Chapitre 6 : Remise de diplôme (Partie 4 : Diplôme en main).

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Rory et Céléna remontèrent en direction de la maison, le soleil avait bien baissé. Ce passage à la distillerie avait duré plus longtemps qu’elle ne l’avait imaginé. Elle pressa le pas pour entrer par derrière, et fila dans sa chambre. Maman avait déposé sa tenue sur son lit, agrémenté d’un cadeau : une broche pour son tartan, en argent avec une belle ambre dans le cœur. Elle la reconnut, c’était celle de sa grand-mère paternelle. Elle la serra fort contre son cœur. Puis pour se détendre, elle se glissa sous une douche bien chaude. Elle ferma les yeux, laissant couler l’eau sur elle.

Céléna s’assit devant sa coiffeuse, maquillant ses grands yeux verts d’un simple trait de eye liner, et souligna ses lèvres avec un gloss légèrement rosé. Dix-neuf heures sonnèrent au carillon, quand on frappa à la porte de sa chambre, une petite tête blonde apparut.

– Céléna, est-ce que je peux rentrer ? demanda Emily.

– Bien sûr, viens.

– Il a des gens avec moi.

Qu'elle ne fut pas sa surprise, ils avaient pu venir. Alexandre et Betty se tenaient là devant elle.

– Oh, comme je suis trop contente, dites-moi que je ne suis pas en train de rêver.

Betty s’accrocha au cou de son amie.

– Betty, doucement tu vas la décoiffer, dit en plaisantant Alexandre.

– Viens donc par-là, que je te fasse un bisou, un peu de rouge à lèvres sur tes joues, dit Céléna en attrapant Alexandre.

À peine ses amis eurent-ils quitter la chambre, qu’Isabel fit à son tour son apparition.

– Oh ma douce, tu es si belle.

– Maman, j’adore la broche, elle est exceptionnelle.

– Tu es prête. Tu sais que tu es très demandée.

– Papa est en bas ?

– Il est dans son bureau avec Monsieur Dupont et deux autres hommes.

– Tout va bien ? insista Céléna.

– Il m’a dit de ne pas m’inquiéter, que tout allait rentrer dans l’ordre.

La salle de réception était aménagée pour l’occasion d’une estrade qui avait été installée pour la remise du diplôme, des tonneaux utilisés comme table, et sur chacun d’eux une bouteille de whisky de quinze ans d’âge.

Tout était simplement réalisé, à l’image des propriétaires des lieux. La seule extravagance, le piano qui se trouvait face à la baie vitrée, donnait sur le parc et au loin la distillerie.

Il était vingt heures, la salle se remplissait, les conversations allaient bon train. Harold fut le premier à prendre la parole, Isabel à ses côtés sous le regard attendri de Céléna. Ce fut ensuite au tour du directeur de l’école, Monsieur Dupont convia Céléna à les rejoindre. Son cœur s’emballa, elle eut un moment d’hésitation. Christophe qui avait aussi fait le déplacement, la prit par le bras et l’accompagna tout en lui glissant discrètement à l’oreille.

– Eclate-toi, tu l’as largement mérité.

Elle le remercia d’un signe de tête et se plaça entre Monsieur Dupont et Monsieur Garnier. Le directeur énuméra avec précision les qualités de Céléna, tout ce qu’elle avait réalisé aux cours de ces deux années et insista sur son professionnalisme. Avant de conclure, il se tourna pour s’adresser uniquement à elle.

– Mademoiselle Mac Graigh, je souhaite en mon nom, et celui de tout le conseil d’administration, vous présenter toutes nos excuses pour ne pas vous avoir soutenu comme nous aurions dû le faire. Vous pourrez compter dorénavant sur notre soutien. Votre talent est exceptionnel.

Le cœur de Céléna battait encore plus fort, il venait de lui présenter des excuses publiques devant toute l’assemblée. Elle n’en revenait pas, cela semblait irréel. Elle se sentit légère, un voile venait de se lever. C’est à ce moment-là, que Monsieur Garnier lui prit les mains et lui dit :

– Céléna, je suis particulièrement flatté de pouvoir être présent ce soir sur tes terres et de pouvoir te remettre en main propre ton diplôme. Tu es venu passer un mois dans notre domaine, tu as su tout de suite trouver tes marques et nous prouver ta valeur. Ta gentillesse, ta bienveillance, ton amour du métier et des qualités professionnelles feront de toi une excellente œnologue convoitée par plus d’un vignoble français, moi le premier. Pourtant tu m’as raconté que ta vie était ici dans les Highlands, et en discutant aujourd’hui avec ton père, je comprends mieux. Sache que notre porte te sera toujours ouverte et que nous serons ravis de pouvoir faire des affaires avec vous. Assez de bavardages, il est temps pour moi de te donner ce diplôme.

Il tendit le cadre dans lequel se trouvait le bout de papier. Il représentait tout le travail qu’elle avait fourni depuis plus de quatre ans. Christophe et Alexandre lancèrent à l’unisson :

– Pour Céléna, hip hip houra.

Sam lui ajouta avec malice :

– Un discours, nous voulons un discours.

Céléna se tourna vers l’assemblée, serrant le cadre contre elle et commença, les phrases s’enchaînaient avec fluidité, elle voulait remercier tous ceux qui étaient là en leur accordant à chacun de l’importance. Elle eut un mot gentil pour chacun d’eux, souhaitant partager son bonheur avec tous. Une fois qu’elle eut terminée, les applaudissements retentirent et les verres se levèrent pour trinquer à la nouvelle diplômée.

– Slanté Mademoiselle Mac Graigh.

La soirée suivit son cours, Céléna voguant entre chacune des tables, offrant de son temps pour échanger avec chaque invité qui s’empressaient de la complimenter sur sa tenue, sur son discours, sur son diplôme et autres mondanités liées à l’événement. Puis elle s’empressa de rejoindre ses amis, Christophe, Alexandre et Betty qui discutaient avec Peter, Sam et Elisabeth.

– Ah voilà la star de la soirée, enfin elle daigne nous rejoindre, le taquina Sam.

– Il vaut mieux tard que jamais, et puis je vois que vous êtes bien occupés tous ensemble.

– Oui, finalement tous les français ne sont pas des mangeurs de grenouilles, dit en rigolant Peter.

– La bande des quatre va peut-être devenir la septième compagnie, proposa Elisabeth.

– Une excellente idée, et d’ailleurs nous pourrions profiter des prochaines vacances d’été pour faire quelque chose ensemble.

– Ce serait possible ou peut-être pour célébrer un mariage, annonça Betty.

– C’est vrai Peter et Elisabeth.

– Non plutôt Alexandre et Betty, lança Christophe.

– Pas possible, dit Céléna, vous aussi vous êtes des cachotiers.

Les discussions se poursuivirent, ponctuées de nombreux éclats de rire.

Céléna laissa ses amis, pour saluer les invités qui prenaient congés. Puis ce fut au tour d’Elisabeth, Peter et Sam de partir, travaillant le lendemain. Sam quant à lui, en profita pour raccompagner Christophe, Alexandre et Betty à l’hôtel où ils logeaient.

La salle semblait bien calme tout à coup, Céléna s’installa au piano et commença à jouer la valse préférait de papa et maman. Harold ne put s’empêcher de prendre la main de sa femme pour qu’elle se joigne à lui. Une fois le morceau terminé, maman s’approcha de Céléna avec un paquet bien imposant.

– Avec papa nous voulions t’offrir un cadeau.

– Vous en avez déjà fait beaucoup trop.

Céléna ne put attendre et déchira le papier. Elle fut sous le charme en un coup d’œil comme si elle venait d’entrer dans la toile. Pourquoi lui faisait-elle cette impression de déjà vécue ?

Céléna comprit tout de suite où voulait en venir maman. Ce tableau ressemblait à la photo qu’il y avait dans son album : ces premières vacances avec papa et maman sur la plage de Traigh Mhòr, elle avait cinq, papa lui avait offert un cerf-volant et elle courrait pieds nus sur le sable.

– Maman, il est tellement ressemblant.

– Oui et pourtant il n’est pas tiré de la photo, je ne connaissais pas l’artiste avant de la rencontrer, il y a quelques jours.

Harold s’installa à son tour au piano, Céléna était dans les bras de sa mère. Leurs cœurs battaient au rythme de Hiddens Falls. Harold admirait les deux femmes de sa vie et pensa tout à coup à l’artiste Olivia Conroy. Il prit son portable pour immortaliser l’instant, et s’il avait la chance de la rencontrer ce week-end à Saint Andrew, il lui demanderait de réaliser cette toile.

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