Chapitre 5

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Aédan

Je suis de mauvaise humeur ce matin. La circulation a été une épreuve comme tous les jours. Je n’aime pas les lundis. Au retour du week-end, les salariés ne sont pas opérationnels avant 10h00, les cerveaux sont encore embrumés. Ils ont un besoin impérieux de se raconter leurs folles soirées du samedi soir et de comparer leurs gueules de bois du dimanche.

Alors que j’avale les étages dans l'ascenseur, je fais un point sur ma journée. Je suis contrarié par le fait que Maddie m’abandonne durant quelques mois. Je suis grognon et je ne pense pas pouvoir faire beaucoup d’effort pour améliorer mon humeur. Il faudrait que j’en ai envie pour ça. Je n’aime pas que l’on change mes habitudes.

Maddie est enceinte. Je ferai l’effort ce matin de me rendre à son bureau avec un air débonnaire. Comme je me suis levé du pied gauche, je sais que Maddie réussira à retourner mon humeur avec une petite remarque ou une anecdote. Tous les matins, je fais un point avec elle, c’est notre rituel. C'est mon rayon de soleil. Je pénètre dans son bureau sans même frapper, Maddie ne s’en offusque jamais, normal je suis le boss.

Je sors de l'ascenseur, salue l'hôtesse d’accueil comme tous les jours et me dirige d’un pas décidé vers le bureau de Maddie avec l’espoir de la trouver souriante, une tasse de café fumante. J’aime l’odeur du café chaud, on peut repérer son bureau rien qu’à l’odeur le matin avant que tous les autres arrivent. Maddie est matinale, elle est souvent au bureau avant moi.

Je la vois assise derrière son bureau avec son ventre légèrement arrondi et sa tasse de café fumante à la main. La grossesse lui va bien mais je me garde de lui dire, je ne voudrais pas qu’elle s’habitue aux compliments. Je rentre pour la saluer quand un bruit m’interpelle. Je fronce les sourcils et Maddie me sourit gêné. Je dois avouer que voir Maddie sourire ce matin adoucit déjà un peu ma mauvaise humeur. Voici une des raisons qui me pousse à venir la voir. Elle arrive toujours à m’apaiser rien qu’avec son sourire. Elle est comme le café du matin, irremplaçable et indispensable. Elle donne le ton de la journée.

Un autre grognement résonne. Cette fois-ci, je sais que ce bruit provient du bureau d’à côté. Je ne dis toujours rien, interloqué, attendant que Maddie dise quelque chose. Elle reste muette mais ses yeux pétillent de malice. Mon regard ne cesse de la questionner sur la provenance de ces petits bruits. Elle me fait un signe de tête vers le bureau d’à côté. Ce hochement de tête me confirme la présence de quelqu’un dans le bureau adjacent au sien. Les placards sur le mur mitoyen ne me permettent pas de voir qui se cache dans le bureau jouxtant le sien. Maddie travaille seule d’ordinaire donc qui peut bien être là ?

Intrigué, je fais quelques pas en fronçant les sourcils. On ne peut pas dire que j’aime les surprises. Maddie le sait et pourtant elle me garde dans l’ignorance. J’ai bien compris qu’elle veut que je découvre par moi même ce qui se cache de l’autre côté. Comme j’ai décidé d’être agréable à Maddie, je m'exécute. Les surprises sont des guet-apens pour moi. Mais celle-ci, je dois avouer qu’elle me plait bien. Je m’appuie au chambranle de la porte, les bras et pieds croisés. Mes yeux se portent sur ce qui semble être un joli fessier bien rebondi. La vue qui m’est offerte est très séduisante, mon regard est happé. Je n’arrive pas à m’en défaire. J’admire ce joli petit cul habillé par une jupe qui est retroussée à mi cuisse. Je reste planter là, n'arrivant pas à me dégager de cette vision. Je guette comme le lion guette sa proie en position dominante. Qu’est-ce qui va bien surgir ? Ou qui, devrais-je dire ? Je suis prêt à lui sauter dessus sans lui laisser aucune chance de s’échapper.

Un corps féminin se trémousse sous mes yeux, elle essaie de s’extirper de sous le bureau. La mine morose de ce matin s’envole assurément au fur et à mesure que ce petit cul se tortille. Mon attente est vite récompensée.

Elle se relève en me tournant le dos, ajuste sa jupe, sur des collants opaques, que je trouve trop longue. Ses jambes sont galbées par ses talons noirs, je n’ai plus de visuel sur ces cuisses, c’est dommage … Je ne suis pas rassasié de cette vue, j’aurais voulu profiter de ces images plus longtemps. En faire des photos mentales. Ce week end a été d’un calme plat et cette vision affole ce qui se trouve entre mes jambes. Tout comme le fauve qui sommeille en moi et qui est attisé par cette vue, une fois capturé ma proie, je la paralyse avant de la dévorer.

- C’est bon Maddie, j’ai réussi à l’attraper. Elle m’a donné du mal, la ciquine, dit-elle pleine de fierté avec une petite voix si douce comme la brise un soir d’été.

Je laisse alors mon regard se promener sur le reste de son corps, alors qu’elle se détourne tout doucement encore concentré sur sa tâche. Cette silhouette me propose un corps de femme plutôt menu. Elle est blonde ! Maddie me joue un vilain tour ! Je n’embauche pas de blonde, elles me font vriller. Nous avions un accord tacite, je ne drague pas et ne couche pas avec le personnel et pour m’aider à ne pas succomber, on embauche pas de blonde !

Il semble qu’elle ne m’est pas remarqué. Je laisse donc traîner mes yeux sur ce qui m’est offert plus que de raison.

Elle se retourne pour s’adresser à Maddie puis elle sursaute, un petit cri de stupeur s’échappe de sa bouche. Elle me fait fondre. Je n’arrive pas à regarder autre chose que ses lèvres rosées, restées entre-ouverte. Je sens comme un tressaillement dans mon pantalon. Un rictus au coin de mes lèvres s’étirent. Putain ! Cette fille me fait de l’effet, mon cerveau part en vrille.

Je ne suis pas un homme que l’on déstabilise aussi facilement en temps normal. En fait, aucune femme n’avait encore réussit en si peu de temps cet exploit. Mais qui est-elle ? Je suis intriguée. Mon corps réagit avant même que j’en ai conscience.

Soudainement, elle reprend contenance.

- Ne vous gênez pas, rincez vous l’œil ! éructe-t-elle. Vous n’avez rien d'autre à faire que de rester debout planté là ? Vous êtes qui d’abord ? Pas le service technique en tout cas !

Quelle fougue ! Je ne peux pas m'empêcher de lui sourire ce qui à l’évidence la met encore plus en colère. Sa contrariété m’amuse beaucoup. Plus que ça devrait.

- Merci pour cette autorisation ! En effet je ne suis pas de la maintenance, répondé-je ironiquement.

Elle se trouble davantage sous mes yeux inquisiteurs. Une seconde vibration monte dans mon pantalon. Je vais bander si elle continue de me regarder de cette manière. Ce petit bout de femme me soumet à la tentation.

Hum ! Cette bouche forme un «oh » dans un soupir violent. Je me vois bien y mettre ma virilité naissante dans cette bouche. Contre ses lèvres délicates, sa langue qui doit être si douce et rugueuse à la fois. Je suis en manque de sexe, c’est évident !

Elle rougit, elle est mal à l’aise. Lit-elle dans mes pensées ? Il ne faudrait pas, elle serait choquée de ma lubricité. Je sens l’excitation et le trouble dans mon pantalon s’amplifier. Si je ne me censure pas tout de suite, je vais me sentir à l’étroit.

Calme-toi mon garçon !

Je me reprends. J’abrège sa torpeur. Me dresse sur mes 2 jambes et fait volte face vers Maddie qui n’a pas perdu une miette de la scène qui vient de se dérouler sous ses yeux. Elle me regarde et me fait les gros yeux tout en souriant comme un enfant pris la main dans le sac. Oui, je me suis rincé l'œil et alors … . Je dois dire que je n’ai pas été très discret et que l’envie de l’être ne m’a pas effleurer.

Maddie sait que j’aime garder le contrôle sur mes émotions. Toutefois cette fois-ci je n'ai pas contrôlé grand-chose. Je me revois adolescent ne pouvant contenir mon érection devant une jolie fille, blonde de surcroît, avoir cette protubérance, me sentir à l’étroit et ne pouvant contenir mon envie de me soulager le plus rapidement possible. Pourtant je ne suis plus cet ado boutonneux, mal dans sa peau n’arrivant pas à contrôler son trouble. Je suis un homme respectueux et qui domine ses émotions dorénavant. Alors contrôle toi !

Pour briser le silence qui s’est installé, Maddie fait les présentations.

- Aédan, je te présente Suzanne MARTINS ma remplaçante durant mon congé maternité. Suzie je te présente M. Aédan SCOTT.

- Bonjour mademoiselle MARTINS ! Dis-je laconique.

- Bonjour M. SCOTT ! Dit-elle les joues cramoisi.

Les présentations sont brèves. Elle vient de comprendre que le type qu’elle vient de rabrouer est son boss. Je ne savais pas qu’il y avait une couleur après le rouge. Cette fille m’attire mais je ne comprends pas pourquoi. Elle n’est pas pulpeuse, elle ne dégage pas d’assurance et n’est pas très loquace. Cependant, elle me procure une sensation que je n’avais plus ressenti. La dernière qui m’a fait grimper la queue aussi rapidement avait 25 ans et moi 17 ans. Mon père avait embauché une jeune fille au père pour me chaperonner. Autant vous dire qu’elle a pris son job au sérieux, très au sérieux. Elle a passé plus d’une nuit à me surveiller de prêt.

Pendant que je regarde Maddie amusée de la situation, la jeune femme blonde essaie de retrouver un peu de contenance. Son trouble est excitant. Pourtant cette fille est devenue inaccessible depuis que je sais qu’il s’agit d’une employée. En même temps, ça la rend plus attrayante. Elle a un certain charme que je n'arrive pas à expliquer. Elle a fait tomber mes barrières en un regard alors que d’autres essayent depuis des années et ils n’y sont pas encore arrivés.

Non, on ne peut pas la garder ! Maddie connaît les règles, pas de blondes.

- Pourquoi tu ne m’as pas prévenu ? demandé-je à Maddie sur un ton discourtois.

- Je t'ai prévenu la semaine dernière que je recevais quelqu’un. Tu m’as même dit que je pouvais prendre qui je voulais. J’avais carte blanche pour choisir ma remplaçante, dit-elle faussement contrariée. Aurais-tu changé d’avis sur le sujet ?

- Tu aurais dû me la présenter avant, râlé-je. Tu aurais dû me faire un débrief sur ta remplaçante avant de la faire venir. Maddie, tu ne respectes pas les règles.

- Aédan c’est ce que j’ai fait à l’instant. Son arrivée est toute fraîche, elle est arrivée ce matin. Petit rappel, tu étais absent la semaine dernière. Comment aurais-tu voulu que je te fasse un débrief ?

Maddie me lance un regard plein de reproches. Je vais prendre cher si j’insiste pour ne pas la garder sans motif valable.

J’essaie de cacher mon émoi derrière une fausse contrariété. Maddie n’est pas dupe. Je dois reprendre le contrôle de la situation qui m’échappe quelque peu. Je décide de continuer cette conversation dans mon bureau. Je ne veux pas que Suzanne se méprenne sur notre échange. Elle n’est pas en cause, c'est moi. Je dois mesurer mon implication, ne rien laisser transparaître devant ma nouvelle assistance. Garder ses distances avec ces employés est nécessaire. Ma relation avec Maddie est particulière et il ne faudrait pas qu’elle pense que je tolérerai d’elle ce que tolère de Maddie.

- Maddie, pourquoi as-tu choisi cette fille ? Une blonde de surcroît ! dis-je mimant l’exaspération en levant les mains.

- Parce qu’elle voulait bien te supporter, me dit-elle sur un ton amusé. Je lui ai tiré un portrait de toi à faire peur à toutes ces midinettes et elle a dit “ oui “ tout de même. Elle est prête à essayer, elle ! Et toi, vas-tu lui laisser une chance de faire ces preuves ?

- Je ne suis pas sûr de persuader ma queue de rester dans mon pantalon ! déclaré-je pour la taquiner. Tu l’aimes bien, on dirait. Je me vois donc dans l’obligation de faire un effort avec elle, dis-je faussement contrarié.

- Oui, s’il te plaît. Essaie de ne pas trop la faire tourner en bourrique. Suzie est une fille gentille et douce. Ne l'effraie pas avec ton caractère bougon et intransigeant. Essaie d’être d’humeur égale avec elle comme tu peux l’être avec moi. Et surtout, ne la regarde plus jamais comme tu l’as fait ! Ce n’est pas une de tes poules, s’il te plaît. En plus je croyais que tu préférais les brunes ?! Dit-elle effronté en sortant du bureau.

Cette remarque n’attendait pas de réponse. Tant mieux. Je ne voyais pas épilogué avec Maddie sur mes préférences en matière de femme après cette entrevue avec ma nouvelle assistante alors qu’elle sait très bien que j’ai dès lors un faible pour elle.

Une fois Maddie partie, je profite de ce moment pour replacer ma gêne dans mon pantalon. Après cette petite mise au point, j’accorde à Maddie le fait que je vais essayer de faire des efforts de politesse et de courtoisie. Je ne dois donc plus la regarder avec lascivité. Soyons professionnels, mon garçon ! Ce n’est que pour quelques mois, la frustration n’est qu’une vieille amie qui fait son retour. Si j’avais su, j’aurais mis mon véto sur cette embauche. Maddie ne m’y reprendra pas de sitôt. Elle abuse de ma confiance envers elle pour arriver à ses fins. Mais pourquoi elle ? La duperie est stratagème que Maddie n’avait pas encore utilisé sur moi. Après toutes ces années de complicité, elle arrive néanmoins à me surprendre. Elle doit avoir ces raisons, je n’ai plus qu’à découvrir pourquoi.

Maddie et moi, on est comme un vieux couple. On se connaît depuis plusieurs années. Elle connaît mon passé tumultueux. Notre relation employé/patron n’est pas commune. On se connaît depuis une dizaine d'années. On a commencé quasiment en même temps au sein de la société que j’ai hérité au décès de mon père. Maddie avait commencé sa carrière auprès de mon père et mentor. Quand j’ai repris le flambeau, je l’ai gardé près de moi comme me l’avait conseillé celui-ci. Une des meilleures décisions de toute ma vie. Je ne l’ai jamais regretté jusqu’à ce matin. Elle est un soutien précieux. Elle me donne des coups de pieds au fesses quand elle voit que je vais flancher ou que je vais déraper. Elle connaît tous mes secrets, les plus sulfureux. Maddie est plus que mon assistante, elle est mon bras droit et mon amie la plus intime. Maddie est la seule femme qui n’a pas succombé à mes charmes et avec qui je n’ai jamais eu envie d’aller plus qu’une bise sur la joue.

Je me recentre sur ma journée de travail. Je demande à Suzie d’organiser et de planifier quelques rendez-vous au bureau mais également à l’extérieur avec certains de nos clients. J’ai promis à Maddie d’être polie et courtois, je mets donc les formes dans mes messages. J’ai encore le temps de la faire fuir en ne l’épargnant pas et en la noyant dans le travail.

Ma concentration s’arrête net.

Le téléphone sonne.

Amanda.

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