Il était six heures du matin. Mike était déjà bien réveillé. Il scrutait le plafond de sa chambre d’hôtel qui était agrémentée de moulures faites d'angelots qui semblaient lui sourire. Cette première journée tournait encore dans sa tête, il avait besoin de faire le vide. Les images de chacun de ses coups passaient en boucle. Ces premiers pas sur le tour professionnel avaient été exceptionnels. Il avait vibré, ressentant chacun de ses muscles se contractant et se relâchant à chaque coup.

Maintenant, s’il voulait pouvoir enchaîner, il se devait de récupérer, trop de ruminations en arrière ne l’aiderait pas. Enfin c’était plus facile à dire qu’à faire. Il se leva et saisit son carnet où il avait pris des notes au cours de l’après-midi. Relire ses quelques mots l’aida à se détendre. Il était moins trois sous le par, là où les coleaders étaient déjà à moins onze. Il était dans les trente premiers, ce qui était pour lui une belle performance. Il avait eu la chande de jouer la partie avec deux champions qui avaient terminé à moins cinq.

Son deuxième tour débutait en fin de matinée, il devait se présenter à onze heures et ferait la partie avec un jeune de vingt ans qui montait en puissance, venant du continent africain Wilco Nienaber. Ce serait surement un beau challenge, il était comme lui moins trois en dessous du par et surtout avait un drive exceptionnel.

En attendant, il n’avait plus sommeil, et surtout avait besoin de faire autre chose pour ne pas rester focalisé sur la prochaine épreuve. Il se leva, se doucha, s’habilla et installa son ordinateur. Il commença par étudier les plans du jardin, mais son esprit n’arrivait pas à rester focus sur son travail, alors il cliqua sur la retransmission télé de la première journée et s’amusa à observer chacun des athlètes du haut du tableau.

Quand il s’aperçut que c’était lui qui était à l’écran, il écouta avec curiosité les commentaires des journalistes et apprécia la justesse de leur propos. Finalement ce qui lui tardait, c’était de pouvoir retourner au plus vite sur les greens, pour corriger ses erreurs. Le souci c’était à peine sept heures trente du matin, seulement les employés de l’hôtel étaient déjà en action. Son ventre gargouillait, il avait faim aussi il décida de descendre voir si le buffet du petit déjeuner était ouvert.

À peine eut-il franchi la porte qu’il découvrit Joseph, une tasse de thé à la main et le journal dans l’autre.

– Mike, je me doutais que tu n’allais pas tarder.

– Grand-Pa, tu me connais trop bien.

– J’ai commandé le petit déjeuner si ça te va. Et j’ai aussi demandé que l’on nous prépare un encas pour que tu puisses tenir la journée.

– Merci. Mumy dort encore ?

– Non, elle avait plusieurs rendez-vous ?

– Aussitôt !

– Oui, elle voulait voir le soleil se lever sur le golf et avait une esquisse en cours. Puis elle devait retrouver Mme Mac Graigh pour l’aider à préparer son gala.

Il s’installa à côté de son grand-père, qui lui fit un résumé des plus précis de la situation. Il avait étudié les classements et surtout avait ajouté des annotations sur une serviette en papier.

– Bon, tout est jouable, la météo devrait nous être favorable, ensoleillée et peu venteuse.

– Oui un temps idéal pour tous les champions présents sur le parcours, dit en plaisantant Mike.

– Si déjà le temps ne se ligue pas contre nous, ce sera toujours ça de moins.

– Tu as bien raison.

– Tu penses quoi de ton adversaire du jour ?

– Un compétiteur qui va m’obliger à rester attentif pendant dix-huit trous.

Ils poursuivirent leur discussion avec entrain, les clients arrivaient petit à petit, rendant l’espace bien plus animé. Une fois le festin engloutit, le joueur et son caddie partirent rejoindre le Old Course, ils décidèrent de profiter de la douceur matinale pour se rendre à pied sur le site. C’était aussi une façon sympathique de s’imprégner de l’atmosphère.

Sur le chemin, ils croisèrent de nombreux fans qui étaient très respectueux, laissant les joueurs à leur concentration et se contentant de prendre des photos par ci, par là. Mike n’avait pas l’habitude d’une telle effervescence, les tournois auquel il participait, étaient prisés, mais le public moins nombreux.

Des journalistes, des télévisions du monde entier étaient présentes, et quelques célébrités étaient annoncées pour le week-end. Comment ne pas se laisser griser par tout ce faste ? Pourtant pour ne pas tomber dans les travers d’un tel événement, il fallait rester dans sa bulle. Enfin pas trop non plus, si on ne voulait pas être catalogués : sportifs peu sympathiques, pas disponibles. Mike ne s’en inquiétait pas plus que ça, il y avait des pointures au-dessus de lui qui seraient attirés les médias à eux.