Joseph replongea dans son journal, tout en souriant à cette dernière remarque, Mike de son côté fila en direction du pont pour prendre l’air et profiter des embruns. Il s’installa sur un transat, face à l’océan, il était encore tôt dans cette matinée, l’air était vivifiant. La traversée était calme, le ferry se laissait glisser, les oiseaux volaient autour comme pour guider sa progression. Installé sous son plaid, sans s’en rendre compte il s’assoupit.

L’agitation régnait autour de lui, des petites voix raisonnaient dans sa tête. Mike émergeait de son rêve, réalisant qu’il n’était pas dans son lit. Il avait à côté de lui, les triplés qui jouaient au ballon sous le regard attentif de leurs parents qui discutaient avec Olivia. Apparemment ils en avaient profité pour faire plus ample connaissance. Mais quelle heure pouvait-il être se demanda tout à coup Mike ? Il attrapa son portable qui était dans son blouson, celui-ci lui échappa au moment où le ballon atterrit sur ses genoux.

– Pardon monsieur ! lui dit un des triplés en reprenant le ballon.

– Pas de soucis mon grand, j’étais juste surpris.

Mike ramassa son téléphone et constata avec étonnement qu’il était bientôt huit heures, il n’allait pas tarder à débarquer à Ullapool.

– Ça va mon grand ? demanda Olivia

– Nous sommes déjà arrivés ? J’ai l’impression que cela fait à peine quelques minutes que nous sommes partis.

– Tu avais l’air de si bien dormir que nous n’avons pas voulu te déranger. Encore une fois tu avais besoin de sommeil.

– Je me sens tellement bien, sûrement l’air du large.

– Nous allons regagner la terre ferme, il nous reste encore cinq bonnes heures de voyage.

– Une bagatelle sur ces belles routes d’Ecosse.

Mike attrapa son blouson, au passage une enveloppe tomba de son blouson sans qu’il s’en aperçoive. Avec Olivia, ils partirent en direction de la voiture, ils avaient pris celle de Mike, elle était plus grande. Derrière eux des petits pas arrivaient en courant ainsi que des petites voix qui l’appelaient.

– Monsieur, monsieur, vous avez perdu quelque chose.

Un des triplés tendit l’enveloppe qu’il avait dans les mains.

– Merci bien jeune homme, dit Olivia.

Mike regarda le papier et son cœur se serra au contact de celui-ci sous le regard interrogateur d’Olivia.

– Non ne t’inquiète pas Mumy, ajouta rapidement Mike.

Olivia voyait que Mike semblait troublé, pas de la tristesse, juste comme si ses yeux trahissaient son émotion.

– Je reconnais cette enveloppe, tu l’avais hier en main quand nous étions à Garraman. C’est la lettre dont tu nous as parlé, celle que t’a donné Ophélie.

– Oui, c’est bien ça et je ne sais pas ce que je dois en faire. Je ne sais même pas pourquoi je l’ai remise dans mon blouson. Est-ce que je peux te la confier à mon tour ? Je ne voudrais pas la perdre.

– Si c’est important pour toi, je la garderais.

– Merci Mumy, je pense que cela me soulagerait de la savoir entre de bonnes mains, je m’en serais voulu de l’égarer. Si tu as un peu de temps et que tu en as envie, je pense que tu devrais la lire à ton tour. Ophélie m’a dit qu’elle l’avait réconfortée, et j’ai ressenti le même plaisir après l’avoir lu hier soir.

– Tu m’intrigues, je trouverais bien un moment dans le week-end pour en prendre connaissance.

Mike tendit l’enveloppe à Olivia qui la rangea aussitôt dans sa pochette à dessin. À l’intérieur se trouvait l’esquisse de la matinée, elle était déjà bien avancée et sur le côté était annoté un nom, trois prénoms et une adresse. Mike devina qu’Olivia avait dû récupérer les coordonnées de la petite famille pour leur faire parvenir la toile quand elle l’aurait terminée. Cela faisait partie de ce qu’il aimait le plus en elle, sa bienveillance et sa bonté pour ceux qui l’avaient touchée. Combien de fois avait-elle donné son tableau plutôt que d’en récolter un avantage financier ?