aux lèvres puis lança un coup d'œil au réveil posé sur sa commode.

— C'est bon. Il est juste douze heures, répondit la brune en s'étirant les bras.

— Tu l'as bien fait ta grasse mat' toi, dit son amie en sortant de sa chambre.

La brune avait travaillé un peu plus tard hier soir que d'habitude. Un client s'était présenté à la fin de son service sans avoir réservé au préalable. Elle avait dû satisfaire ce dernier puisqu'il avait payé très généreusement l'obligeant à rentrer à quatre heures du matin. Même si elle était très fatiguée, elle était heureuse d'avoir remplie son bocal à monnaies.

Elle sortit de sa chambre exiguë humant une certaine odeur de pancakes qui avait emplit l'appartement. Elle savait bien que son amie était aux fourneaux et la rejoignît à la cuisine. Elle remarqua une assiette déjà remplie, son amie lui fit signe que c'était pour elle. Elle la remercia avant de s'asseoir sur un vieux tabouret près de l'îlot central pour déguster ses pancakes qu'elle enduisît de sirop d'érable.

Elle poussa un soupir d'émerveillement dû à la bouchée qu'elle venait de prendre sous le regard amusé de son amie.

Elle savait bien que Kaitlyn était une excellente cuisinière et elle se félicitait tous les jours d'avoir une colocataire comme elle qui comblait ses papilles gustatives.

— Au fait c'est à toi de faire les courses aujourd'hui, lui rappela la rousse après avoir fini de cuisiner.

— Je les ferais demain.

— Hors de question, objecta t-elle secouant la tête de gauche à droite, à force de renvoyer au lendemain comme ça, tu ne le feras jamais et c'est moi qui devrais le faire à ta place. Alors tu vas bouger tes fesses et les faire tout de suite.

La brune observa son amie d'un air las avant de capituler. Elle réprima un sourire devant la mine satisfaite de sa colocataire qui avait tendance à lui parler durement pour la convaincre à accomplir des tâches qu'elle n'appréciait pas particulièrement.

Elle termina son assiette laissant Kaitlyn s'occuper de la vaisselle puis retourna dans sa chambre. Des murs peints d'un blanc cassé défraîchis, un petit lit qui grinçait quand on s'y appuyait, une petite commode basse posée auprès du lit, une vieille armoire contenant ses vêtements qui menaçait de s'écrouler à tout moment.

La vue de cette chambre la déprimait plus qu'autre chose. Elle était tellement petite et ne pourrait supporter d'autres accessoires que ceux qu'elle comportait déjà. Elle rêva de posséder une chambre ou une maison luxueuse qui la conviendrait parfaitement mais remerciait déjà la vie de lui permettre d'avoir un toit qu'elle n'aurait jamais pu avoir seule si elle n'avait pas rencontré Kaitlyn.

Elle prit sa serviette et se dirigea vers la salle de bain qui ne possédait qu'une douche rouillée, un cabinet, un lavabo avec au dessus un miroir de forme rectangulaire qui était fissuré.

Elle descendit les escaliers qui grinçaient sous les pas de ses baskets, vêtue d'un débardeur blanc enfilé dans un short en jean dévoilant ses longues jambes. Elle prit la liste des courses faite par son amie qui était assise sur l'unique canapé vert kaki que composait le salon regardant la télévision avant de sortir de leur appartement miteux, de longer le couloir passant par le hall qui était véritablement minable. La peinture des murs s'écaillait présentant des moisissures dans les coins. Elle sortit de l'immeuble dont la façade était passable comparé à l'intérieur de la bâtisse.

Elle se jura de faire tout son possible pour changer d'environnement un jour parce que ce taudis ne lui convenait absolument pas.

Elle stoppa un taxi pour se rendre au centre-ville parce que c'était le seul endroit où se trouvait les meilleurs magasins pour faire des courses et le seul grand centre commercial de la ville. Les produits dans ces magasins coûtaient un peu plus chers mais elle préférait largement les acheter dans un supermarché fiable que dans l'épicerie de leur quartier aux provisions d'allure ignoble et d'une provenance douteuse.

Madyline pénétra dans le Wall Market, l'un des supermarchés phares de la ville, prit un cadi et se dirigea vers le rayon légumes. Elle remarqua un homme brun de profil tenu au rayon boucherie voisin. Il était svelte et élancé, habillé d'un costume gris anthracite et de splendides mocassins noires.

Qui viendrait habillé de façon aussi élégante pour faire des courses franchement, pensa t-elle.

Pourtant elle avait l'impression de connaître qui est cet homme et de l'avoir déjà vu quelque part.

À la télé peut-être...., se dit-elle le regard rivé vers l'homme qui semblait avoir le même âge qu'elle.

Elle détourna les yeux vivement et s'éloigna avant qu'il ne tourne la tête en sa direction n'ayant pas pu observer son visage.

Après avoir vérifié sur la liste qu'elle avait bien pris tous les ingrédients que sa colocataire avait noté, elle se dirigea vers la caisse où se trouvait une longue file d'attente qu'elle en pleurait presque. Son tour arriva enfin, elle paya, prît la facture et sortît du supermarché les mains tenant deux grands emballages plastiques. À cet instant, elle se maudissait d'être pauvre et de ne posséder aucun véhicule.

Au moins je ne risque pas d'aller à la salle de sport pour me muscler les bras, c'est déjà ça..., essaya t-elle de se rassurer.

Elle continua de marcher le regard baissé vers ses provisions qui pesaient lourd lorsqu'un individu la percutât faisant tomber un de ses sacs dont des oranges s'éparpillèrent au sol.

— Vous pouvez pas voir où vous mettez les pieds ?! vociféra la brune énervée en regardant son sac échoué au sol.

Elle leva directement les yeux, les sourcils froncés puis sa bouche forma un O silencieux surprise de l'inconnu qui était prostré devant elle.

— Pardonnez moi mademoiselle. J'avais le regard rivé sur mon téléphone et je n'ai pas fait attention où je mettais les pieds.

Elle ne lui répondit pas occupé à contempler l'homme qu'elle avait pris le temps d'observer dans le supermarché et le trouvait incroyablement charmant. Elle était maintenant certaine de le connaître mais son nom lui échappait.

Il s'abaissa et remis tous les oranges dans le sac avant de le porter.

— Je suis sincèrement désolé mademoiselle, réitéra t-il de sa voix grave.

— Ne... ne vous inquiétez pas. Ce n'est pas grave, bafouilla t-elle captivé par ses yeux noisettes.

Il lui sourit affichant une incroyable rangée de dents d'une blancheur éclatante. Elle porta un regard à son poignet où trônait une authentique et magnifique Rolex en or qui la subjugua. Elle prenait conscience que l'homme qui se tenait devant elle était vraisemblablement fortuné et afficha un sourire charmeur. Avec ses larges épaules, ses bras musclés qui démontraient son côté sportif, son allure élégante et cette lueur de confiance qu'elle décelait dans ses yeux noisettes, il était parfaitement son style d'homme en plus il semblait être riche.

Raison de plus pour l'avoir dans mes filets !

— Je me présente, je suis Hayden Miller et vous ?

Elle mettait enfin un nom sur ce visage et comprit tout de suite qu'il ne lui était pas étranger. Il s'agissait du P.D.G de Miller Décoration Industries, les fameuses entreprises de décoration qui peuplaient la ville ainsi que dans le monde entier. Elle était tombée sur l'homme le plus fortuné de la ville de Midtown Lake et était particulièrement excitée par cette découverte mais elle n'en fit aucun commentaire et se contenta de se présenter.

— Moi c'est Madyline Green. Enchantée de faire votre connaissance monsieur Miller, déclara t-elle d'une voix ténue.

— Le plaisir est partagé mademoiselle Green.

Elle remarqua le regard séduisant qu'il lui lançait et semblait ravie de voir qu'elle ne lui était pas indifférent.

— Vous étiez sur le point de rentrer ? lui demanda t-il.

— Oui.

— Permettez moi de retourner au supermarché puis je vous raccompagnerais.

— D'accord.

Elle afficha un large sourire ravie de son initiative. Il lui dit de l'attendre auprès de sa voiture qui était garée pas loin lui désignant une magnifique Bentley de couleur noire. Il s'en allait au supermarché tandis qu'elle était de plus en plus subjuguée au fur et à mesure qu'elle approchait de cette voiture.

Kaitlyn n'en croirait pas ses yeux quand elle lui raconterait tout ça. Elle qui n'aimait pas faire les courses, elle était bien contente que son amie l'ait poussé à les faire aujourd'hui. C'était son jour de chance !

Après quelques courtes minutes d'attente, il sortit du supermarché se dirigeant vers elle d'une démarche assurée. Elle semblait captivée par la prestance du jeune homme qui s'approchait d'elle, le sourire aux lèvres.

— Excusez moi de vous avoir fait attendre. J'avais complètement omis d'acheter ça. Ma mère m'en aurait voulu si je n'en avais pas rapporté.

Il émit un petit rire en agitant la boîte contenant des sachets de thé à la camomille.

— Ne vous en faites pas. Vous n'avez pas été long, vous m'avez plutôt parut très rapide, remarqua la brune.

— C'est parce que j'étais pressé de tenir compagnie à une superbe jeune femme comme vous, reconnût-il d'une voix charmeuse.

Déjà les compliments ! C'est bon signe dis donc, se dit-elle toute joyeuse.

— Quel charmeur ! ricana t-elle.

— Je ne fais qu'énoncer la vérité mademoiselle Green.

Il lui accorda un sourire prenant le sac qu'elle tenait encore pour le mettre sur la banquette arrière avec son autre sac qu'il avait ramassé. Il ouvrit la portière avant lui faisant signe d'entrer puis la referma avant de contourner la voiture pour s'asseoir devant le volant.

— Est-ce que je peux vous tutoyer ? interrogea t-il en démarrant la voiture.

— Bien sûr.

— Qu'est-ce que tu fais dans la vie Madyline ?

— Je suis serveuse dans un fast-food.

Elle se réserva d'évoquer également son second métier. De toute façon il n'avait pas le droit de le savoir.

— Je connais bien un qui s'appelle The Greatest Fast-food. Mon petit frère y va tous les jours après ses cours.

— Oui c'est à cet endroit que je travaille.

Par contre elle ignorait qu'il avait un frère, elle n'en avait jamais entendu parler.

— Je pourrais bien y aller de temps en temps maintenant, dit-il dardant un regard sur sa passagère.

— Ça serait avec plaisir que je te recevrais, répondît-elle d'une voix sensuelle.

Ce léger jeu de séduction qui s'établissait entre eux ravit au plus haut point la jeune femme qui ne pouvait pas espérer mieux pour qu'il tombe plus rapidement sous son charme.

Ils discutèrent encore un instant et elle apprit qu'il vivait au Northway, le quartier le plus chic de toute la ville avec ses parents mais possédait un appartement entier pour lui seul. Elle qui vivait plutôt dans le quartier le plus démuni de cette ville, le Southway, elle imaginait bien à quoi pouvait ressembler sa demeure.

Il se gara sur le trottoir en face de son immeuble et elle aperçût le regard étonné de quelques passants qui scrutaient le véhicule du jeune homme ce dont il n'avait pas l'air d'avoir remarqué. Il est vrai que c'était pas tous les jours qu'on voyait une voiture aussi luxueuse dans ce quartier malfamé. Il y avait de quoi être surpris. Elle descendit du véhicule. Il fit de même en lui donnant ses sacs de courses.

— Merci de m'avoir raccompagné.

— De rien. C'était un plaisir d'être en ta compagnie, concéda t-il avec le sourire, je pourrais avoir ton numéro aussi pour qu'on reste en contact ?

Elle s'empressa de le lui transmettre contente de cette demande. Les choses étaient allées bien plus vite qu'elle les projetait.

— On se dit donc à la prochaine

Madyline.

Elle hocha la tête favorablement et il lui fit la bise avant de monter dans sa voiture et de s'en aller. Elle regarda sa Bentley s'éloigner et afficha un sourire béat. Elle traversa la route pour pénétrer dans l'immeuble et grimpa expressément les marches qui craquaient, jusqu'au premier étage où se trouvait leur appartement.

— Kate tu ne devineras jamais qui m'a abordé au supermarché ! s'exclama la brune déposant les sacs sur l'îlot central de la cuisine.

La rousse qui était toujours assise devant la télévision se tourna vers son amie haussant un sourcil d'un air interrogateur.

— Pourquoi t'as l'air si surexcité ? Qui t'a abordé ?

— Je te laisse deviner, tu ne me croiras.....

— Arrête de me faire languir et dis moi qui c'est, l'interrompit son amie.

Kaitlyn avait la fâcheuse habitude d'interrompre les gens quand ils parlaient ce qui avait tendance à l'agacer mais la brune n'en fit pas écho trop excitée de lui parler de sa rencontre.

— Alors c'est qui ? reprît la rousse.

— Hayden Miller, répondît fièrement la brune.

— Quoi ??!!, elle se leva précipitamment, tu parles de Hayden Miller le beau et riche P.D.G des entreprises de décoration les plus prisées de la ville ??

— C'est celui-là même, acquiesça t-elle.

— Mais comment c'est arrivé ???

Après lui avoir raconté en détail cette rencontre, elle ouvrit le robinet, remplit un verre d'eau qu'elle but d'une traite, assoiffée.

— Je suis verte de jalousie ! Quelle chance tu as Mady. Te connaissant je suis sûre que tu as dû lui faire ton numéro de charme, éluda la rousse d'un sourire malicieux.

La brune rigola d'un rire franc. Son amie la connaissait très bien et savait qu'elle aimait jouer de ses charmes pour avoir ce qu'elle voulait mais elle ne l'avait pas fait aujourd'hui.

— Je n'ai pas eu à le faire. Il s'est offert à moi tout seul, termina t-elle avec un clin d'œil.

— J'imagine que tu ne vas pas le lâcher d'une semelle.

— Et comment ! Il est celui qui m'ôtera de la pauvreté pour me mener vers une vie de luxe.

— Tu vas pas recommencer avec ton histoire de vie de luxe Mady, soupira son amie, ça serait l'occasion de trouver enfin l'amour, ton prince charmant.

La brune roula des yeux face aux paroles mièvres de son amie. Kaitlyn était ce genre de personne qui croyait fermement aux histoires d'amour persuadé qu'un prince charmant était destiné à chaque femme sur cette terre. Mais elle n'en avait cure de toutes ces histoires à l'eau de rose qui n'étaient que des balivernes uniquement agréables qu'à regarder à la télévision. Elle n'avait jamais cru en l'amour qui pour elle n'était qu'un sentiment éphémère. Elle ne croyait qu'en une chose : la richesse qui était la réalité de la vie, sa réalité qui lui permettrait de vivre heureuse tout au long de sa vie.

— Je n'en ai rien à faire de l'amour. C'est pas ça qui me sortira de ce trou, rétorqua t-elle désignant leur appartement d'un bref geste de la main.

— Qu'est-ce que tu peux être désespérante des fois, Kate secoua la tête d'un air las, y aura bien un jour où tu tomberas éperdument amoureuse d'un homme tu verras.

— Ça ne compte pas arriver. T'inquiètes pas pour ça, assura la brune.

S'il y avait bien une chose qui était sûre, c'était que Madyline Green ne tomberait jamais amoureuse de quiconque.

Son téléphone portable sonna. Elle s'empressa de le prendre dans la poche arrière de son short et fut déçu de constater qu'il s'agissait d'un appel du patron du Summum Night-club. Son amie vint jeter un coup d'œil à l'écran fissuré de son téléphone avant de s'en aller à la cuisine ranger les produits. Elle décrocha sans grand enthousiasme devinant bien la raison de cet appel.

— Qu'est-ce qu'il te voulait ? questionna la rousse après que son amie ait raccroché avec un soupir las à l'appui.

— Il y a deux clients qui viennent de réserver pour que je danse ce soir et je dois aller maintenant pour me préparer. Pourquoi je n'ai pas le droit de profiter de mon week-end comme tous les autres ? maugréa t-elle d'un ton plaintif.

— Parce que tu es la danseuse vedette du club et comme toutes les vedettes, tu n'as pas droit au repos, se moqua gentiment son amie.

Si elle avait su qu'être la meilleure strip-teaseuse d'un club l'aurait privé de tout repos, elle aurait réfléchit à deux fois avant de se lancer dans ce métier.

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