Chapitre 34

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L'astre solaire débutait sa sempiternelle course dans le ciel, commencée il y a des millénaires. Timide, il jouait à cache-cache avec les nuages. Il finit par prendre de l'assurance et ses cotonneux amis s'enfuirent pour le laisser briller. Ses puisants rayons réchauffèrent peu à peu l'atmosphère, faisant disparaître la rosée du matin, qui avait profité de la fraîcheur de la nuit pour déposer son voile sur New-York. Rien ne pouvait les arrêter, ils pénétrèrent par la fenêtre d'une maison. Là, ils glissèrent sur le sol, avant de remonter lentement par les pieds d'un lit. Ils terminèrent leur course sur une peau caramel.

Ils furent alors témoins du réveil matinal d'un couple.

Allongé, dans le lit, la tête reposant sur sa main, un jeune homme blond comme l'étoile du matin observait d'un regard amoureux la lumière jouer sur son compagnon, profondément endormi. Il s'était réveillé il y a quelques minutes et n'avait cessé de s'émerveiller devant le visage innocent d'Ace. Sa bouche entrouverte laissait passer un souffle régulier, ses cheveux s'étalaient sur l'oreiller, il dormait à poings fermés. Il fronça les sourcils quand Tyler chassa une mèche de son front. Il passa la main sous son oreiller tandis que l'autre restait calée dans le creux de son coup.

La couverture, rejetée en arrière, dévoilait son dos jusqu'à la chute de ses reins. Blanche, elle contrastait avec la teinte de sa peau, la rendant encore plus irréelle. Çà et là, des nævus parcheminaient son corps.

Aucune tension ne venait creuser des petites rides soucieuses sur son visage, aucun muscle de sa mâchoire n'était contracté, aucune veine tempétueuse ne pulsait sur son cou. Il était apaisé, enfoui dans ses rêves, loin de la réalité.

Ace se retourna dans son sommeil. Sa main rencontre le genou du blond, et il la caressa quelques instants avant de s'arrêter. Son cœur fondit. À peine Tyler l'eut-il rejoint que le brun se blottit contre lui, enfouit son visage contre son torse et prit une profonde inspiration.

Un bulle de savon éclata dans son cœur. Il était amoureux. Incontestablement et irrémédiablement amoureux.

XXX

Ace remua et battit des yeux, déboussolé.

— Bonjour, toi.

Dès qu'il vit Tyler dans son champ de vision, il parut être rassuré.

— Bonjour, répondit-il d'une voix rauque.

Il se pencha pour l'embrasser.

— Bien dormi ?

— Comme un bébé. Toi ?

Le blond hocha la tête. Tyler l'avait collé toute la nuit, Ace ne l'aurait de toute manière pas laissé s'écarter. Il avait profité de sa chaleur, emprisonné dans ses bras, entouré par l'odeur de sa peau. Il se souviendrait longtemps de cette nuit parfaite.

— Sauf que... tu as une haleine de chacal.

Ace le regarda bouche bée. Soudain, il se redressa et bondit sur lui, l'écrasant de tout son poids. Faisant fi des protestations de Tyler, enferma son visage dans ses mains et lui souffla au nez. Le blond se débattit comme un beau diable mais le rire qui le secouait le privait de ses forces. Ace lui offrit un moment de répit et leurs yeux se rencontrèrent. Tyler releva la tête et écrasa ses lèvres sur les siennes. Pour ne pas s'affaler sur lui, il dut poser une main sur son torse. Il remonta lentement jusqu'à pouvoir saisir son cou. Leurs baisers changèrent de nature. Instinctivement, Ace raffermit sa prise quand Tyler passa ses mains dans sa tignasse brune. Il finit par rompre le contact en souriant.

— T'es en pleine forme dès le réveil, toi.

Il bougea la jambe, Ace s'empourpra aussitôt. Ces temps-ci, un rien le déstabilisait et il haïssait son corps qui le trahissait au moment où voulait paraître sûr de lui.

Tyler n'aurait jamais pensé que l'Espagnol pouvait être si facilement ébranlé, lui qui n'aurait pas manqué de le remettre à sa place quelques mois plus tôt. Le voir si vulnérable à cet instant précis, le feu aux joues, accentuait un peu plus les sentiments qu'il nourrissait.

— Tu devrais être content, répondit-il, bourru.

— Ai-je dit le contraire ? Je suis flatté, susurra-t-il dans le creux de son oreille.

— Cállate, cabrón.

— Redis-le pour voir.

Le regard concupiscent qu'il lui lança enflamma jusqu'à la pointe de ses oreilles. Tyler éclata de rire.

— Je ne comprendrai jamais comment des simples mots peuvent autant te chambouler maintenant alors qu'il a quelques temps, tu m'aurais envoyé me faire foutre.

Ace grogna.

— La différence, c'est qu'aujourd'hui, je suis nu dans ton lit.

— Et je le suis aussi.

— Ça, je le sais, crois-moi.

Ace fondit sur sa bouche et lui mordit la lèvre. Le gémissement qui s'échappa des lèvres du blond accentua son désir. Tyler s'abandonna complètement, cambra son dos pour que leurs sexes se rencontrent. Ace fit courir ses doigts sur la peau blanche, embrassa sa gorge dévoilée. Ses cheveux vinrent chatouiller le visage du blondinet qui respira leur parfum : coco et vanille, celui de son shampoing.

Ace descendit lentement sans cesser d'embrasser son corps. Lorsqu'il arriva à l'endroit du draps tendu par le désir de Tyler, il s'arrêta.

— Tu n'es pas obligé, souffla son amant, lisant dans ses pensées.

Ace savait qu'il ne le forcerait jamais à rien. Il lui avait dit qu'il attendrait qu'il soit prêt, qu'il le veuille vraiment et non pour lui. Mais il avait pris son plaisir hier soir, et il s'était senti coupable de ne pas lui avoir rendu la pareille. L'envie de découvrir le corps de Tyler dans sa totalité, de lire la satisfaction sur son visage, de goûter chaque parcelle de son être lui tordait le ventre. Il voulait donner, lui aussi.

— Callaté, répéta-t-il. Comment tu veux que j'explore ma sexualité si je ne tente pas de nouvelles expériences ? Et puis, je ne le fais pas que pour toi.

— Je m'en moque, tu n'as pas à te forcer.

— Pourquoi tu penses toujours que tu me forces ? demanda-t-il en se redressant. Tu crois que je suis ici avec toi parce que tu m'y as obligé ? Que j'ai passé la nuit avec toi par pitié ? Ne sois pas idiot.

Tyler ouvrit la bouche mais il l'interrompit :

— Arrête de parler, et guide-moi plutôt.

Il hocha la tête. Ace souleva le drap. Il n'y avait plus aucun doute ; il en avait envie. Il essaya de reproduire ce que Tyler lui avait fait la nuit dernière. Il commença par promener sa langue sur toute la longueur. Encouragé par la respiration profonde de son ami, il le prit en bouche.

Tyler ferma les yeux et ne put s'empêcher de sourire. Ironiquement, il se souvint de la première fois qu'il avait vu Ace, à la bibliothèque. Qui aurait cru que cette bouche à la moue farouche se retrouverait un jour entre ses cuisses ?

Ace était concentré à la tâche, comme s'il se trouvait en examen. N'ayant pas de remarques de son ami, il prit de l'assurance et se détacha ; il se surprit à glisser une main vers son propre sexe et à se rendre compte de son désir.

— Va moins fort, lui conseilla Tyler quand il sentit une trop grosse pression.

Ace obéit immédiatement et regarda le visage du blond. Son sourire le rassura. Il laissa son instinct le guider et s'amusa à essayer différentes choses. Il sentit les mains du blond se poser sur ses bras et il enlaça ses doigts entre les siens.

Au fil des minutes, la respiration de Tyler s’accéléra, devint saccadée. Il se laissa complètement aller, encourageant son amant par ses gémissements. Le brun promenait ses mains sur le corps de compagnon partout où il pouvait ; il massa son bas-ventre, découvrit une zone érogène entre ses cuisses et déposa une myriade de baisers sur le duvet blond tandis qu'il faisait des va-et-vient.

— Ace, arrête, je vais venir, prévint Tyler en posant une main sur sa joue.

L'Espagnol le regarda, une lueur de défi dans les yeux, sans cesser son manège. Il glissa sa langue sur le gland, et Tyler succomba, emporté par la jouissance.

Ace s'essuya ostensiblement le coin des lèvres et Tyler se cacha le visage entre ses mains en grognant de honte.

— Tu n'étais pas obligé, souffla-t-il quand son compagnon s'installa à côté de lui.

— Tu vas arrêter de me répéter ça ? Je fais ce que je veux. Et je le voulais.

Tyler sourit avant de l'embrasser. Il poussa une exclamation joyeuse en sentant son sexe encore dur contre lui.

— Mais c'est que nous n'en avons pas terminé !

Ace ferma les yeux quand il embrassa son cou. Décidément, il n'avait pas fini d'être vidé de son énergie.

Les jeunes amants restèrent au lit jusqu'à tard dans la matinée. Collés l'un à l'autre, ils se câlinaient tout en bavardant. Quelques fois, ils se chahutèrent avant de se réconcilier bien vite par un baiser.

Les protestations du ventre affamé d'Ace eurent raison de leur réveil matinal.

— C'est pas de tout repos de donner du plaisir.

— Et pourtant, tu as mangé.

Ace, faussement choqué, se leva pour récupérer un caleçon propre dans ses affaires. Tyler ne se gêna pas pour admirer son corps nu, et surtout ses fesses.

— Ça va, je ne te dérange pas ?

— Pas du tout. Encore moins maintenant, rétorqua-t-il en se léchant les lèvres d'un air avide.

Ace lui jeta à la figure le vêtement qu'il tenait.

Ils se préparent ensuite un repas exprès avant qu'Ace ne se résolut à partir. Il travaillait ce soir.

Ils s'embrassèrent, étonnement, ce fut Tyler qui dut repousser gentiment son ami, et le taquina sur sa soudaine proximité.

— Tu as raison, je me casse. Et la prochaine fois, je ferai rien du tout.

Il l'embrassa.

— Parce qu'il y aura une prochaine fois ?

Ace lui jeta un regard noir. Il lui fit un geste obscène avant de tourner les talons. Tyler le regarda partir, un sourire aux lèvres. Cette nouvelle susceptibilité de son ami n'était pas pour lui déplaire.

À peine la porte fermée que le brun lui manquait déjà. Tyler s'empressa de retourner dans sa chambre. Là, il enfouit son visage dans l'oreiller, à la recherche de l'odeur de son ami. Il lâcha un soupir de soulagement lorsqu'il la trouva enfin. Cette odeur sucrée particulière de sa peau à laquelle se mêlait celle de son parfum. Il poussa un soupir à fendre l'âme et s'enroula dans les draps.

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