LX. Les Prisonnières

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Terel avait fini par s’endormir. Elle avait pleuré une bonne partie de la nuit. Ce que lui avait infligé Lætitia était d’autant plus horrible qu’elle ne s’attendait pas à une attaque de ce côté-là. Elle avait surveillé Deirane et Mericia. Ces deux-là ne manifestaient aucune cruauté. Jamais elles ne s’en seraient pris à elles ainsi que l’avait fait Lætitia. Elles avaient toutefois une qualité en commun que ne partageait pas la Naytaine, une qualité partagée avec Larein en fait. Aucune des trois n’était raciste. Tout le contraire de Lætitia. La raison qu’elle avait donnée pour raser Terel était plus qu’évocatrice.

Deirane aurait bien voulu la rejoindre, tout en sachant qu’elle aurait essuyé une rebuffade. Mais elle ne pouvait pas. Au contraire de ses deux compagnes de cellule et d’infortune, les insurgées l’avaient entravée. Un collier passé autour du cou était fixé à une chaîne juste assez longue pour qu’elle pût s’allonger ou s’accroupir, mais pas pour se mettre debout. Encore moins pour rejoindre l’autre côté de la cellule où se trouvait Terel. Et comme si cela ne suffisait pas, on lui avait aussi attaché les chevilles et les poignets.

Mericia avait l’habitude de dormir nue, et c’est dans cette tenue que les insurgées l’avaient capturée et enfermée. Elles n’avaient pas jugé utile de lui donner des habits, malgré le froid qui régnait dans la prison de la garde rouge. Elles s’en amusaient même. Elle, qui avait le feu aux fesses au point de coucher une fois par douzain avec Brun, le rythme le plus élevé du harem, elles lui conseillaient de mettre ses talents à profit avec ses deux compagnes, si elle désirait se réchauffer. Souffrait-elle ? Deirane n’aurait su le dire. Même si cela était le cas, jamais elle ne l’aurait avoué. Néanmoins, elle se rapprocha de Deirane, en quête de chaleur. Deirane tenta de l’envelopper du mieux qu’elle put. Mais elle était si petite et la concubine si grande. Enfin, pas si grande en fait, elle était de taille normale pour une Yriani. Mais comparée à Deirane, elle paraissait grande.


Un lointain claquement de porte réveilla Terel qui se remit à pleurer.

— Tu peux venir, l’appela Deirane.

Cet appel resta sans réponse. Deirane le réitéra.

— Laisse-moi tranquille !

— Nous devons nous serrer les coudes si on veut s’en sortir. Et dans l’immédiat, il faut s’occuper de Mericia. Elle est frigorifiée.

— J’en ai rien à foutre.

Deirane frictionna le corps transi, couvert de chair de poule, sans éveiller la moindre réaction de sa compagne.


Deirane ne sut dire depuis combien de temps elle se trouvait là. Dans cette pièce sombre dépourvue de fenêtre, elle avait perdu la notion du temps. Enfin, la porte s’ouvrit. Avaient-ils capturé Dursun ? À son grand soulagement, la personne qui entra le fit sur ses pieds, et pas projetée par un geôlier demeuré à l’extérieur. Mais elle ne put l’identifier. Après tout ce temps passé dans l’obscurité, la lueur de la torche l’éblouit.

— Quel beau couple que voilà ! déclara la nouvelle venue. Et je vois que c’est toujours la même qui est ostracisée.

Deirane reconnut la voix de Lætitia.

— À quoi joues-tu ? la rabroua Deirane. Penses-tu vraiment que Brun va te féliciter quand il reviendra ?

— Justement, je respecte les consignes de Brun. Il m’a demandé de vous surveiller. Il n’avait confiance en aucune de vous deux. C’est ce que je fais.

— Et moi ? aboya Terel de son coin.

Deirane sentit le changement qui s’était opéré en elle dans le son de sa voix. Elle ne pleurait plus. Elle était furieuse maintenant.

— Toi ! Jamais personne ne t’a fait confiance.

— Larein…

— Pas plus Larein que les autres. Elle avait besoin d’une brute pour ses coups bas. Tu étais la personne idéale.

Sous la colère, Terel se leva et se précipita vers la concubine. Deux acolytes l’arrêtèrent, et la projetèrent au sol. Pendant qu’elles la maintenaient, Lætitia lui envoya un coup de pied en plein visage.

— Si tu savais depuis combien de temps je rêve de ça, déclara-t-elle.

Terel, libérée de son étreinte, se rassit. Elle porta la main à son nez, essuya le sang qui coulait et le regarda.

— Tu tapes comme une fillette, la défia-t-elle.

— Tu veux que je te montre ce que je peux faire. Tu es l’une des plus belles de ce harem, si tu insistes je peux faire en sorte que cela change.

Terel ne répondit pas, elle n’était pourtant pas matée. Ce n’était juste pas le bon moment. Tôt ou tard, cette garce relâchait sa garde. Et là, elle attaquerait. Et elle ne lui ferait pas de cadeau. Nëjya avait bien dû laisser un couteau dans sa suite, elle était samborren après tout. Elle imaginait ce qu’elle ferait de ce visage, voire de l’ensemble de ce corps, le jour où elles se retrouveraient face à face tout les trois : elle, Lætitia et le poignard. Elle se demanda combien de temps elle tiendrait avant que son cœur ne lâchât sous la souffrance. Elle ne voulait pas la tuer, elle voulait qu’elle vécût. Elle ne lui crèverait pas les yeux non plus. Pas les deux en tout cas. Tous les matins, elle verrait dans la glace l’horreur qu’elle était devenue et elle pleurerait en se souvenant d’à quel point elle était belle autrefois.

Lætitia toisa son adversaire, un sourire satisfait sur les lèvres. Puis elle se plaça devant Deirane.

— Mericia, pousse-toi. Je dois parler en privé à Serlen.

Mericia ne bougea pas. Lætitia envoya un signe à ses deux complices. Deirane enlaça le corps de son amie et l’immobilisa d’une clef. Elle était destinée au combat au corps à corps, en l’occurrence, elle conviendrait. On ne pourrait pas les séparer, sauf à user de violence. Elle constata que Mericia avait renforcé sa prise en lui passant un bras autour de la cuisse. Elle ne dormait donc pas.

Les deux sbires n’insistèrent pas, elles s’écartèrent après avoir tenté en vain de relever Mericia.

— Qu’est-ce que vous faites, là ? leur reprocha Lætitia.

— À quoi bon ? Même à l’autre bout de la cellule, elle entendra tout ce que tu diras.

Lætitia se campa devant ses concurrentes.

— Ne crois pas que cette petite rébellion va te sauver la vie.

— Quel prétexte vas-tu invoquer de me tuer ?

— La trahison.

— La trahison ? À quel moment ai-je trahi Brun ? Quand j’ai refusé de lui livrer Dursun ? Brun m’a déjà punie.

— Une désobéissance qui n’a servi à rien puisqu’il l’a quand même eue. En fait, il a même chopé les deux gouines ce soir-là, ensemble.

— Je sais ! ragea Deirane. Inutile de me le rappeler.

— Oh ! On dirait que j’ai touché un point sensible !

Le regard de haine que lui renvoya Deirane l’amusa.

— Comment compteras-tu me tuer ? Je ne peux pas être blessée.

— Et tout ça pour une trahison imaginaire. Tu dois bien me détester.

— Elle n’est pas imaginaire. Je sais que tu voulais t’enfuir du palais. Si tu acceptes de me dire comment tu comptais t’évader et quels sont tes complices, tu échapperas à ce supplice.

— Je n’ai jamais envisagé un tel projet.

— Ne me prends pas pour une imbécile. Quel est ton point de rendez-vous en ville, toi et tes complices ?

Soudain, Deirane comprit. Dursun lui avait échappé. Elle avait réussi à sortir du palais. Cette idée la remplit de joie.

Mericia, qui jusque là n’avait eu aucune réaction manifesta son envie de se relever. Deirane la libéra. Elle s’assit à côté de la petite concubine.

— Ainsi Dursun t’a échappé, ironisa-t-elle. Et tu crois que Deirane en est responsable.

Mericia était arrivée à la même conclusion que Deirane. Son hypothèse avait toutes les chances d’être bonne.

— La ferme, riposta Lætitia.

— Je vais t’apprendre un scoop. Deirane n’a aucune raison d’en vouloir à Brun pour ce qu’il a infligé à Dursun, parce qu’il ne lui a rien fait.

— Pourtant Dursun s’est rendue dans sa chambre, objecta Lætitia. Et le lendemain, il la nommait concubine.

— C’est vrai. Et Dënea l’accompagnait. Mais il s’est contenté de les regarder se donner mutuellement du plaisir. C’était humiliant, mais elle a évité le pire.

Deirane envoya un regard interrogateur à Mericia. Dursun n’avait pas parlé de sa visite dans la chambre de Brun. La petite concubine en avait conclu que la scène avait été trop traumatisante. Mericia confirma ses dernières paroles d’un hochement discret de la tête.

— Si Deirane en veut à Brun, c’est à cause de ce que Brun lui a infligé à elle, directement, reprit Mericia.

— À elle ?

— Tout le monde a entendu ses hurlements pendant plus d’un monsihon. On ne peut pas la blesser, il n’avait aucune raison d’adoucir ses tortures. Parce oui, c’est bien ça, il a torturé Deirane comme il ne l’a fait à aucune autre de nous ici. Deirane souhaitait peut-être s’enfuir. Mais plus que tout, elle désirait tuer Brun. Or, il est toujours vivant.

— Justement. Je sais qu’elle voulait l’empoisonner.

Mericia éclata de rire.

— Deirane empoisonner Brun. Qui t’a donné cette idée ?

— Elle s’est renseignée sur les poisons à la bibliothèque de l’école.

— Comme nous toutes. C’est une connaissance indispensable quand on habite dans un harem. Salomé a même été jusqu’à me faire apprendre leur goût. S’informer sur les poisons n’est pas une preuve de trahison, mais d’intelligence.

Lætitia ne répondit pas face à ce raisonnement. À la place, ses yeux s’écarquillèrent de surprise. Son regard était braqué sur le ventre de la concubine.

— Je rêve ! s’écria-t-elle. Qu’est-ce que vois là ? Tu es enceinte !

— C’est ce qui arrive quand on couche régulièrement avec un homme.

— Qui est le père ? Ce n’est pas Brun, il est stérile.

— Quand tu le rencontreras, tu regretteras ce que tu nous as fait ce soir.

— Tu sais qui c’est au moins ? enchaîna Lætitia dans le but d'asticoter sa victime.

Mericia ne répondit pas à cette insulte à peine voilée.

— Il ne frappe jamais une femme, mais je pense qu’il acceptera de te tenir pendant que moi je me défoulerai.

— Je te souhaite bien du plaisir. Si tu penses qu’un de ces minables danseurs viendra à ton secours, tu es plus stupide que je ne l’imaginais. Des hommes qui font un métier de femme, que des tapettes.

— Une tapette qui a réussi à me mettre enceinte, renvoya Mericia. Et qui l’a fait en me donnant beaucoup de plaisir.

Vexée de s’être fait pointer son incohérence, Lætitia riposta.

— En voilà une belle de trahison. Avec toi, je n’aurai pas besoin d’utiliser d’artifice complexe. Une exécution en public suffira.

— Ce n’est pas une bonne idée, lui renvoya Deirane.

— Et pourquoi donc ? Tu penses disposer d’un moyen de m’en empêcher.

— Moi non; ton archiprélat, oui.

— Et que vient faire la Nayt dans cette histoire ? En quoi s’intéresserait-il à une concubine rebelle ?

— Mericia est sa petite fille.

— Mericia ! la petite fille de l’archiprélat ! Il a deux filles. Laquelle est sa mère ?

— De Meghare, répondit Mericia.

Surprise, Lætitia bredouilla avant de se reprendre.

— Tu serais une des jumelles Farallon ? Laquelle ? Ciarma ?

— L’autre, corrigea Deirane. Elle, c’est Anastasia.

— Et l’archiprélat sait-il que tu es ici ?

— Il le saura bientôt en tout cas. Dursun est dehors, lui rappela Deirane. Il y a certainement des Naytains de passage en ville. Il suffit qu’elle en prévienne un seul. Et Serig l’apprendra quelques mois plus tard. Et si à ce moment-là, Mericia est morte, je pense qu’il sera très fâché.

Lætitia rumina un moment sur ses révélations.

— Toi et moi, nous nous reverrons, lâcha-t-elle finalement.

— J’espère bien ! riposta Mericia.

Lætitia entraîna ses compagnes à sa suite avant de verrouiller la porte derrière elles. Elles avaient gagné un répit, mais de combien de temps ? Elle ne tarderait pas à se rendre compte que Serig avait les mains liées. Même s’il était au courant, il ne pourrait pas engager la Nayt dans une guerre pour des raisons personnelles. Et surtout, le Sangär constituait une barrière infranchissable. S’il tentait d’envoyer une armée, aucun soldat n’arriverait vivant de l’autre côté. Jamais les nomades ne toléreraient une telle agression.


Dès que Lætitia fut sortie, Mericia se rapprocha de Deirane.

— L’imbécile ! s’écria-t-elle. Elle croit que tu veux empoisonner Brun, alors que tu l’as déjà fait.

— Comment ça ? protesta Deirane.

— Tous les indices sont là. Sa violence, sa folie, son incohérence dans ses derniers actes. Même son départ du harem. En bonne santé mentale, Brun n’aurait jamais fait cela. Je suis stupide de ne pas m’en être rendu compte plus tôt. Tu as empoisonné Brun. Comme Il n’est pas mort, ton poison est à action lente. Ce n’est donc pas du spelgrad. En plus, on t’aurait immédiatement soupçonnée. Que lui as-tu donné ?

Deirane mit longtemps avant de répondre.

— De la céruse, avoua-t-elle enfin. C’est un…

— Je sais ce que c’est, merci.

— Moi pas. Qu’est-ce que c’est que cette céruse ? intervint Terel.

— C’est une poudre utilisée en peinture qui sert à préparer les pigments blancs, expliqua Deirane. Il est produit à base de plomb.

— Le plomb est un poison, reprit Mericia. Mais il ne rend pas fou. Ça commence avec des maux de tête et une faiblesse généralisée et ça évolue vers des convulsions qui entraînent la mort. La folie ne fait pas partie des symptômes.

— Je sais, je ne comprends pas ce qui s’est passé. Peut-être est-ce la maladie finalement qui l’a rendu fou.

— Un mélange des deux. La céruse par-dessus la maladie a entraîné les symptômes qu’on a observés. Comment as-tu fait ? Ses repas sont préparés en cuisine et menés directement dans sa chambre. Surtout que tu ne le visites pas souvent, tu aurais dû lui en donner une dose massive, le goût l’aurait alerté.

Deirane allait répondre, Mericia se montra plus rapide.

— Oh putain ! s’écria-t-elle. La salope. Je croyais que Lætitia était la pire de nous. Mais Deirane la dépasse de loin.

— Quoi ! s’enquit Terel. Comment a-t-elle fait ?

— Elle a tué Brun par là où il nous contraignait. En baisant.

— En baisant ! répéta Terel sans comprendre.

— Elle s’est enduite de poison. Et le lui a transmis. En fait pour que ça marche, tu n’as pas dû recouvrir tout ton corps. Te peindre intégralement en blanc l’aurait intrigué. Sans compter que ça aurait caché tes pierres précieuses qui représentent ta caractéristique la plus notable. Tu t’es limitée aux tétons. Et quand il les a sucés, il s’est empoisonné. En plus la céruse a gout sucré, ça a dû le  rendre complétement fou de désir.

— C’est vrai ce qu’elle dit ? demanda Terel.

Deirane lui renvoya un sourire désolé, un sentiment qu’elle était bien loin d’éprouver. Terel se leva alors. Elle combla quelques perches qui la séparaient de Deirane.

— Une personne capable d’une telle chose par vengeance mérite tout mon respect, déclara-t-elle.

Elle se tourna vers Mericia.

— Pousse-toi, ordonna-t-elle.

— Que fais-tu ? s’inquiéta Deirane.

— La mission est bien de tenir chaud à Mericia ?

Elle s’assit à côté de la concubine frigorifiée.

— Alors nous allons la réchauffer le temps qu’on puisse sortir d’ici.


Elles étaient installées depuis peu quand la porte s’ouvrit brutalement. Terel fut aussitôt sur ses gardes. Mais c’est Niode qui entra, poussée par quelqu’un d’autre. Elle tomba et se mit à pleurer.

— Tu as deux monsihons pour nettoyer cette porcherie, l’enjoignit une personne restée à l’extérieur.

— J’ai pas de balai, hoqueta la concubine.

— Utilise ta langue alors.

Puis la porte se referma.

Deirane essaya de rejoindre la simple d’esprit. Sa chaîne la retint. La tension brutale autour de son cou lui arracha un cri de douleur. Terel y alla à sa place. Elle aida la jeune femme à se relever et lui souleva le visage d’un doigt sur le menton.

— Tu n’as pas à obéir à Lætitia, lui murmura-t-elle. Ne nettoie pas le sol avec ta langue. Tu n’as pas à le nettoyer tout court d’ailleurs.

— Elle va être en colère quand elle va revenir.

— Elle s’en apercevra pas. Elle s’en fout.

— Elle ne va pas me punir.

— Je te garantis que non.

Terel sécha les larmes. Jamais Deirane ne l’avait vue manifester autant de tendresse. Puis elle se souvint. Niode était la sœur de Larein. Et tout ce qui venait de Larein était sacré pour Terel. Elle ramena la jeune femme auprès d’elles.

— Que va-t-il se passer dans deux monsihons ? demanda Deirane.

— Elle revient me chercher.

— Tu n’es pas prisonnière ?

— Non. Elle me laisse tranquille.

— Alors pourquoi elle t’a envoyée ici ?

— Elle a dit qu’il n’y a pas de bouches inutiles dans le harem. Et comme je ne sais rien faire, autant me mettre où je servirais à quelque chose.

La pensée qui traversa l’esprit de Deirane aurait paniqué Lætitia si elle en avait pris connaissance.

— Dans deux heures, elle sort d’ici. Quel dommage qu’on ne puisse pas lui confier un message ! déplora-t-elle.

— Pour quoi ? Et pour qui ? s’enquit Mericia.

— Pour Dursun. Quand elle viendra nous chercher.

— Et tu crois qu’elle va venir.

— Oui. Et je sais même comment elle va entrer dans le harem. Et toi aussi d’ailleurs. La seule chose que j’ignore c’est quand et avec quels moyens.

— Vous pouvez me mettre au parfum ? réclama Terel.

— Il y a un passage secret sous le temple de Matak, expliqua Mericia.

— Dursun étant à l’extérieur, elle ignore ce qui se trame ici, ajouta Deirane. Malheureusement, Niode ne pourra jamais la renseigner.

— On peut lui confier un message simple, protesta Terel.

— Trop simple pour nos besoins, déplora Deirane.

— Je n’en serais pas si sûre, objecta Mericia.

Elle se tourna vers Terel.

— J’aurai besoin d’une aiguille. Je n’ai rien sur moi. Vous en auriez une.

Terel décrocha la broche qui fermait sa nuisette. Elle la tendit à Mericia.

— Parfait, dit celle-ci. Maintenant Niode. Tu voudrais bien te déshabiller.

— Que vas-tu lui faire ? s’interposa Terel.

— Rien de mal, n’aie pas peur.

— Tu vas me toucher comme Nëjya ? s’enquit Niode.

Mericia se demanda ce qu’elle voulait dire par là. Deirane comprit aussitôt.

— Tu souhaites qu’on te touche comme Nëjya ? lui demanda-t-elle.

— J’aime bien comme elle me touche. Elle le fait plus maintenant. Lætitia, elle me fait mal, Nëjya, jamais.

Tout en douceur, Terel enleva le pull de Niode, elle dénoua le lacet qui fermait son décolleté et lui retira la tunique. Puis elle attira le visage de la concubine contre le sien et l’embrassa avec beaucoup de tendresse. En même temps, ses mains caressèrent le buste dénudé. Elle laissa Niode s’insinuer sous sa nuisette.

Mericia les regarda un instant. Puis elle ôta la prothèse qui terminait son bras droit.

— Il faut y aller, murmura-t-elle.

Elle se piqua l’extrémité, humecta son index de la goutte de sang qui perla et commença à écrire dans le dos exposé. Le contact délicat fit rire Niode, mais Terel reprit rapidement ses attentions.

— Deirane, tu me dictes la suite !

— Note ce que tu sais de la situation. Concernant le reste, on interrogera Niode. Elle n’a pas tout compris, mais on fera le tri.

— Ne crois pas te défiler comme ça, protesta Mericia. Terel et moi donnons de notre personne. Tu y échappes parce que tu ne pourrais pas te piquer le doigt. Ton tatouage empêcherait l’aiguille de pénétrer la peau. Alors tu dictes.

Deirane s’exécuta. Assez rapidement, Mericia recouvrit le dos de son écriture maladroite de gauchère de fraîche date.

— Je n’ai plus de place, signala-t-elle.

Terel incita Niode à se retourner. Elle ne pouvait plus l’embrasser sur les lèvres. Elle se rabattit sur le cou. Tout en veillant à ne pas effacer les inscriptions du dos, ses mains se posèrent sur sa poitrine, et jouèrent avec les seins. Deirane profita de ce que la bouche était libre pour poser quelques questions à Niode lui permettant d’obtenir quelques informations plus simples. Quand elle eut couvert le ventre de la jeune femme, Mericia déboutonna son pantalon dans l'optique de continuer sur les jambes. Terel l’arrêta aussitôt.

— Ça suffit ! s’écria-t-elle. On a assez abusé d’elle. Elle a froid.

Délicatement, elle repoussa Niode.

— Tu peux te rhabiller, lui murmura-t-elle.

Pendant que la jeune femme remettait ses vêtements.

— J’ignorais cet aspect de toi, fit remarquer Mericia.

— Maintenant, tu sais pourquoi Larein m’a nommée sa lieutenante.

— Je croyais que Larein aimait les hommes, signala Mericia.

— Larein aimait les deux, contrairement à moi. J’ai les hommes en horreur.

Elle reprit la broche que lui rendait Mericia et referma sa nuisette.

Deirane attrapa Niode par les épaules.

— Niode. Quand tu sortiras d’ici, tu iras dans le temple de Matak, tu feras attention à ne rien toucher. Et tu attendras Dursun.

— Dursun ? Elle va venir ?

— Oui, répondit Deirane. Tu attends Dursun et tu lui montreras le message.

— Et Nëjya.

Deirane hésitait à mentir. Ça serait plus simple. Cependant, Niode ne méritait pas ça.

— Non, pas Nëjya. Juste Dursun.

Niode s’attrista.

— Tant pis, dit-elle. J’attendrais Dursun sans Nëjya.

— Et si Dursun met trois jours à venir, objecta Terel.

— Tu préfères la confier aux bons soins de Lætitia ? lui opposa Mericia. Jeûner quelques jours ne la tuera pas. Et avec toute cette neige, elle ne mourra pas de soif. Elle sera plus en sécurité dans le temple que dans le harem.

Terel se rendit devant cet argument. Le temps que leurs geôliers vinssent la reprendre, elle attira Niode contre elle et la caressa à travers ses vêtements, pour le plus grand plaisir de la jeune femme.

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