Ce qu'on attend des autres.
Je m’assieds sur le bord de mon lit.
Épuisée. Pas physiquement, non. Pas vraiment.
C’est plus profond que ça.
Épuisée par cette journée, cette routine,
ce rôle que je joue sans fin,
ce masque que je remets chaque matin comme un uniforme trop serré.
J’enlève mes chaussures doucement,
comme si chaque geste était plus lourd qu’hier.
Je lève les yeux vers le plafond,
et mon esprit se remet à tourner, encore et encore, repassant le film de la journée,
les gens que j’ai croisés, les mots échangés, les silences avalés.
Tous ces visages, tous ces "ça va ?" lancés sans attendre de réponse,
tous ces rires convenus, ces conversations creuses qui me laissent vide.
Je me demande :
Est-ce que quelqu’un, aujourd’hui, m’a vraiment regardée ?
Vraiment vue ?
Pas mon visage, pas mes vêtements, pas mon sourire appris.
Mais moi.
Est-ce que quelqu’un a senti que je n’étais pas là ?
Que j’étais en pilote automatique ?
Peut-être pas.
Peut-être que je suis devenue trop bonne à faire semblant.
Et pourtant, je n’attends pas grand-chose.
Juste qu’un regard s’attarde.
Juste qu’un "ça va ?" soit posé comme une main sur l’épaule,
et pas comme une formalité vide.
C’est peut-être ça, le pire dans tout ça.
Ce qu’on attend des autres…
Ce n’est jamais grand-chose.
Mais c’est justement ce qu’on ne reçoit jamais.
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