1/5. Peur nocturne.

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C'était une soirée relativement normale pour Jessica et sa sœur. Elles étaient dans leur salon à regarder un film en essayant de se rafraîchir comme elles le pouvaient malgré la chaleur caniculaire. Elles n'étaient pas du genre à sortir le weekend comme leurs amis, ce qu'elles voulaient était juste de passer du temps l'une avec l'autre autour d'activités simples, sans prises de têtes et sans insécurité. Leurs parents étaient absents comme chaque fin de semaine, leur mère était au travail en garde de nuit à l'hôpital et leur père travaillait en usine en poste de nuit, les deux sœurs passaient leur temps ensemble.

Alors qu'elles étaient concentrées dans leur film, un bruit métallique fendit l'atmosphère auparavant légère. Les filles sursautèrent.

— Jess tu as entendu ?

— Evidemment, je ne suis pas sourde et vu comme c'était fort, y a de grandes chances pour que les voisins aient entendu aussi.

Le bruit se reproduisit, plusieurs fois de suite.

— Mais qu'est-ce que c'est ? C'est chez nous ?

— Non, c'est pas dans la maison, mais on dirait que c'est tout près. Dis, t'as bien tout fermé dans la maison hein?

— Comme toujours, oui.

— Alors, on n'a pas à avoir peur.

Elles se rapprochèrent l'une de l'autre, pour se rassurer du mieux qu'elles le pouvaient. Elles tentèrent de se re-concentrer sur le film mais quelques minutes plus tard, elles furent de nouveau effrayées par le même bruit, suivit d'hurlements.

Les deux sœurs se regardèrent dans les yeux quelques secondes avant d'éteindre la télé, par crainte d'attirer quelqu'un de malveillant jusqu'à leur maison.

— Va fermer la fenêtre Jessica, j'ai peur.

— Et on fait quoi si quelqu'un saute sur les volets pour me choper ?

— Je te sacrifierai !

— C'est ça, rigole pendant que tu le peux encore.

Alors que Jessica s'approchait rapidement mais discrètement de la fenêtre pour la fermer, elle entendit une voix crier en parlant, ou chantant, elle ne sut pas sur le moment.

— Ratata, si elle me chevauche, elle me paie. Ratata, on n’est pas dans ratatouille, je suis un rat mais c’est elle qui touille.

Elle fronça les sourcils. Les paroles qu'elle entendait, enfin qu'elle comprenait avec difficulté, lui disaient quelque chose.

— Emy, viens écouter.

La concernée arriva doucement derrière sa sœur, et tendit l'oreille.

— Si elle se barre pas après m’avoir soulagé, elle retrouvera ses affaires souillées dehors.

Emy, la plus jeune, reconnut immédiatement les paroles criées d'une voix pâteuse et enrouée.

— C'est une chanson de Valentin !

— C'est Valentin qui chante comme ça là?

— Mais non patate, c'est une de ses chansons mais c'est pas lui qui chante en ce moment, la voix sonne plus vieille.

— Oh, on sait jamais comme il est con ce gars, déjà quand tu écoutes les paroles, tu te rends bien compte de la ridiculité de ce type !

Emy frappa sa sœur dans l'épaule, protestant contre l'insulte de sa sœur. Elles tentèrent de faire le moins de bruit possible en regardant à travers les petits trous des volets.

— J'ai les combos du parfait salaud, promis je ne toucherai pas ta soeurette, les mamans c’est ce que je préfère.

Elles se retinrent difficilement de rire mais se stoppèrent lorsqu'elles virent un homme nu, dans leur pelouse avec un objet inconnu dans les mains, cela devait être le bruit métallique. L'homme était beaucoup trop proche d'où elles se trouvaient. Elles avaient peur. Elles devaient impérativement fermer leur fenêtre mais cette dernière était plutôt bruyante lors des grosses chaleurs en été.

Elles se mirent accroupies et chuchotèrent pour ne pas se faire repérer par cet homme qu'elles pensaient fou.

— On fait quoi maintenant?

— On attend.

Alors qu'elles pensaient que l'homme ne les avait pas entendues,elles crièrent quand il se mit à tapoter sur les volets en criant des paroles incompréhensibles. Elles reculèrent et se cachèrent derrière leur canapé, au lieu de fermer la fenêtre.

Puis quelques minutes après, elles entendirent un autre homme crier.

— Papi ! Reviens à la maison bon sang ! Tu vas effrayer tout le monde et les flics vont venir t'arrêter !

— Les filles, je sais que vous êtes encore là derrière ! Venez ! J’aime aussi les jeunettes !

-Papi ça suffit !

Elles entendirent l'homme fou se débattre contre leurs volets pendant que l'autre homme devait tenter de le ramener à la maison.

— Et puis j'aime les algues, la mer, et les forêts, c’est pas bien grave si vous n’êtes pas toutes douces !

— Ryan, ramène mon grand-père à la maison, fait en sorte qu'il se calme, et qu'il s'habille !

— Tout de suite Val.

Elles entendirent l'homme fou crier qu'il ne voulait pas quitter ses admiratrices de volets; puis ses cris s'éloignèrent.

— Jessica, Emy ? C'est Valentin, si jamais vous êtes encore là et que la fenêtre est toujours ouverte, je suis désolé pour la peur que vous avez dû avoir, c'était mon grand-père.

Elles se regardèrent un instant avant que Jessica n'ouvre assez le volet pour voir Valentin.

— Depuis quand ton grand-père est un pervers fou ?

— Euh bah depuis qu'il a fumé, je crois.

— Quoi ? Tu l'as fait fumer ? Mais ça va pas chez toi Valentin, t'es vraiment con !

— Oh trop fort Val !

— Ta gueule Emy, ne le félicite pas pour ses conneries bon sang !

Valentin ricana.

— Relax Jessica, personne ne lui a forcé la main, il voulait se remémorer son adolescence et puis il se faisait chier. On s'est bien amusé jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'il était parti par la fenêtre du salon et que ces fringues étaient à côté de nous.

— Tu restes un abruti ! On ne fait pas fumer les personnes âgées. Que vous vous détruisiez toi et tes stupides potes est une chose mais que tu endommages aussi le cerveau de ton grand-père en est une autre. Et si t'avais encore des neurones, tu saurais que tu es un gros con de faire ça !

— Oh mademoiselle mal baisée tu vas te calmer sinon je vais te calmer à ma façon et tu risques de ne plus pouvoir marcher droit après. Pète un coup, ça te détendra peut-être, à défaut d'être baisée.

Jessica fulminait. Elle n'avait jamais supporté Valentin, leur voisin mais aussi le pseudo crush de sa sœur et c'était encore pire depuis que monsieur était connu. Elle l'avait toujours trouvé vulgaire, irrespectueux, immature et sans intérêt. Alors à chaque occasion de sortir les griffes pour tenter d'une quelconque façon de l'humilier, elle en profitait, mais comme toujours il avait plus de répondant qu'elle, ça la remontait encore plus contre lui.

— Parle moi autrement Valentin, je ne suis pas ta chienne !

— C'est bien dommage, j'ai une belle laisse qui t'attend depuis longtemps.Tu serais une bonne chienne d'intérieur.

Emy retint sa sœur avant que cette dernière ne mette une gifle à Valentin, folle de rage.Valentin leva les yeux au ciel avant de la provoquer du regard.

— Val ne commence pas s'il te plaît. Va t'occuper de ton grand-père au lieu de le laisser avec la compagnie de tes potes, à tous les coups ils sont en train de faire des conneries avec lui. Laisse Jessica tranquille et rentre chez toi.

— Seulement si je peux goûter à tes lèvres avant de partir.

Emy, folle de Valentin, ricana puis se pencha sensuellement pour l'embrasser. Jessica était bouche bée devant le comportement de sa petite sœur et encore plus énervée de voir le regard de Valentin posé sur elle. Il la provoquait, il lui montrait encore une fois qu'il pouvait avoir n'importe quelle fille, surtout sa petite sœur chérie. Il continuerait jusqu'à la faire craquer.

— À demain Val, bonne nuit.

— À demain beauté, à plus mademoiselle mal baisée.

— Enfoiré !

Emy ferma enfin les volets ainsi que la fameuse fenêtre bruyante.

— Jamais plus tu te comportes comme ça devant moi Emy, parce que je te jure que si je te revois agir en petite traînée à ton âge, je te ferais sortir tes boyaux par la bouche. Et comment ça à demain? Tu sors avec cet abruti ?

— Je me comporte comme je le veux Jessica, j'ai toujours beaucoup apprécié Valentin, bien avant qu'il ne soit célèbre, alors je ne vois pas pourquoi je me priverais quand il a quoique se soit à m'offrir. Je l'ai invité hier, à venir chez nous demain soir et tu n'as rien à dire parce que les parents sont contents de savoir que Valentin sera avec nous.

— Tu es vraiment pathétique Emy, il ne respecte pas les filles, il se moque de toi et toi tu cours. Les parents sont au courant qu'il est toujours ailleurs avec ses stupides drogues ou ils pensent toujours que c'est un sage ?

— Il m'a toujours respecté ! Ce n'est pas parce que tu refuses son attention que je dois faire pareil. Il a toujours été une crème avec moi alors autant en profiter et je ne suis plus une petite fille, je connais mes limites et mes envies alors laisse moi tranquille sur ce sujet. Les parents le savent, ils ne sont pas stupides au point de penser que c'est juste son image pour la célébrité, c’est pas nouveau la drogue.

— Putain mais tout le monde devient stupide, j'y crois pas. Que quelqu'un me réveille de ce cauchemar !

Emy roule désespérément des yeux avant de monter dans sa chambre.

— Quand tu auras fini de faire ton cinéma, tu n'oublieras pas d'éteindre les lumières du salon avant de monter te coucher.

— Ouais ouais.

— Bonne nuit et prend bien des forces parce que demain tu n'échapperas pas à Valentin, grande sœur.

— Tss.

Les deux sœurs dormirent profondément durant la nuit sans se douter que leur journée du lendemain serait riche en émotions.

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