Interlude 2

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Dans une demeure quelconque de Vinelma, deux jeunes hommes, installés face à un immense écran incrusté dans le mur du salon, pressaient avec vitesse et précision les boutons multicolores de leurs manettes de console.

— J’en peux plus ! Tu gagnes tout l’temps à c’putain d’jeu ! enragea l’un deux en jetant sa manette sur le tapis.

— J’y peux rien si t’es nul ! le railla l’autre. Allez, on va pas s’prendre la tête sur ça, va. Qu’est-ce tu dirais d’aller trinquer une paire de chopes ?

— Ouais, carrément. J’suis l’meilleur à ça, pas comme à ces conneries de… rha, laisse tomber !

Une fois dans le vestibule, les deux camarades de jeu enfilèrent chacun leur veste en cuir synthétique, noire pour l’un d’eux, bleu roi pour l’autre. Si le cuir véritable n’existait pas sur Sagittari faute d’animaux, le faux rencontrait un vif succès, surtout depuis la métamorphose de la société initiée cinq ans plus tôt.

Ils déambulèrent un moment, à pied, dans les rues de leur quartier. La pénombre de la nuit tombante était compensée par tout un tas d’enseignes lumineuses multicolores dans les vitrines des boutiques et des cafés.

— Mate ça mec, c’te classe ! lança l’un deux. Quand j’y r’pense, c’était tellement naze y’a cinq ans ! T’avais zéro truc aussi stylé que ces illuminations.

— J’avoue, ouais.

Les amis s’installèrent sur une terrasse en bord de route, continuant à converser sur les récents changements de leur environnement visuel. Et sonore, aussi, puisqu’ils étaient régulièrement obligés de hausser le ton à cause des bruits de pneus des voitures passant à proximité.

— Tu taffes où, toi, maintenant ?

— J’ai pas changé, j’suis responsable client d’ma banque. C’est pas méga passionnant, mais bon, c’est plutôt relax. Et toi, mec ?

— J’étais à la centrale, à Vinelma, du coup…

— Du coup voilà, quoi ! s’esclaffa l’autre.

— Ouais… J’aurais pu renouveler l’contrat pour la nouvelle centrale mais sérieux, j’étais pas chaud… Du coup, j’fous un peu rien, c’est vrai. Ça va qu’j’ai mes parents qui m’aident ! Mais moi, mon kif, ça s’rait de faire un magasin d’jeux avec des illuminations de ouf comme celles-là, déclara-t-il alors en désignant les multiples éclairages tout autour d’eux.

— Bah bouge-toi les fesses et fais-le, ton truc !

— T’inquiète, mon gars. Pari tenu, dans trois ans t’auras une boutique de gaming comme jamais t’en as vu, juste là, annonça-t-il enfin, fier, en montrant du doigt l’autre côté de la rue.

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