n°6
Une silhouette sombre avançait dans les rues de la ville endormie. Les seuls bruits aux alentours étaient ceux de ses propres chaussures qui martelaient le goudron de la route. Il se retourna un instant, cherchant à savoir si quelqu’un le suivait, mais n’aperçut qu’un chat, qui se sauva au moment précis où leur regard se croisa. L’homme haussa les épaules et s’arrêta face à une maison banale. Il y entra, claqua ses pieds sur le seuil de la porte avant de s’enfoncer dans l’habitation. Bien vite, il quitta les couloirs chaleureux pour rejoindre la cour. Il y ouvrit une porte, qui semblait amener à une dépendance. Il y alluma la lumière et s’avança. Au centre de la pièce, une chaise pliante, tout ce qu’il y avait de plus banale. Une jeune femme attachée était assise dessus. Celle-ci devait avoir une vingtaine d’années. Blonde, avec de légères taches de rousseur, de jolies pommettes et une petite tache de naissance en forme de fraise au niveau de la clavicule. Elle avait les yeux fermés, comme si elle dormait, mais en vu des circonstances, il était difficile de croire qu’elle puisse faire une petite sieste. L'homme observait de loin les ecchymoses et les coupures plus ou moins profondes sur la peau diaphane de la jeune fillen, traces de ses précédentes visites. Autour de son cou, une chaîne en argent, doté d’une médaille gravé. Annabelle. L’homme ferma la porte derrière lui, délicatement, rendant l’ambiance un peu plus lourde. Il s’approcha d’elle, le pas traînant et un sourire au visage. Du bout des doigts, il tortillait les cheveux de la femme endormie, s’amusant à les enrouler autour de ses phalanges. Sa main droite s’empara rapidement de ses cheveux, les attrapant d’une poigne ferme et tira dessus, non sans violence. La jeune femme ouvrit les yeux et laissa s’échapper un cri. Les mains liées dans son dos, elle ne pouvait se défaire de l’emprise de l’homme qui maintenait sa tête en arrière, un éternel sourire aux lèvres. Il se pencha vers elle, pour venir lui susurrer à l’oreille qu’il ne voulait pas l’entendre. Immédiatement, elle serra les lèvres et ferma les yeux, terrifiée par la situation. Après avoir déposé un baiser claquant sur la tempe d’Annabelle, l’homme la lâcha et s’écarta.
- Qu’allons-nous faire aujourd’hui ma grande ? Qu’est-ce qui te plairait ?
Seul le silence lui répondit, changeant son sourire en une moue boudeuse. Il se rapprocha de nouveau de sa victime, s’agenouillant à sa hauteur. Il prit son visage entre ses deux mains, et lui ordonna de lui répondre. Elle bredouilla entre deux sanglots qu’elle souhaitait rentrer chez elle.
- Rentrer ? Et pourquoi faire ? Tu restes ici avec moi, jusqu’à ce que je décide de ce dont il adviendra de toi. Tu es très agaçante toi ce soir.
Il se releva d’un coup, provoquant un sursaut d’Annabelle. Il lâcha un rire froid, qui sembla résonner dans toute la pièce humide. Il s’approcha de ce qui semblait être une boite à outils, farfouilla à l’intérieur et en sortit une pince. Son sourire refit son apparition, renforçant la crainte de la jeune fille qui se mit à se tortiller sur sa chaise dans l’espoir vain de pouvoir s’enfuir. Bien vite, son camarade arriva et d’une simple pression sur son épaule, la figea. Lentement, il s’accroupit de nouveau, mais cette fois-ci, derrière elle. Il approcha ladite pince de sa main droite, en agrippa l’annulaire et le brisa d’un coup sec, lui provoquant un hurlement atroce. Il réfléchit un instant, et reposa sa pince sur le sol avant de se lever et de rejoindre la cour où il ramassa une pierre de la taille de sa paume. Il rejoignit Annabelle et la détacha après avoir de nouveau agrippé sa chevelure blonde comme les blés. Il la mit sur le sol, la bloqua, prit sa main droite et la plaça au-dessus de sa tête. La pierre à la main, il rigola avant de la frapper à plusieurs reprises. Le bruit des os qui craquait sous le poids de la pierre se fit entendre, bientôt suivit des cris de souffrance d’Annabelle. Du sang gicla, maculant le sol et éclaboussant au passage le cuir chevelu de la jeune femme. À mesure que la souffrance d’Annabelle grandissait, le plaisir et la joie de l’homme augmentait. Il fit la même chose sur l’autre main, ainsi qu’à ses genoux avant de la relever et de la réinstaller sur sa chaise, sans prendre le temps de la rattacher. Dans l’état de choc où elle ne tarderait pas à arriver, l’attacher serait bien inutile puisqu’elle rentrera bien assez tôt dans une aphasie et une catatonie qui l’empêcherait de faire le moindre geste. De plus, au vu de l’état de ses genoux, s'en aller était plus qu'improbable. Tout en fixant sa cible, il tendit son bras vers une paire de ciseaux positionnée sur une table non loin de lui. L’objet fermement dans sa main, il attrapa Annabelle par le cou, lui exerçant une pression assez forte pour qu’elle demeure tranquille sans pour autant basculer dans l’autre monde, celui des rêves et des songes. Il approcha la lame de la main meurtrie de la jeune femme et s’amusa à la faire entrer lentement, provoquant des cris atroces de la victime. Après lui avoir lancé un coup de pied dans les mains, l’homme se pencha vers Annabelle et la tira à l’extérieur du bâtiment où se trouvait un large contenant en plastique bleu, servant à récolter l’eau de pluie. Il y plongea la tête de la jeune femme, ne lui faisant respirer l’air frais de la nuit qu’aux moments où l'oxygène lui manquait.
- Je ne voudrais pas que tu meures déjà, le jeu ne fait que commencer. Lâcha-t-il avant de lui lécher la joue, lapant ainsi l’eau de pluie et les larmes qui trempaient la jeune femme.
Lorsqu’il eut terminé son petit jeu, il la poussa sur le sol et la tira jusqu’à l’intérieur de la dépendance. L’odeur du sang était légère, mais on la distinguait tout de même, une fois passé outre celle de la poussière. Il poussa Annabelle sur la chaise et l’observa. Elle était totalement amorphe et il adorait ça. Il récupéra sa pince et s’approcha de nouveau des mains fines et ensanglantées de la femme. Il s’amusa à retirer chaque ongle, un par un, ne provoquant plus de réelles réactions de sa victime, si ce n’est des sursauts à chaque fois qu’ils sautaient. Cette dernière tremblait autant de peur que de froid. Du sang coulait de ses mains en même temps que ses larmes qui ne se tarissaient pas. Elle regrettait amèrement d’être sortie la semaine précédente. Elle pensait à sa famille et à ses amis qui devait sans doute la rechercher. Elle laissa échapper un sanglot qui attira son tortionnaire face à elle. Ce dernier lui pinça les deux joues.
- Eh bien, je t’entends de nouveau. Ça fait plaisir ça !
Il la lâcha avant de récupérer un couteau derrière lui et de l’approcher des joues d’Annabelle. Il y entailla un cœur sur la droite, arrachant un hurlement à sa victime. Sur la gauche, il y inscrit « #6 ». Il reposa le couteau sur le sol après en avoir goûté le sang. Il se releva et attrapa une perceuse qu’il plaça contre la tempe de la jeune femme. Celle-ci tenta de le supplier d’arrêter, mais il ne lui offrit pour seule réponse qu’une violente claque. L’appareil se mit en route et traversa la boite crânienne de la femme qui s’égosillait. Le tortionnaire sourit et recommença à plusieurs reprises la perforation du crâne, à divers endroits. Son sourire se transforma en rire. Lorsqu’il fut certain que toute vie avait quitté ce corps, il lâcha son arme de fortune et prit une mine boudeuse.
- Déjà ?
Il lâcha un grognement sordide et attrapa la poupée de chiffon qu’était devenue Annabelle pour la tirer derrière lui. Il avança dans la dépendance et s’arrêta face à une porte en bois qu’il ouvrit avant de jeter la jeune femme à l’intérieur et de refermer. Malgré l’obscurité, on pouvait distinguer cinq formes sombres, en plus de celle d’Annabelle. Cette dernière venait de compléter une nouvelle case du tableau de chasse de son tortionnaire. Elle était le numéro six.
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