Chapitre 8 : Passage de témoin (Partie 2 : l’assureur)

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Isabel les regardait partir avec la même détermination dans leurs yeux. Ils n’étaient pas du même sang et pourtant en les voyant ainsi, ils se ressemblaient tant.

– Soyez prudents, pas de folie aujourd’hui.

Et ils reprirent en cœur.

– Promis.

Après s’être assurés que Rory allait bien, ils se dirigèrent vers la distillerie. Ils parcoururent l’allée des sapins, ceux qui étaient à gauche ne ressemblaient plus à grand-chose, juste le tronc et quelques branches à nue. Ceux de droite pourraient se relever de l’incendie.

En même temps qu’ils progressaient sur le chemin, Céléna prenait des photos et des notes. Elle avait besoin de garder une trace de ce qui s’était passé pour corriger les éventuelles erreurs à ne pas renouveler.

En passant devant la rangée de silos d’orge, les trois bâtiments n’étaient plus là, elle eut un mouvement de recul, et se retrouva dans les bras de papa qui se tenait derrière elle, comme si le toit s'effondrait à nouveau. Elle ne put retenir ses larmes.

Plus ils avançaient, plus leurs pas se ralentissaient. La distillerie semblait un phare, et eux deux marins qui s’en servaient de point d’ancrage. L’assureur quant à lui était déjà là, il les attendait devant la porte.

– Bonjour Monsieur Mac Graigh, mademoiselle.

– Bonjour Monsieur Lyod.

– Une dure nuit à ce que je peux en voir.

– Vous ne pensez pas si bien dire.

– Par où souhaitez-vous commencer ?

- Par discuter avec ma fille. C’est elle qui va travailler avec vous.

– Mais Monsieur Mac Graigh, elle…

– Elle sera parfaite, elle maitrise tout autant que moi tout ce qui a trait à nos affaires.

– Elle ne serait pas…

– Trop jeune, sûrement, pourtant j’ai toute confiance en elle.

– Oui mais elle…

– Elle est une experte vous voulez dire.

– Je ne voulais pas…

– Lui manquer de respect. Je comprends bien.

– Peut-être que nous devrions…

– Commencer, excellente idée.

– Non je voulais dire …

Céléna voyait l’assureur s’enliser sur un terrain glissant. Harold avait le sens de la répartie. Aussi décida-t-elle de s’en mêler et dit :

– Bon allez, laissons là les bavardages monsieur et mettons-nous au travail si vous le voulez bien.

Harold acquiesça et ajouta :

– Monsieur Lyod, ravi de vous avoir vu. De mon côté, j’ai quelques obligations. Aussi je vous laisse entre de bonnes mains. Et toi Céléna ne soit pas trop dure.

Céléna souriait, ce que monsieur l’assureur ne savait pas, c’était que les impératifs d’Harold étaient une sieste.

– Bien Monsieur Mac Graigh. Nous nous tiendrons au courant.

– J’attends les comptes rendus de ma fille et bien sûr les vôtres également.

Il tourna les talons et fila en direction de la maison.

– Mademoiselle Mac Graigh, ne pensez pas que je voulais vous exclure.

– Ne vous inquiétez pas, j’ai l’habitude d’être entouré d’hommes peu complaisants.

Monsieur Lyod suivit Céléna à l’intérieur de la distillerie. Le bureau de Céléna était composé ironie du sort, d’une grande table en bois de sapin blanc posée sur deux futs en chêne. Ils s’installèrent face à face, tous les documents étaient prêts. L’assureur ne s’était pas attendu à être dans un coin du bâtiment et il prit conscience que Céléna ne se laisserait pas faire.

– Je vous proposerai bien un petit darm de whisky mais cela ne me parait pas approprier. Aussi que préférez-vous, café, thé ou un verre d’eau ?

– Une tasse de thé, ça ira très bien.

Après avoir servi deux tasses, elle installa son portable et commença par les points qui ne lui semblaient pas très clairs. Céléna voulait des précisions, qui laissèrent Monsieur Lyod sans voix. Il ne s’était pas attendu à se retrouver en difficulté, il pensait à un rendez-vous formel, il se retrouva bête et sans réponses adéquates.

– Monsieur, est-ce que vous serez en mesure de me faire une proposition plus claire au niveau de ce contrat ?

– Oui, j’ai juste besoin de documents qui se trouvent à mon bureau. On peut dire pour la fin de semaine prochaine.

– Si vous estimez que vous avez besoin de tout ce temps, je suis disposée à vous le laisser. Cependant cela me semble un peu long. De notre côté, nous avons besoin de garanties. Vous comprendrez que nous avons des cahiers de commandes à honorer. Aussi ….

Céléna n’eut pas le temps de terminer sa phrase

– Je vais voir ce que je peux faire. Je vous en informe dès ce soir.

Il ne savait pas si elle bluffait, dans tous les cas, il ne pouvait pas prendre le risque de perdre un de ses clients principaux. En plus la famille Mac Graigh était connue et s’il venait à en parler cela pourrait faire boule de neige. Céléna le regardait, amusée. Elle savait qu’il était mal à l’aise, elle venait de remporter le premier set.

Ils firent le tour de la distillerie, au cours de la visite, le comportement de l’assureur se modifia. Il avait eu des doutes sur les aptitudes de la demoiselle, en discutant et en l’observant, il devenait moins suspicieux et se détendait appréciant sa compagnie.

Il avait toujours eu à faire avec Monsieur Mac Graigh, il réalisa qu’à partir de ce jour c’était avec Mademoiselle Mac Graigh qu’il devrait faire affaire. Céléna de son côté, se méfiait du petit bonhomme avec son chapeau rivé sur la tête et son costume noir mal taillé. Il était l’archétype de l’assureur que l’on pouvait voir dans certains films. Cependant elle croyait en la bonté des hommes. Elle devait elle-aussi apprendre à le connaître.

L’ampleur des travaux s’avéra bien plus important encore et les investissements devaient être vu avec précision.

– Bon, nous sommes donc d’accord, conclut Céléna.

– Oui. Je vous attends donc mercredi prochain à mon agence pour que nous finalisions tous les documents.

L’assureur s’éloigna et reprit sa voiture sous le regard amusé de Céléna, même la voiture était digne d’un vieux polar en noir et blanc. Elle retourna à son bureau, il y avait encore tant à faire. Assise devant son ordinateur, elle passait en revue l’album photo qu’elle avait réalisé avec Isabel et Rory pour les cinquante ans de son père. Ils avaient retrouvé des photos de la distillerie au cours de ce siècle, elle regrettait de ne pas pu retrouver des traces du siècle d’avant. Elle entendit un bruit et quelle ne fut pas sa surprise. Papa était là, il avait dans les mains une boite à gâteau en fer. Il la tenait comme un trésor qu’il venait de trouver.

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