Interlude 4.5 : “Je crois que je tombe (mais chut ! )”
extrait de journal, pages pliées, écriture hésitante, cœur dans le rouge
Naé a souri aujourd’hui. Un vrai sourire.
Pas un de ceux qu’on lance par politesse ou pour éviter le silence.
Un sourire qui commence dans les yeux, s’étire dans les fossettes, et reste là même quand la bouche est redevenue sérieuse.
Et j’ai eu envie de capturer ce moment dans un polaroïd mental.
Sauf que j’ai cligné des yeux. Et c’était trop tard.
Je sais pas ce que je ressens.
J’aime bien sa voix quand elle change d’intonation pour raconter une anecdote.
J’aime bien comment Naé marche, comme si iel s’excusait de prendre de la place — sauf quand iel rit. Là, iel prend toute la pièce, et ça me fait oublier que je suis censée contrôler quelque chose.
Peut-être que je projette.
Peut-être que je me perds.
Peut-être que je tombe.
Peut-être que j’ai pas envie qu’on me rattrape.
Et si c’est ça, tomber amoureuse ?
Une glissade douce dans un flou où plus rien n’a besoin d’être défini.
Je dis rien à personne.
Je garde ça au chaud.
Comme un secret doux, qui pourrait devenir un feu.
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