Dimanche midi

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Lorsque le ciel s’éclaire au doux matin d’azur,
Et que s’éveille en paix la maison aux murs sûrs,
Vient le jour consacré, précieux entre les heures :
Le dimanche midi, royaume des saveurs.

Les volets s’entrouvrent, la lumière caresse
Les meubles endormis, la nappe en délicatesse,
Et dans la cuisine où chante la cocotte,
Se prépare en silence une tendre symphonie hotte.

Le parfum du rôti, que l’ail doucement dore,
S’élève en nappe chaude, en promesse sonore,
Et les rires d’enfants, dans la pièce à côté,
Font frissonner les murs de joie retrouvée.

Sur la grande table, ornée de fleurs fanées,
Reposent les couverts, témoins des années,
Et chaque assiette, un peu ébréchée d’amour,
Raconte mille repas, souvenirs de toujours.

Voici l’oncle gouailleur, au rire rocailleux,
Qui débouche un bon vin en levant les yeux ;
Et la tante au tablier, matriarche discrète,
Qui distribue le pain d’une main bien secrète.

Le grand-père raconte, il l’a déjà dit cent fois,
Sa jeunesse, la guerre, les soirs sous les toits.
Mais nul ne l’interrompt, car son verbe ancien
Berce les petits, comme un refrain lointain.

La grand-mère, d’un œil tendre, veille au plat fumant,
Ses doigts ridés, trésors d’un labeur aimant.
Chaque bouchée qu’elle offre est un geste sacré,
Un don de tout son cœur, un amour concentré.

Le silence s’installe, mais c’est un doux silence,
Celui des bouches pleines et des âmes en balance.
Chacun goûte à la sauce, au temps suspendu,
Au miracle du pain dans la main tendue.

Et puis vient le dessert, la tarte aux souvenirs,
Préparée à l’aube, à peine sans rien dire.
Les enfants la dévorent, doigts collants de confiture,
Tandis que les plus vieux s’abandonnent à la nature.

Le café fume encore, les paroles dérivent,
On parle de l’école, des voisins, des dérives,
Mais toujours avec cette tendresse entre les lignes,
Ce respect tacite que la famille désigne.

Enfin, quand le soleil penche vers la vallée,
Et que la vaisselle chante une litanie voilée,
Chacun s’éparpille, le cœur un peu plus chaud,
Ayant goûté la paix d’un lien sans repos.

Le dimanche s’efface, mais reste en mémoire,
Ce festin sans faste, ce foyer, cette histoire.
Car dans chaque bouchée, dans chaque regard,
Vit l’éternel repas, simple, fort, et bavard.

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