Chapitre 19

8 minutes de lecture

Aédan

Maddie m’avait prévenu qu’Amanda ne réagirait pas de manière convenable. J’espérais qu’elle serait se tenir parmis tous ces invités. Amanda m’a envoyé un de ses larbin pour m’éloigner de Suzie. Elle me connait assez bien pour savoir que pour éviter un scandale j’accepterai cette entrevue. J’ai prétexté une urgence professionnelle et je me suis éloigné à contre-coeur de Suzie.

Tous les espoirs que j’avais fondés sur cette soirée ont été anéantis en un claquement de doigts. Je me vante d’être un homme intelligent qui avance ces pions avec trois coups d’avances mais là j’ai été l’homme le plus stupide qui est foulé cette terre.

Mon cœur s’est arraché de ma poitrine lorsque j’ai dû lâcher sa main si douce. J’avais promis de prendre soin d’elle et j’ai failli. J’aurais dû être plus méfiant envers les réactions d’Amanda. Mon manque d’anticipation a blessé Suzie. Il n’est pas question que cela se reproduise.

Amanda était en pleine exaltation quand je me suis approché du petit groupe formant un auditoire autour d’elle. Je ressentais si vivement le manque Suzie à ce moment-là. Et j'enragais de voir Amanda me faire languir. Elle voulait que je passe un maximum de temps loin de ma cavalière pour me punir de l’avoir ignoré lors de notre dernier échange téléphonique. Amanda est une garce, je le sais et je suis toujours surpris de son attitude. L’espoir qu’elle change me dupe à chaque fois.

Mon ex s’excusa tout de même auprès de son public pour venir à ma rencontre. Elle mimait son indifférence comme si ma présence lui importait peu. Alors que je sais très bien qu’elle s’est enquis de ma venue. La diva joue son rôle à la perfection. Elle a étudié son rôle avant son ultime représentation. Elle m’emmena dans une pièce plus petite à l’écart des mondanités pour nous isoler. Elle attaqua directement le vif sujet. Elle me questionna sur la présence de cette « greluche ». J’eus un pincement au cœur mais je ne devais pas lui montrer qu’elle avait réussi à m’atteindre. Elle n'hésiterait pas à profiter de la moindre faille pour faire une esclandre. Ce n’était ni le moment et encore moins le lieu pour laisser éclater sa jalousie irraisonnée.

Je lui ai donc dit une demi-vérité. Je lui ai parlé de la grossesse de Maddie et de la « greluche » comme elle se plaisait à l’appeler qui avait un prénom : Suzie. Je lui ai présenté Suzie comme la jeune femme qui allait remplacer Maddie durant son congé maternité. Pour mieux expliquer sa présence à ce gala. J’ai cru l’avoir un moment tranquillisé mais tout à coup elle s’est mise à m’allumer. Elle s’est frottée contre mon entrejambe. Elle m’a susurrée d’une voix suave que je lui manquais. Elle semblait croire que mon enthousiasme de ce soir lui était dû. Mon engouement était simplement dû à ma cavalière. Amanda s’arrange souvent avec la réalité pour qu’elle lui convienne. Elle avait envie de moi mais elle aurait dû se rappeler que son manège ne fonctionne plus depuis des années. Son charme est inopérant, je suis immunisé contre elle.

Je lui ai attrapé les bras et l’ai repoussé gentiment. Je lui ai lancé un sourire rempli de gêne pour elle et d’incompréhension. Je lui ai demandé si il y avait réellement une urgence car je devais aller saluer d’autres invités avant la fin de la soirée. Le désappointement s’est lu sur son visage. Penser t-elle réellement que nous allions baiser sur ce coin de bureau ?

Je suis choqué qu’elle ait pu le croire, sa désillusion ne m’a pas touchée même une brève seconde. Je ne pensais qu’à retourner auprès de Suzie et abréger cette discussion qui n’avait aucun but à part m’éloigner d’elle. Elle était une fois de plus jalouse, la jalousie ne lui sied vraiment pas. J'exècre ce sentiment. Amanda n’accepte pas que je lui échappe mais elle n’a plus d’emprise sur moi. Quand va-t-elle enfin l’accepter ?

J’ai croisé Greg en sortant du bureau et son air grave m'a inquiété.

- Qu’est-ce que tu fous ici avec elle alors que ta une superbe nana qui t'attend dans la grande salle ? Tu déconnes, mec !

- Elle aurait péter un plomb si je n’étais pas venu la voir, tu le sais comme moi. Et ce n'est pas bon pour les affaires.

- Des excuses, tout ça ! Amanda te fait tourner en bourrique depuis des années et tu cours à chaque fois. Quand est-ce que tu vas couper le cordon avec cette garce ? Elle t’a pourri la vie et elle continuera encore tant que tu lui porteras de l’attention. Alors que tu as une nana sympa et jolie comme un cœur qui n’attend que ça que tu lui portes un peu d’attention. Tu préfères esquiver, une fois de plus. Tu te plains mais tu ne fais rien pour changer les choses !

- Je ne suis pas un lâche, espèce d’enfoiré ! dis-je vexé.

- Montre moi ça alors ! Va la retrouver avant qu’un autre moins con que toi te la souffle sous le nez. Ce con pourrait être moi si tu continue à la traiter de cette manière, me taquine t-il.

- Tu n’oserais pas faire ça ! T’es mon pote ?!

- Alors agit comme il faut ! Elle ne mérite pas que tu la traites comme ça. Elle vaut beaucoup mieux que ça.

- On s’engueule pourquoi en fait là ? A cause de ma lacheté envers Suzie ou envers Amanda ?

- Les deux crétins ! se moque-t-il.

On s’est quitté le sourire en coin. Je le remercie d’avoir pris soin de Suzie pendant mon absence et d’être venu à mon secours pour m’extirper des griffes de mon ex-femme. J’ai pris mes jambes à mon cou pour rejoindre Suzie sans perdre une seule minute supplémentaire.

Amanda croit que je suis sa chasse gardée. Il fallait que je me rende à l’évidence, Maddie avait raison. Amanda devra désormais faire avec mon envie de fréquenter d’autres femmes. Suzie est rentrée dans ma vie et je n’ai pas envie qu’elle en sorte. Cette fille n’est pas du tout mon genre et pourtant elle me fait perdre la tête. Je pensais qu’en m'éloignant d’elle je ne penserais plus à son petit cul se tortillant sur ses talons mais ça n'a pas fonctionné. Alors j’ai changé de tactique, j’ai essayé de me rapprocher d’elle et j’ai tout fait foiré. Résultat final, je ne réfléchis plus qu’avec ma queue quand je songe à elle. Par contre, je ne suis toujours pas plus avancé sur ce qu’elle pense de moi. Sur la manière dont elle me perçoit. La situation reste complexe, je comprends que je reste son patron avant tout et que cela puisse l’effrayer.

En tout cas, je vais devoir prendre le taureau par les cornes et me montrer inflexible vis-à-vis d’Amanda. La bataille va être rude mais j’ai la ferme intention de gagner.

Amanda évincée, je pensais pouvoir retrouver Suzie et profiter de cette réception. Mais voilà, il y a eu ce trouduc ! J’ai toujours la même envie de lui coller mon poing sur sa gueule d’ange. J’ai du mal à comprendre ce que Suzie a pu lui trouver. Je ne suis pas très objectif, je l’avoue, rien que de savoir qu’il a pu la toucher me rend vert de rage.

Elle n’allait pas m’attendre toute la soirée comme une potiche, je me doutais bien. J’ai aperçu M. ROSSI au loin. Je me suis dirigé vers lui qui j’en suis convaincu à garder un œil sur Suzie. C’est à ce moment-là que M. ROSSI me glisse à l’oreille que ma cavalière que j’ai lâchement abandonné se trouve avoir beaucoup de succès ce soir. Plusieurs abeilles ont tenté de butiner la jolie fleur. Il ne m’épargne en rien en ajoutant que si Suzie avait été sa cavalière, il ne l’aurait jamais lâché dans ce jardin aux milliers d’abeilles virevoltantes.

- Une beauté pareille ne laisse pas insensible un cœur à prendre. Vous allez vous faire piquer votre avance, me dit-il paternaliste. Vous semblez avoir besoin de prendre l’air mon cher. Je vous conseille la terrasse pour vous rafraîchir. Il se pourrait que la vue à cette heure de la nuit puisse vous paraître magnifique.

- Je vous remercie M. ROSSI et vous souhaite une agréable soirée.

M. ROSSI m’a sourit et m’a fait un clin d'œil. Son manque évident de subtilité m’a fait comprendre qu’elle se trouvait à l’extérieur. Suzie avait dû trouver un petit coin pour se réfugier. Je sais qu’elle avait de l’appréhension concernant cette soirée et mon absence n’a pas dû la rassurer. Je me rends à la terrasse par une de ces immenses fenêtres côté gauche. Cette partie est déjà occupée par plusieurs personnes sirotant leur breuvage un verre à la main et discutant. Je cherche Suzie mais je ne la vois pas. J’arpente cette terrasse de gauche à droite.

De temps en temps, je suis obligé de m’arrêter quelques secondes pour saluer des invités et je m’excuse auprès d’eux en prétextant que je suis attendu un peu plus loin. Moi qui n’aime pas mentir pour rien, me voilà servi. Je ne suis peut être pas tout à fait attendu en fin de compte. Les réflexions de M. ROSSI à propos de mon manque de délicatesse commencent à m’inquiéter. Suzie est introuvable. Les mots de M. ROSSI tourbillonnent dans ma tête.

Quoi ?! Je crois devenir fou quand je vois ce type la maintenir contre lui avec fermeté. Mon premier réflexe a été de me dire que Suzie n’avait pas perdu de temps à trouver un homme pour se consoler. Puis j’ai vu très rapidement qu’elle n’était pas consentante et qu’elle essayait de se dégager de son emprise sans pouvoir y parvenir. Cet homme faisait mal à Suzie en l’empoignant de la sorte. Une furieuse envie de lui casser toutes ces dents m’a envahit. Je prends sur moi car ce n’est pas le lieu pour se répandre. Mon image est importante dans mon métier, mes clients me font confiance et je ne peux pas mettre tout en cause en quelques secondes d’égarement. Je dois contenir ma colère. Je garde mon sang froid. Je l’ai menacé et ce poltron a fini par lâcher son étreinte.

A partir de ce moment, Suzie n’a plus décroché un mot. Ces yeux humides se sont cachés de moi. J’ai une rage incontrôlée envers cet homme. Il a fait souffrir Suzie et je ressens le profond désir de lui asséner un coup de poing pour chaque larme versée.

La nuit fut agitée pour Suzie comme pour moi. J’aurai aimé avoir une explication devant un bon petit déjeuner mais Suzie en a décidé autrement. Elle avait besoin de retrouver un lieu sécurisant et avec des personnes qui pourront la rassurer. J’aimerai qu’elle ait confiance en moi pour qu’elle se livre mais elle s’est évaporée au petit matin comme la brume matinale. L’intimité qui aurait découlé de cette soirée aurait pu nous rapprocher.

Amanda n’est pas la seule fautive dans cette histoire. Je l’ai aidé à tout faire capoter en lui accordant plus d’importance qu’à Suzie. Ce qui me fait me demander si je suis vraiment prêt pour autre chose qu’une relation d’un soir ? Je ne sais pas encore, je doute qu’une femme droite comme Suzie puisse comprendre et admettre mon style de vie passé. J’ai peur qu’elle me juge et me repousse comme les autres.

Habituellement, je refuse de tomber amoureux car l’amour fait mal. Je baise et je quitte avant de m’attacher, telle est ma devise, où du moins elle était.

Annotations

Vous aimez lire C. Bédéhache ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0