LXVII. L’assaut final - (1/2)

13 minutes de lecture

L’idée de Zakas lui avait permis de progresser, mais très vite les soldats s’étaient repris. Même s’ils n’avaient participé à aucune campagne récente, ils s’entraînaient régulièrement dans leur caserne, et avaient atteint un bon niveau ; alors que les hommes de Zakas n’avaient pas combattu depuis que les Feythas les avaient abandonnés quelque soixante-dix ans plus tôt.

La situation était toutefois différente parce que la nouvelle ligne de front s’était établie dans une grande pièce dont l’aménagement ne laissait aucun doute sur son usage : le réfectoire. Chacun à un bout de la salle, les deux camps avaient renversé les tables pour se constituer des abris contre les tirs adverses.

De temps en temps, Zakas passait la tête afin de voir ce que trafiquait l’ennemi. Au début, quelques carreaux d’arbalète l’accueillaient. Rapidement, ce ne fut plus le cas. L’ennemi avait-il épuisé ses munitions ?

En rampant, Tramal rejoignit son chef.

— Alors ? demanda Zakas.

— Le couloir est bloqué, annonça-t-il. Au bout, un peu plus de vingt hommes nous menacent.

— Si nous tentons de passer en force, nous serons décimés. Et ils sont plus nombreux que nous.

— Que faisons-nous ?

— Laisse-moi trouver une idée.

Son idée tardait à venir quand un mouvement inattendu se produisit dans les rangs ennemis. Un bruit métallique leur parvenait depuis la salle suivante. Quelques soldats quittèrent précipitamment leur position. Ils tenaient leur sabre en main, Zakas interpréta comme les prémices d’un combat.

— Que se passe-t-il à ton avis ? s’interrogea Tramal.

— À mon avis, ils se font prendre à revers.

— Par qui ?

— Aucune idée. Mais aucune importance, on aura jamais de meilleure occasion. On y va.

Quelques trilles lancés par le lieutenant avertirent les pirates de se préparer à l’assaut. Soudain, Zakas se leva, sabre en l’air.

— À l’attaque ! rugit-il.

À la suite de son chef, la horde s’élança en hurlant vers l’ennemi.


Dans l’aile du harem, Calas réfléchissait. Il pencha la tête dans le couloir. Une salve de projectiles l’obligea à réintégrer rapidement la protection de la suite, mais il avait eu le temps de voir ce qu’il voulait.

— Les portes des chambres sont disposées en quinconce, dit-il.

— C’est normal, commença Daniel. Les appartements sont aménagés…

Calas l'interrompit en levant la main.

— Nous pouvons les utiliser pour remonter l’ennemi. Mais je ne dispose pas du bracelet qui permettrait de les ouvrir.

— Moi je l’ai.

— Pensez-vous être capable de courir jusqu’à la porte suivante et de l’ouvrir pendant que j’occupe les tireurs.

Daniel se pencha brièvement dans le couloir. Il hésita avant de répondre.

— Je devrai pouvoir y arriver.

Calas interpréta la réponse comme un non qui ne voulait pas se prononcer.

— Moi je peux, intervint une toute petite voix. Et j’ai mon bracelet.

Derrière eux, Loumäi s’était faufilée comme une souris.

— Non, tu ne peux pas ! s’écria Daniel.

— Il a raison, renchérit Calas, c’est trop dangereux.

— Et alors ? C’est mon harem ! Ces gens sont des envahisseurs qui s’en prennent à mon territoire. Ils retiennent ma maîtresse prisonnière. Vous croyez que je vais rester ici à ne rien faire !

Sa hardiesse inhabituelle lui rosissait les joues.

— C’est dangereux, répéta Calas, vous pourriez recevoir une flèche, être blessée, voire tuée.

— Et alors. Vous savez ce qu’ils me feront si vous perdez.

— Lætitia ne te pardonnera pas de lui avoir volé Dursun, dit Daniel. Elle te tuera.

— Ça, c’est dans le cas où je tombe entre les mains de Lætitia. Si c’est eux qui me capturent ? Vous savez ce qu’ils font à des femmes comme moi, sans importance.

Calas s’en doutait. Si l’armée orvbeliane ne s’était jamais livrée à des exactions, ce n’était pas qu’elle était mieux éduquée que les autres, mais parce qu’on ne lui en avait jamais offert l’occasion.

— D’accord, annonça Calas, mais pas habillée comme ça.

— Vous êtes sûr ? s’inquiéta Daniel.

— Je vais la protéger comme si c’était ma fille.

En y pensant, Loumäi ne devait pas être tellement plus jeune que lui.

— Ma petite sœur, corrigea-t-il.

— J’ai votre parole. S’il lui arrive la moindre chose, je ne vous le pardonnerai pas.

Calas sortit une dague de son fourreau et la tendit, manche en avant, à l’eunuque.

— Si elle revient avec une seule égratignure, vous aurez le droit de me planter ça où vous voulez dans le corps.

Comme Daniel ne la prenait pas, il la rangea.

Daniel attira la jeune femme et lui déposa un baiser sur les lèvres.

— Ne fais pas de folie, l’enjoignit-il. Ne t’expose pas, même pour Deirane.

— Il est plus grand que moi, il me cachera bien.

— Reste bien derrière lui alors.

Il l’embrassa une seconde fois sur la bouche, puis sur le front, avant de la libérer. Calas, qui avait patiemment attendu qu’ils aient terminé, entraîna la jeune fille vers la salle de bain dans le but de l’équiper. Heureusement, même si elle n’était pas grande, elle l’était plus que Dursun. Trouver de quoi l’habiller fut plus facile. Un instant plus tard, elle ressortait habillée d’une cuirasse qui le couvrait le tronc en lui laissant les épaules et les jambes nues. Jamais, elle n’avait exposé autant de peau. Elle rougit en se présentant ainsi devant tous ces hommes. Daniel lui adressa un sourire inquiet.

— Prête ? s’enquit Calas.

— Non, répondit-elle.

— Parfait, on y va.


Pris entre deux feux, les soldats furent rapidement repoussés. Au bout de quelques minutes, plusieurs d’entre eux étaient à terre, le corps lardé de coups de sabre. Les derniers combattants tentèrent d’évacuer les lieux. Ils s’engouffrèrent vers la seule porte de la salle. Dans la précipitation, ils se gênaient mutuellement. Zakas n’hésita pas. Il fonça dans le tas, n’éprouvant aucun scrupule à frapper des soldats incapables de se défendre. Dans la salle d’à côté, un hurlement augmenta la panique des fuyards. Le premier d’entre eux à être sorti revint de leur côté, les mains autour de son cou d’où coulaient des torrents de sang. Il s’effondra, éclaboussant les pirates qui s’écartèrent. Cette vision acheva le moral des soldats. Ils déposèrent leur arme et se rendirent.

— Ligotez-moi tous ces lâches, ordonna Zakas.

Tramal chercha une corde, sans succès. Zakas laissa ses hommes se débrouiller. Il alla jeter un coup d’œil dans la pièce d’à côté. Avant qu’il ait pu passer la porte, ceux qui leur avaient porté secours se dévoilèrent. Celles plutôt, car à la grande surprise du pirate, leurs sauveurs étaient tous des femmes.

— Qui êtes-vous ? demanda Zakas.

— Vous, qui êtes vous ? retourna la femme qui menait le groupe.

— Vous d’abord. Nous sommes arrivés les premiers.

— Ça m’étonnerait. Nous vivons ici.

Zakas ne chercha pas longtemps la nature de l’arrivante. Un harem est par principe plein de femmes.

— Vous êtes des concubines, conclut-il.

— Les concubines logent dans le harem. Ici, c’est le domaine des domestiques.

— Bien sûr.

Il aurait dû s’en douter. La femme et ses compagnes étaient belles comme tous ceux qui vivaient dans le harem, bien que pas autant que les concubines ; ces dernières ayant été sélectionnées sur ce seul critère. Il salua la femme.

— Zakas, chef des stoltzt d’Orvbel.

— Il n’y a pas de stoltzt en Orvbel.

— Vos informations sont fausses.

— Vous m’expliquerez ça une autre fois. Que viennent faire des stoltzt dans ce palais ?

— Nous nous portons au secours de la reine Deirane.

Elle tendit le bras à la façon naytaine.

— Cora, se présenta-t-elle, cheffe des cuisines.

Un coup d’œil au-delà du groupe lui confirma ses dires. Il aperçut les plans de travail et les fourneaux auxquels il s’attendait. Il désigna l’ustensile que Cora tenait à la main.

— Une poêle pour une femme, quoi de plus normal. Toutefois, vous ne ferez pas beaucoup de dégâts avec ça. Ça manque de pointes.

— Ça, ce n’est pas une arme. Elle ne me sert qu’à remettre en ordre les idées des soldats trop entreprenants. Pour me battre, j’ai utilisé ceci.

De sa tunique, elle tira un énorme couteau de boucher, presque aussi long que le sabre de Zakas et bien plus aiguisé.

— Sa pointe est-elle à votre convenance ?

Zakas hocha la tête.

— Vous allez pouvoir assurer nos arrières pendant que nous nettoyons le bâtiment.

— Non ! Nous ne restons pas en arrière. Beaucoup des nôtres sont coincées dans les zones envahies et ces monstres ont violé celles d’entre nous qui ne se sont pas cachées assez vite. J’ai un compte à régler.

— La place d’une femme ne se trouve pas au premier rang. Vous pourriez distraire mes hommes…

Avant qu’il ait pu finir sa phrase, elle lui assena un coup de poêle sur le crâne. Le casque du pirate tinta comme une cloche.

— C’est bon ? s’enquit-elle. Vous réfléchissez à nouveau avec votre cerveau ?

— Ne refaites plus jamais ça ! s’écria Zakas. Sinon je vous montre comment une femme doit se comporter vis-à-vis d’un homme.

Elle lui administra un second coup. Zakas lui envoya un regard plein de haine, pourtant il ne prononça pas un mot.

— Vous venez avec nous, lâcha-t-il enfin.

— Vous êtes enfin devenu normal.

Elle laissa tomber sa poêle qu’une compagne poussa hors du passage.

— Vous n’êtes que douze, constata Zakas.

— Il n’y a que douze couteaux semblables en cuisine. Celles qui n’ont pas trouvé d’armes restent ici.

— Passez devant.

Sans se faire prier davantage, Cora se glissa entre les hommes pour prendre la position en tête des pirates. Zakas prit place à ses côtés. Les domestiques, mélangées aux stoltzt, se mirent en route vers l’étape suivante.


Avant de se lancer à découvert, Calas s’équipa. Il n’avait pas accès au matériel de son régiment. Mais les eunuques étaient bien dotés. Leur protection corporelle était constituée d’épaisses tuniques de lin, très efficaces contre des épées. Malheureusement, elles risquaient d’être insuffisantes face à des carreaux d’arbalète. Il en rajouta une par-dessus la cuirasse qu’il portait déjà. Il espérait que la faible puissance de celles dont l’ennemi disposait ne leur permettait pas de traverser ces protections. Aussi, quand Daniel lui passa un bouclier de bois oblong qui l’abriterait des genoux à la tête, il fut aux anges.

Il se positionna juste derrière la porte, prêt à l’élancer. Il plaça Loumäi derrière lui.

— Vous ne bougez pas tant que je ne vous en donne pas l’ordre. Et là, vous foncez vers moi aussi vite que vous le pourrez, vous ouvrez la porte et vous vous jetez à l’intérieur.

— Compris, répondit Loumäi d’une voix fluette.

Elle avait peur. Tant mieux. Ça lui éviterait de commettre des imprudences.

— Tu peux encore renoncer, lui murmura Daniel. Tu n’es pas un soldat, personne ne te le reprocherait.

— Je dois y aller, dit-elle simplement.

Calas jeta un bibelot ramassé sur une étagère. Une nuée de flèches l’assaillit. Leur dispersion rassura le garde rouge. Il ne risquerait pas grand-chose. Les armes helarieal avaient beau être précises, elles nécessitaient de s’entraîner afin d’en tirer toute leur efficacité. Il lança un deuxième objet qui fut accueilli de la même façon, quoique de manière moins fournie. Le troisième ne déclencha qu’une faible réaction. Il s’élança alors. Le temps que l’ennemi comprît, il avait atteint la porte et ménagé un petit espace sécurisé devant la serrure.

— Maintenant, cria-t-il.

Loumäi courut vers lui de toute la puissance de ses jambes. Elle se cacha derrière la protection du bouclier. Un carreau frappa sa cible. Le bruit du choc contre le bois l’affola. Elle s’accroupit en hurlant de terreur. Calas l’attrapa par le poignet, puis il la releva de force et plaque le bracelet contre la serrure. Puis il poussa la jeune femme dans l’ouverture ainsi libérée. Il se jeta à sa suite.

Loumäi s’était assise, elle sanglotait. Calas s’assit à côté d’elle et lui passa un bras protecteur autour des épaules.

— Je suis désolée, hoqueta-t-elle.

— Ce n’est pas grave. On a réussi, et on n’est pas blessé.

— On n’aurait pu. Et par ma faute.

— Mais on ne l’est pas. Et s’il y a une erreur, elle vient de moi. Je suis un officier, je devrais être en mesure d’estimer la valeur de ceux qui me suivent.

— Je suis désolée de vous avoir trompé sur mes capacités.

— Vous ne m’avez pas trompé. On a atteint l’objectif, répéta-t-il.

Daniel entra alors précipitamment dans la pièce, suivi de quelques eunuques. D’un coup d’œil, il évalua la situation. En voyant que sa compagne n’était pas blessée, il soupira de soulagement. Il releva Loumäi.

— Tu as été fantastique, lui dit-il.

Elle lui sourit tristement.

— Prête à remettre ça, s’enquit Calas.

Elle hocha la tête.

Calas se prépara pour la seconde étape. Il estima que la même diversion ne marcherait pas une seconde fois. Il s’élança donc sans prévenir. Loumäi le rejoignit dès qu’il fut en place. Ce coup-ci, elle ne paniqua pas. Elle déverrouilla la porte et entra. Calas se précipita derrière elle. Aussitôt, un choc à la tête fit tinter son casque. Il se retourna, afin de faire face à cet adversaire. Il découvrit une concubine qui brandissait une statue de Matak, prête à le frapper de nouveau.

— Arrêtez, cria-t-il, je suis de la garde rouge. Je viens vous protéger. Je suis avec les eunuques.

La concubine suspendit son geste.

— Où sont-ils ? s’écria-t-elle.

— Ici, répondit Daniel.

L’eunuque entra dans la suite. En le voyant, elle la lâcha son arme et se jeta vers lui. Elle s’effondra en larmes. Daniel l’enlaça et la berça.

— Où étiez-vous ? hoqueta-t-elle entre deux sanglots.

— Calmez-vous, lui murmura-t-il, on est là maintenant. L’ennemi nous a surpris, mais on reprend les choses en main.

À décharge pour Daniel, le palais s’était préparé à une invasion depuis l’extérieur, pas à une prise de contrôle par la force de la part d’une concubine. Il allait devoir réviser les procédures de sécurité du harem afin d’éviter qu’une telle chose se reproduisît.

Laissant la concubine aux bons soins de Daniel, Calas se replaça en vue de la prochaine étape. En jetant un coup d’œil en arrière, il constata que les eunuques, au mépris du danger, investissaient la suite précédente. Cette vision lui déclencha un sourire. L’ennemi ne s’attendait pas à ce que ces gens, qu’ils considéraient comme des sous-hommes, se révélassent des adversaires coriaces. Ils ne valaient effectivement pas les gardes rouges, une troupe d’élite. Néanmoins, ils étaient loin d’être des novices en combat. Et ils étaient très nombreux.


Une fois de plus, la progression du groupe de Deirane avait été bloquée. Ce coup-ci, ils étaient coincés dans la cage d’escalier qui permettait d’accéder à l’étage où se trouvait Lætitia. Ses alliés profitaient d’un tournant pour se protéger des gardes rouges. Les fois précédentes, Blaid avait fait la différence. Lancé à pleine vélocité, ses crocs faisaient des ravages chez les soldats. Pourtant, même lui avait ses limites. Il était encore jeune. Il avait fini par se coucher dans un coin, incapable de bouger davantage. Il allait avoir besoin de repos et surtout de nourriture pour retrouver son énergie. Autant dire que c’était terminé pour lui ; Deirane préférait que les gardes rouges ne vissent pas comment il s’alimentait. Ils risqueraient de soupçonner sa nature.

Simian regarda l’animal, l’air désolé. Simian lui caressa le crâne, ce que Blaid sembla apprécier.

— Tu as été d’une aide précieuse, déclara-t-il. Tu as le droit de te reposer. Après tout, c’est nous qui sommes chargés de la protection de ce palais.

— Je me demandais quand vous alliez vous en souvenir, lança perfidement Terel.

Pourtant, le regard que lui renvoya le soldat ne reflétait pas une quelconque animosité.

— Ne vous inquiétez pas, vous allez maintenant voir de quoi nous sommes capables.

— J’ai hâte. Jusqu'à présent, c’est lui qui a fait tout le boulot.

Simian ignora la perfidie de la concubine.

— Ça ne pouvait pas durer éternellement, déplora-t-il.

— Ce n’est pas grave, fit remarquer Vistrol, on n’avait pas pris ce chien en compte dans notre stratégie. Sa présence ne représentait qu’un bonus.

— Quelle stratégie ? ironisa Simian. On s’est contenté de foncer dans le tas en le suivant.

— Justement, c’est maintenant que ça va devenir intéressant.

— Messieurs, à part vous lamenter, vous avez une solution, s’enquit Deirane.

Simian fouilla dans sa besace. Il en tira une boule d’argile.

— Si je pouvais envoyer ça au milieu de nos ennemis, ça les neutraliserait.

— Qu’est-ce qui vous empêche de l’utiliser ?

— L’angle de la cage d’escalier. Malheureusement, cette grenade est trop fragile. Elle se briserait au lieu de rebondir vers sa cible.

— En fait, votre seul problème est de la faire parvenir à destination.

— C’est ça.

Sans prévenir, Deirane s’empara de l’engin et grimpa vers le palier supérieur.

— Qu’est-ce que vous faites ! s’écria Simian. Vous êtes folle ! Revenez.

Il allait se lancer à sa poursuite, mais Deirane avait déjà abordé le virage. Elle était exposée aux tirs ennemis. Autant dire morte.

Soudain, une explosion les assourdit. Des flammèches entrèrent dans leur champ de vision. Des hurlements de douleurs les atteignirent. Un instant plus tard, Deirane réapparut.

— Enlevez-moi ça, ça brûle.

Terel s’était emparée d’une gourde.

— Pas de l’eau, l’interrompit Simian.

Il plaqua Deirane au sol et lui recouvrit la jambe avec un liquide huileux tiré d’un flacon souple pendu à sa ceinture. Aussitôt, les flammes qui courraient sur la jeune femme s’éteignirent.

— Vous êtes folle, répéta-t-il. Ne recommencez plus jamais ça.

— Elle n’a rien, intervint Terel.

— Terel a raison. Je n’ai rien.

Simian essuya la substance avec un chiffon, qu’il jeta loin de lui. Un instant plus tard, la flamme se raviva.

Le garde examina les traces de brûlure. En découvrant la peau intacte, il ouvrit les yeux d’étonnement.

— Vous n’avez aucune marque !

— On vous l’a dit. Je n’ai rien.

— On ne peut pas la blesser, ajouta Mericia. On vous l’a dit.

— C’est vrai, vous l’avez dit. Mais je ne pensais pas que ce sort pouvait résister au feu liquide. Rien n’y résiste d’habitude.

— Le sort qui me protège est puissant.

— Je vois ça.

Pendant que Simian s’occupait de Deirane, quelques gardes rouges s’étaient avancé jusqu’au palier de l’escalier. Prudemment, ils jetèrent un coup d’œil sur la volée de marche suivante. Ils découvrirent une scène d’apocalypse. Sur le sol et les murs, des projections de feu blanc continuaient à brûler. Par terre, des cadavres en partie consumés. Et pire, quelques soldats encore vivants qui râlaient de douleur.

— Ce sont peut-être des traîtres, murmura Vistrol, ce n’en sont pas moins des humains. Nous ne pouvons pas les laisser souffrir sans réagir.

Il tira son glaive et s’avança vers le premier d’entre eux.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Laurent Delépine ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0