Les ombres dans la maison

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Chapitre 5 – Les ombres dans la maison

Il n’y avait plus de rires dans l’appartement. Juste le bruit des pas, lourds, de Peter dans le couloir.
Et celui de la télévision, en fond, que Marie laissait tourner toute la journée comme pour couvrir son propre silence.

Depuis quelque temps, Diego ne jouait plus dans le salon. Il restait dans sa chambre, les jambes repliées contre lui, le regard perdu dans les fissures du mur. Il avait compris. Peter n’était pas gentil. Il ne l’avait jamais été. Ce sourire qu’il montrait devant les autres, ce ton doux qu’il employait quand sa mère était là… tout cela disparaissait dès qu’elle fermait la porte, ou quand elle s’endormait sur le canapé, une bouteille vide à la main.

Les premières fois, Diego n’avait pas compris ce qu’il se passait. Il pensait avoir fait une bêtise. Il pensait que c’était normal, peut-être. Mais non. Les gestes étaient secs, les mots froids, les regards remplis de mépris. Parfois, Peter lui pinçait fort le bras, ou lui chuchotait des menaces à l’oreille. D'autres fois, c’était pire. Mais toujours dans le silence, toujours dans l’ombre. Et toujours quand Marie ne pouvait pas le voir.

Elle ne voyait plus grand-chose, de toute façon.

Les cernes sous ses yeux s’étaient installées pour de bon. Son maquillage mal effacé, ses gestes lents. Elle parlait peu. Elle écoutait encore moins. Quand Diego essayait de dire quelque chose, elle soupirait, lui disait de ne pas faire d’histoires. Elle ne voulait pas entendre. Peut-être qu’elle ne voulait pas.

Alors Diego s’était tu. Il avait appris à se faire invisible. À ne pas faire de bruit. À éviter les regards de Peter. À retenir ses larmes.

Mais même le silence ne le protégeait plus.

Le soir, il restait éveillé longtemps après que la lumière de la cuisine s’éteignait. Il écoutait. Il guettait. Le moindre bruit de pas, le grincement d'une porte. Son cœur battait trop fort pour un si petit corps.

Un jour, à l’école, la maîtresse lui a demandé pourquoi il ne dessinait plus. Il a haussé les épaules. Il ne savait plus dessiner. Ou peut-être qu’il avait peur de ce qui pourrait sortir sur la feuille. Un monstre, peut-être. Une ombre avec les yeux de Peter.

Et pendant ce temps, les jours passaient. Marie parlait vaguement de l’anniversaire à venir. Elle voulait organiser “quelque chose”. Peter disait qu’il s’en chargerait. Et Diego, lui, priait que personne ne vienne. Que personne ne voie ce qu’il vivait. Ou pire : que quelqu’un le voie, et ne fasse rien.

Le monde devenait froid.

Mais quelque part, au fond de lui, un petit fil de lumière persistait. Un espoir fragile. Le même qu’il avait chaque matin, en se réveillant, avant d’ouvrir les yeux. Que peut-être… un jour, ce cauchemar finirait.

Et ce jour-là, il pourrait faire ses premiers pas vers demain.

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