Chapitre 6

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Aédan

- Bonjour Amanda, que veux-tu ? Dis-je agacé.

Amanda est mon ex-femme. Nous avons été mariés pendant 3 ans et nous avons divorcé il y a 2 ans et 3 mois maintenant. Les 2 premières années ont été idylliques. Nous étions un couple fusionnel. La passion était intense, les nuits étaient torrides. Rien que d’y repenser ma queue frétille. Puis au fil des mois, la passion s’est étiolée et notre couple aussi.

Je me souviens de notre rencontre comme si c'était hier. Mon père m’avait trainé à une de ces soirées mondaines pour glaner de nouveaux clients. Je ne voulais pas y aller mais Maddie, comme à son habitude, m'a encouragé avec véhémence à faire au moins acte de présence. Mon père était désireux de me présenter et de mettre le pied à l’étrier, fier de la relève et de sa progéniture. Mon père était comme un poisson dans l’eau, il connaissait bon nombre des invités. Il m’a présenté plusieurs d’entre eux.

Je m’ennuyais ferme. J’étais accoudé au bar un verre de whiskey irlandais à la main, je ne cherchais qu’à m’occuper l’esprit pour que la soirée passe le plus vite possible quand mon regard s'est stoppé net sur une pulpeuse brune. Elle portait une robe rouge qui soulignait ses formes sans en dévoiler trop. Elle était tout en subtilité, sexy mais élégante. Je contemplais cette femme qui monopolisait la conversation avec aisance lorsque son regard s’est détourné sur moi. Elle s’excusa et me rejoignit au bar. On s’est dévorés des yeux puis elle a engagé la conversation. Son assurance m’a séduit au premier regard avec sa vivacité d’esprit et son intelligence. Elle savait ce qu’elle voulait, elle savait ce qu’elle venait chercher et surtout qu’elle m’avait harponné dès qu’elle avait jeté son dévolu sur moi. A cet instant j’étais foutu, pris au piège. Si j’avais su, ce jour-là j’aurais pris mes jambes à mon cou et j’aurais fui sans un regard dans sa direction.

Nous avons passé le reste de la soirée ensemble à faire des minauderies aux autres invités. Ce soir là mon père est reparti seul néanmoins il était satisfait que j’ai harponné un gros poisson comme il aimait à le dire. La fille d’un gros client, peu importe la manière du moment que les deux parties en ressortent satisfaite. Voilà ce qu’il me confia le lendemain. Il m’a encouragé à suivre mes certitudes.

Ce soir-là, je l’ai raccompagnée et nous avons passé notre première nuit ensemble. Nos corps incandescents se sont mêlés toute la nuit. Six mois plus tard, nous étions mariés.

Après réflexion, je n’aurais pas dû me marier si tôt. Ce fut la plus grosse erreur de ma vie. Malgré les avertissements de mes proches, je ne la voyais pas comme eux la voyait, j’étais aveuglé par l’amour ou par mon orgueil qui a sûrement pris le dessus, un petit peu.

Amanda est une femme qui n’admet pas la défaite même si elle est évidente aux yeux de tous. Elle a des origines italiennes, un caractère méditerranéen, elle s’emporte assez vite. Je n’ai pas peur d’elle, je crains juste son caractère emporté et sa jalousie maladive. Tant que l’idée ne vient pas d’elle, elle est un vrai bouledogue, elle fonce dans le tas sans s’inquiéter des conséquences pour les autres. C’est un trait de caractère qui m’a plu au début mais son impétuosité va vite lasser.

Après la passion, l’amour s’est envolé. Notre histoire s’est ternie. Nous nous sommes mis à nous engueuler pour des petits riens et à nous réconcilier sur l’oreiller. L’engrenage était lancé et nous n’arrivions plus à nous parler sans nous hurler dessus. Le sexe est la seule chose que nous partagions dans ce simagrée de mariage. Les câlins post-engueulade finirent par ne plus fonctionner. Je n’arrivais plus à lui hurler dessus et à bander en même temps. Notre relation était devenue nébuleuse. Je la détestais pour ce qu’elle me faisait ressentir et en même temps je la désirais pour les mêmes raisons.

Amanda ne voulait pas abandonner, c’est une obsédée. Elle m’a fait une suggestion. Une dernière chance de relancer la passion. Elle m'autorisait à avoir des relations sexuelles avec d’autres femmes mais uniquement celles dont elle aurait au préalable donné son accord. Elle voulait contrôler le choix de mes conquêtes, elle trouvait que ça apportait plus de piment. Quand elle approuvait mon choix, j’avais le droit de conclure. Nous avions un pacte et nous nous y tenions. Ce qui à relancer notre couple un temps pour le faire sombrer plus vite.

Chaque nuit passée à l’extérieur devait lui être rapportée sans omettre le moindre détail. Ai-je eu droit à une fellation ? Sa langue tiède et douce m’a t-elle caressée aussi prodigieusement qu’elle ? Combien de fois l’ai-je pénétré ? Y ai-je pris du plaisir ? Combien d’orgasme je lui ai donné ? Amanda voulait garder le contrôle de la situation en reprenant le pouvoir. Je bandais à nouveau dans notre lit conjugal pour son plus grand plaisir. Cet arrangement me frustra plus qu’il ne m’apporta du réconfort, finalement.

Amanda s’est vite rendu compte que je n’étais plus heureux mais elle me voulait pour elle, mon bonheur lui importait peu. Ensemble, on arrivait à donner vie à ses fantasmes. Je ne lui refusais rien. Quel homme pourrait ne pas vouloir assouvir les fantasmes débridés de sa femme ? Avant notre rencontre, Amanda aimait butiner différentes fleurs. Elle n’avait pas d’inclination particulière. Lors de mes escapades sexuelles, il lui arrivait, si la gazelle était partante, de se joindre à nous. On peut dire qu’Amanda a réussi à amener un peu de sel dans notre couple alors que celui-ci périclitait.

Elle trouvait ça très excitant. J’ai accepté de me soumettre à son désir car cela me permettait de m’évader et d’assouvir l’un de mes fantasmes. Après tout il ne s’agissait que de sexe pour du sexe, pas de sentiments. Mais voilà, Amanda s'est enorgueilli et elle s’est montrée sous son vrai jour. Elle aimait se vautrer dans la luxure. Elle est devenue addict à ces fantasmes.

Notre pacte avait une unique règle, une fille différente, jamais la même deux fois de suite. Il n’était pas question que je lui échappe et qu’une autre me possède. Son appétit sexuel grandit au fil des mois, elle voulait que je chasse plus souvent la gazelle. Mais j’ai fini par me lasser, et je n’ai plus voulu chasser. La lionne a commencé à ramener des femmes à la maison pour moi, pour nous. J’ai refusé, je ne bandais plus, elle m’avait dévirilisé.

La frustration est devenue une compagne au fil des mois. J’étais comme ce petit ver qui s’affole au bout de l’hameçon, il sait qu’il va se faire dévorer et ne peux rien faire pour se dégager. Je me sentais pris au piège de cette relation dans laquelle je ne prenais plus de plaisir. Notre relation de couple n’évoluait pas dans le sens que je m’étais rêvé au début de notre mariage. Je me suis fatigué de cet arrangement dans lequel Amanda m’avait enfermée. Je ne supportais plus ces crises de jalousie, ces reproches de m’éclater au pieu alors que c’est elle qui m’y avait encouragé. Notre histoire était malsaine. Elle prenait du plaisir dans le triolisme alors que moi je sombrais dans la tristesse et la mélancolie.

Au décès de mon père, j’ai eu un électrochoc. Je voulais plus que ce qu’Amanda pouvait me donner. Je voulais avoir ce que mes parents avaient eu, fonder une famille, avoir des enfants. On n’avait jamais abordé le sujet et quand le courage m’est venu de lui en parler, elle a reconnu qu’elle n’en voulait pas. Elle pensait que je changerais d’avis, qu’elle me suffirait. Elle m’a confié qu’elle ne me voyait pas dans le rôle de père. Ces mots m’ont particulièrement blessé. Cette envie est un besoin viscéral qu’elle ne comblerait pas. J’ai pris une résolution. Je le savais, je n’avais plus qu’à lui faire admettre. Nous étions arrivés à la fin de notre mariage. Deux années s’étaient écoulées.

Devenir père ne m’arrivera peut-être jamais mais son aveu m’a fait réaliser à quel point j’étais malheureux dans mon couple. Amanda m’a accordé le divorce en gardant l’espoir que je reviendrais vers elle que je changerais d’avis. Elle me relance régulièrement en essayant vainement de me re-séduire. Je déteste la manière dont elle pense que je lui appartient. On ne peut pas posséder une personne comme on possède un bien.

J’ai un lien avec mon ex-femme qui ne pourra pas s’effacer. Je ne peux pas l’écarter de ma vie sans avoir l’impression de l’abandonner. L’abandon est un sentiment que je connais bien, la rupture franche, nette m’effraie je l’avoue.

Le divorce a été comme un soulagement, une libération, une évidence. J’adore ma vie retrouvé de célibataire, j’ai trouvé un équilibre entre ma vie professionelle et ma vie personnelle. Je baise qui je veux quand je veux sans avoir à rendre de compte à qui que ce soit. La vie rêvé d’un célibataire.

- Bonjour Aédan, comment vas-tu ?

- Je vais bien et les affaires aussi, dis-moi plutôt pourquoi tu appelles ? répondé-je agacé par son appel.

Par expérience j’ai appris qu’il valait mieux lui répondre. L’ignorer ne sert à rien et ça m'évite des entrées fracassantes qui ne font que déconcentrer les équipes et alimenter des rumeurs. Il y a bien assez de ragots comme ça sans que mon cas personnel ne les alimente. Je suis un PDG reconnu mais pour Amanda, je suis encore ce jeune homme plein de fougue près à faire les quatres cents coups avec ces potes. Elle refuse d'intégrer le fait que j’ai mûri, je suis devenu un homme respectable et responsable.

- J’ai appris que Maddie allait bientôt avoir un bébé et je voulais savoir si tu avais besoin d’une cavalière pour tes prochaines sorties officielles ? me lance-t-elle d’un ton suave.

- Tu n’as plus à t’inquiéter de ça. Nous ne sommes plus mariés, Amanda. J’ai déjà prévu et palier à l’absence de Maddie aussi bien au bureau que pour les soirées mondaines. Je n’ai pas besoin de ton aide, répondé-je irrité.

- Puis-je savoir par qui ? Qui sera l’heureuse élue qui aura l’honneur d’être à ton bras ? Je la connais ? Tu me la présenteras ?

- Non.

J’entends au son de sa voix que ma réponse ne lui a guère plu. Par moment, il m’est très dur d’y mettre les formes surtout avec Amanda. Ce qui a pour effet de la contrarier, l'énervement et la colère s’en suivent et on finit par s’engueuler. Le cercle infernal.

- Amanda, mon prochain rendez-vous est arrivé, je dois te laisser, tenté-je pour mettre un point final à cette discussion qui va mal se finir. Cela n’a pas l’air de fonctionner.

Amanda essaie de se contrôler, elle n’aime pas ne pas avoir le dernier mot. Un blanc et un profond soupir plus tard.

- Tu ne t’en tireras pas par une pirouette M. SCOTT, tu le sais ! Je finirais par savoir qui t'accompagnera. Tu ferais mieux de me le dire maintenant, dit-elle folle de jalousie. La pauvre ne supportera pas la comparaison avec moi, tu le sais. J’ai accepté Maddie au fil du temps mais je n’accepterai personne d’autre, tu …

- Je n’ai pas le temps. Au revoir Amanda.

Je finis par raccrocher avant qu’elle se lance dans son éternel monologue sur le fait que tout ceci n’est qu’un jeu que j’entretiens pour attiser la flamme. Je n'entretient aucune flamme et je ne veux plus jouer à aucun jeu avec elle.

Quand est-ce qu’elle le comprendra enfin !

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