La jeune femme releva Joseph, et s’empressa de lui dire :

– Excusez-moi, je ne vous ai pas fait mal ?

– Non tout va bien, je ne m’attendais pas à ce que l’orage arrive aussitôt.

– Je suis vraiment désolée, est ce que je peux faire quelque chose pour me faire pardonner ?

– Votre sourire vient de le faire.

Et comme elle était apparue, elle venait de disparaitre.

Mike était déjà dehors, il n’avait aperçu la scène qu’au travers de la grande baie vitrée.

– Grand-Pa tout va bien ?

– Oui juste une bousculade, avec tout ce monde rien d’étonnant. Pas de mal ! Allons-y.

Les deux hommes partirent aussitôt, il était temps Mike de frapper la balle. Il observa le tableau de bord qu’il avait reçu, il allait partager ce premier tour avec deux pointures du golf. Il avait pour habitude de suivre leur parcours à la télévision, il espérait que le respect qu’il avait pour tous ces champions, ne le rendrait pas trop fébrile. C’est à ce moment précis que Joseph décida de le rappeler à l’ordre

– Arrête de te poser des questions et frappe.

Dès que Mike sentit l’impact du driver sur la balle, il fût parcouru par une décharge électrique, un frisson de plaisir, et il enchaîna les coups. Après une bonne quarantaine de minutes et trois paniers de balles utilisées, Joseph rangea les clubs.

– Je suis prêt, annonça Mike.

– Alors allons-y, ajouta Joseph.

Puis ils se présentèrent au départ du trou numéro un, un par quatre. Mike observait autour de lui, scrutant le moindre détail, il avait étudié le parcours, l’avait joué en tant qu’amateur deux fois déjà, et l’avait pratiqué pour la première fois lors de son premier voyage à Saint Andrews. Joseph et Olivia lui avaient offert cette belle expérience pour ses quinze ans. Il en connaissait les subtilités et pourtant certains éléments tel que le temps pouvait rapidement le rendre intraitable.

Le Old Course était le plus ancien et le plus connu des parcours du monde entier. Au travers des années une relation spéciale s’était développée entre le tournoi, la ville et ses habitants. Le Old Course était unique pour deux raisons. La première était sa longue histoire, car il était âgé tout de même de six cent ans. Et la seconde était que les golfeurs devaient y exécuter des coups qu’ils n’auraient jamais la possibilité de jouer sur d’autres terrains. Le parcours était plat et les greens gigantesques pouvant héberger deux trous, cent douze bunkers profonds et de nombreux coups à l’aveugles.

Mike était le troisième joueur de sa partie. Niemann et Rose avaient déjà joué, les deux se trouvant fort bien placés sur le fairway. Mike se positionna face à la balle comme si un lien invisible les unissait. Joseph après avoir échangé quelques mots avec lui, plus pour l’encourager que pour lui donner des indications spécifiques s’écarta.

Comme Olivia à quelques pas de là, installée dans le public, Joseph ne pouvait pas quitter son petit-fils des yeux. Son club s’éleva, la flexion de sa hanche et de sa colonne vertébrale au moment de l’impact était tellement fluide, qu’elle faisait de lui un athlète hors norme. Sa vitesse d’exécution était un de ses points forts, le driver s’abattit sur la balle, faisant voler le tee, et libérant le projectile dans le ciel menaçant de Saint Andrews. Le tournoi était lancé.