bataille

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Accoudée sur le bar, je sirotais mon cocktail au melon, la tête ailleurs. La barmaid me ramena sur terre, je payais et je quittais les lieux. Je déambulais dans les rues endormie, les mains dans les poches. Tout était désert, exception faites des quelques individus qui sortaient eux aussi des bars, et de deux trois SDF allongés sur le trottoir. Je donnais une pièce à l’un d’eux, celui qui jouait du tambourin tous les jours, et continuais mon chemin. Un concert de klaxon brisa le silence de paix, le remplaça par une cacophonie désagréable, mais brève. Je rentrais chez moi et m’endormais, fatiguée de la journée et du manque.
Le lendemain, je me réveillais, un mal de tête horrible me fendant le crâne en deux. Je serrais dans mes bras un coussin et y enfonçais mon visage pour y étouffer un cri, mélange de lassitude et de colère. Je n’en pouvais plus. J’allais craquer. J’allais perdre ma bataille. Je me levais et ouvris le frigo, la faim au ventre. Des restes de risotto et un fond de brique de lait. Ca me faisait un prétexte pour sortir. J’emportais l’argent qui me restait sur un coin d’une table, passais un coup de fil et rejoignis les rues désormais vivantes pour pouvoir prendre le bus.
Après quinze minutes de transports, je sortais du véhicule, mes écouteurs dans les oreilles afin de camoufler les bruits que faisait un enfant qui s’amusait avec un sifflet. J’envoyais un rapide message avant de continuer ma route. Dieu merci, je connaissais encore le numéro par cœur, même après l’avoir supprimé.
Je passais face à l’enseigne rouge du restaurant de poulet frit et de nuggets, humant l’odeur de la junk food qui envahissait la rue. J’arrivais enfin à destination, et m’asseyais sur un banc de métal, comme je l’ai longtemps fait.
Je ne pouvais pas m’empêcher de gigoter. Je n’avais pas réussi à tenir plus de deux semaines. Je me sentais minable.
Une femme âgée avec un chariot de course passa face à moi, et me demanda comment j’allais, un air inquiet sur le visage. Visiblement, mon état était très certainement pire que ce que j’avais imaginé. Je lui assurais que j’allais bien, et jetais un bref coup d’œil à mon téléphone, afin de voir ce à quoi, j’avais l’air. J’étais pâle, des cernes noirs maquillaient mes yeux et mes joues étaient creusées. Mon vieux jogging et mon sweat trop grand n’arrangeait rien à mon allure. Je ressemblais à une toxico en manque. Tout ce que j’étais.
Je faisais les cent pas sur le trottoir quand le Graal arriva. Je le vis avancer vers moi, les mains dans les poches. Il arriva à ma hauteur et je lui tendis les billets, impatiente de recevoir mon précieux. Il sourit et me donna mon bien avant de s’éloigner, toujours aussi jovial.
Je rentrais chez moi à une vitesse que je n’avais jamais imaginé atteindre. Je posais mon paquet sur une table afin de chercher mon matériel. Je n’avais pas réussi à m’en débarrasser, et finalement, j’en étais plus qu’heureuse.
Je m’installais à ma table et me dépêchais de me préparer, serrant l’élastique autour de mon bras droit. Après un certain temps, tout était prêt. Je pouvais revivre.
Je me piquais et me sentais de nouveau vivante. Je soufflais de soulagement en sentant l’héroïne se diffuser dans mon organisme. J’avais craqué. Quelle quantité je m’étais injectée ? Cette question fusa dans mon crâne. Je n’en avais aucune foutue idée. Plus le temps passait, plus je sentais ma respiration s’alourdir, et plus ma vision devenait floue. Je me sentais soudainement si faible. Mes yeux se fermèrent et ma respiration ralentissait encore.
Moi qui m’étais sentie si vivante plus tôt....

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