Chapitre 2

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Je sens le soleil sans doute déjà haut dans le ciel. Je préfère garder les yeux fermés, sous mes mains, je sens quelques feuilles mortes de l'automne dernier et la terre humide de la rosée matinale. Le vent passe dans la cime des arbres, l'odeur de la nature me rassure. Quand je me décide enfin à ouvrir les yeux, les souvenirs me reviennent, sa mort me revient en tête, mais pas les larmes. Je me relève sur les coudes et regarde autour de moi. Je suis dans une clairière, les arbres semblent paisibles, rien ne trouble le vent qui passe dans leurs feuillages. Le ciel est limpide, d'un bleu magnifique sans aucuns nuages à l'horizon. En partant, je n'ai rien emporté avec moi. À vrai dire, mes pensées étaient plus occupées par sa mort que par une réflexion intelligente sur le fait de partir seule en foret sans aucuns points de repère. Mais bon, je vais devoir faire avec, de toute façon je me débrouille seule depuis maintenant un certain nombre d'années. Le rêve ou plutôt le cauchemar que je viens de faire m'a troublé, je me souviens mal de ces années passées à l'orphelinat, ce moment, je l'avais complètement oublié. J'essaie de me souvenir de ce qu'il s'est passé par la suite ; en vain. Cela reviendra peut-être plus tard, ce n'est pas important après tout, ce ne sont que des souvenirs de ma vie passée.

Après m'être relevée, je tourne sur moi-même pour trouver et suivre la direction inverse de celle que j'ai emprunté la veille mais il n'y a aucunes traces de mon passage, pas le moindre petit brin d'herbe écrasé, comme si j'étais arrivée là par enchantement. Après avoir cherché une bonne demi-heure, j'abandonne les recherches et décide de m'asseoir et de réfléchir pour décider de la route à prendre.
Hier lorsque je suis partie, je n'ai rien prévu pour me nourrir ou quoi que ce soit d'autre pour survivre plus facilement sans cette maudite forêt. Et après y avoir réfléchi, rentrer à ce qui me servait de maison n'est pas une bonne idée, trop de choses déplaisantes s'y sont passé, il est trop tôt pour mon cœur de revoir cet endroit où j'ai vécu et où j'ai été aimée et ai aimé.
Le vague souvenir qu'il me reste de mon arrivée dans la forêt, est que je me dirigeais vers le soleil couchant. Si on suis là logique ses choses, pour sortir il faudrait donc que j'aille vers l'Est.

Certes, réfléchir le ventre vide n'a jamais été mon fort, mais faute de nourriture, je dois faire avec. Et manger des plantes que je pense être comestibles dans cette forêt reviendrait à un suicide. À chaque endroit, les plantes ne sont pas les mêmes ou le résultat dans l'estomac devient mortel et au lieu de finir rassasié, on finit mort ou malade pendant des jours ; et sincèrement, ce n'est pas mon but premier. J'espère ne pas me tromper quant à la direction à prendre. Si il y a erreur, je finirais tout de même par sortir à un moment où à un autre. Les frontières de la forêt ne doivent pas être réellement impossible à retrouver.

Je me lève bien décidée à ne pas prendre racine dans la clairière. Le soleil étant à son point culminant, j'ai un doute sur l'emplacement des points cardinaux. Je fais quelques tours sur moi-même, me dirige au hasard vers un arbre et trouve l'Est grâce à la mousse présente sur le côté Nord du tronc. Forcément, je suis partie vers l'ouest. Je me retourne et pars d'un pas assuré, sans un seul regard derrière moi, sans aucun remords.

Je pense que je marche déjà depuis quelques heures, la faim commence réellement à se faire sentir. Je dois trouver quelque chose à ingurgiter, je n'ai rien pour chasser à part un petit couteau et sur ces terres le gibier se fait rare. Quant aux plantes, il n'est toujours pas question d'y toucher. Je continue d'avancer, la faim me tiraille, mais il faut avancer, peut-être vais-je finir par trouver quelque chose de comestible. Les fraises des bois sont inoffensives, ou du moins, je n'ai pas encore croisé la route des fraises mortelles. Il est vrai qu'une fraise ne nourrit pas son homme, mais c'est toujours mieux que rien.
La lumière du soleil a du mal à traverser la voûte de feuilles, mais je sens qu'il commence à descendre bas dans le ciel, pour bien faire, je devrais réussir à trouver de la nourriture avant la nuit.
Je ne suis pas chanceuse, mais aujourd'hui, la chance m'a souri pour la première fois depuis un certain temps : à quelques dizaines de mètres se trouve une rivière, et en m'approchant, j'aperçois sur la rive, un petit buisson de mûres. Ce n'est pas grand chose, mais l'eau est importante. Bien plus que n'importe quel repas. Je me précipite vers l'eau m'y lave les mains avant des les porter en coupe remplie d'eau à ma bouche. La rivière est profonde, il est probable que des poissons y vivent, je mange quelques mûres, elles ne sont pas très mûres, mais elles ont le mérite de remplir quelque peu mon estomac. La nuit va bientôt tomber, je décide de ne pas aller plus loin aujourd'hui, j'ai de l'eau à profusion et peut-être une source de nourriture plus importante qu'un roncier. Je m'allonge la tête posée sur mes bras croisés, je regarde l'eau couler. C'est paisible, rien ne vient troubler le long chemin sinueux de la rivière. Parfois, au fond de l'eau, j'aperçois des reflets argentés. Ce sont probablement des poissons. Demain dès mon réveil, j'essaierai d'en pêcher quelques-uns. Je ne sais pas encore comment emporter de l'eau, il va falloir trouver avant de partir, je n'aurais peut-être pas autant de chance la prochaine fois. Après avoir réfléchi à plusieurs options pour la poursuite de mon chemin, je m'autorise à penser à lui. Sa mort à beau être récente, repenser à mon ancienne joie d'être à ses côtés, repenser à son rire, à son visage, me fait oublier la situation dans laquelle je me suis mise par peur d'affronter à nouveau celui qui a réduit mon bonheur à néant. C'est donc en pensant à mon amour perdu que j'ai plongé droit dans les bras de Morphée.

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